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NOTES DIVERSES (63) - Page 5

  • Voir la peinture autrement

         

         Raconter la peinture est le thème essentiel des récits publiés sur ce blog. Dans ces courtes fictions, j'ai souhaité faire connaissance avec ces hommes et ces femmes qui ont fait l’histoire de l’art. Ainsi, je les observe peindre et vivre, et tente de porter un autre regard sur ces artistes et leurs œuvres. 

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  • Si on lisait ?

     

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    Pierre Auguste Renoir - La liseuse, 1876, musée d'Orsay, Paris

     

    Et si vous lisiez…

         Je sais ce que vous allez me dire : votre bibliothèque est pleine de livres. Vous aimez leur odeur poussiéreuse, savant cocktail de papiers défraîchis, d’imprimerie vague, de reliures jaunies par le temps. Vous défaillez de plaisir lors de vos recherches dans les rayons, une jouissance ineffable vous envahit lorsque, tournant lentement les pages, vous palpez sous vos doigts la texture de la feuille. Puis… vos livres ont une histoire : des achats coup de cœur sur les quais de la Seine, le Diderot déniché dans le grenier du grand-père, le cadeau du cousin Paul… Bref, vous ne pouvez vous passer de vos compagnons de solitude.

         Vous vous demandez alors pourquoi je vous conseille bêtement de lire ? J’y viens…

     

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  • Concours de nouvelles « Quatre Lignes »

     

          J’avais hésité longtemps…

          Depuis plusieurs années, je publiais sur mon blog des récits, nouvelles courtes liées à ma passion pour la peinture, contées sur le ton de la fiction romanesque. J’avais également publié deux récits plus longs, romancés, inspirés par la vie et l'oeuvre des grands peintres hollandais Vincent Van Gogh et Johannes Vermeer.

          J’avais remarqué cette deuxième édition du concours de nouvelles « Quatre Lignes » sur le site de Patrick Fort « Lire, Ecrire, En parler ». La lauréate de la première édition avait été Sandrine Virbel avec son excellente nouvelle « Abattez les grands arbres ». Patrick Fort organisait le concours, conjointement avec les « Editions Le Solitaire » et le site « Les Scribouilles ».

          Je m’étais interrogé : « Qu’irais-je faire dans un concours de nouvelles ? »

          J’avais fini par me laisser tenter. J’avais remanié et rallongé une de mes nouvelles anciennes illustrant des toiles du peintre Auguste Renoir, lui avais donné pour titre « Rose », et l’avais envoyée.

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  • Mon quinquennat

     

          Le soleil pénètre déjà, mince filet lumineux encadrant la porte qui s’ouvre sur le jardin. J’ouvre les volets de la maison. Un vacarme mélodieux m’envahit les tympans. J’avais l’impression que tous les oiseaux de la région s’étaient donnés rendez-vous devant ma fenêtre pour une aubade matinale.

          Je m’installe à mon bureau. Je venais de m’apercevoir que j’avais complètement oublié un anniversaire… le mien... Mon blog avait atteint, le 17 mars dernier, l’âge respectable de 5 années. Un quinquennat… Un petit bilan serait le bienvenu, pensai-je…

     

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  • Le Luberon

     

     

          Que diriez-vous d’un balade dans le Lubéron ? Oui ? Alors suivez-moi !

     

          La Provence… Cette région du sud-est de la France, nichée entre mer et montagne, évoque tant de choses : un soleil que les gens du Nord jalouse, des parfums de lavande, le crissement des cigales, des villages de cartes postales, d’innombrables vestiges romains, l’accent coloré des habitants, et puis cette mer aux mille nuances de bleus et de verts que la lumière modifie sans cesse.

          Cette terre de douceur m’attire irrésistiblement presque tous les ans. Je réside loin d’elle, mais je sens, lorsque j’y vais, que je suis chez moi dans cette région. Quelque chose d’agréable s’agite au fond de moi et je suis bien.

          Je la connais d’Ouest en Est cette Provence : elle étire un vaste panorama qui part de la Camargue et son univers de flamands roses, taureaux noirs et chevaux blancs, suit les pas hallucinés de Van Gogh entre Arles et Saint-Rémy-de-Provence, s’accroche aux calanques sauvages nichées entre Marseille et Cassis, et se termine non loin de la montagne Sainte-Victoire, immortalisée par Cézanne, à Aix-en-Provence.

          Enfin… je croyais bien la connaître cette Provence ! Pourtant, une zone de paysages accidentés située en plein cœur de celle-ci m’était inconnue : le Luberon, parc naturel régional, à mi-chemin entre les Alpes et la Méditerranée, une barrière montagneuse parsemée de villages hauts perchés, ravins profonds, falaises ocrées, collines calcaires et maisons de pierre sèche.

          Un séjour récent m’a permis de faire enfin connaissance avec ce Luberon. J’ai été séduit. Mon appareil photo a rarement autant chauffé. Je vous propose de partager avec moi quelques-uns des meilleurs clichés que j’ai ramenés dans mes bagages.

      

     

    GORDES

     

          Il faut reconnaître que lorsque l’on se trouve face à cette ville qui touche le ciel, avec ses pierres patinées par le temps, on sait de suite qu’il s’agit d’un des plus beaux villages de France.

     

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          D’ailleurs, un cycliste qui passait sur la route faillit bien se flanquer par terre devant ce spectacle.

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          En marchant dans les ruelles pavées du village, de nombreuses échappées entre les maisons s’ouvrent sur la montagne qui lui fait face. Il doit faire bon vivre à cet endroit, m’étais-je dit.

     

     

     

     

     

     LE VILLAGE DES BORIES

     

          Proche de Gordes, j’ai passé un long moment dans l’original village des Bories.

          L’origine de ces habitations remonterait aux Ligures qui peuplaient la région plusieurs siècles avant notre ère. Dans le pays, on appelait familièrement ces curieuses maisons bâties en pierres sèches, sans mortier, des « cabanes gauloises ».

          Ces habitats traditionnels ont traversé le temps puisqu’ils furent habités constamment à diverses époques jusqu’au début du 19e siècle.

     

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          luberon,provence,gordes,bories,saignon,rustrel,roussillonCurieux, je suis entré dans toutes les maisons composant ce village minéral construit avec des pierres trouvées sur place : feuilles de calcaire se détachant du rocher ou pierres des champs. On les appelait « Lauzes ». D’environ 10 centimètres d’épaisseur, elles étaient assemblées sur plusieurs rangs de plaquettes afin de former des murs épais.

          D’aspect ovoïdes ou carrées, ces maisons neluberon,provence,gordes,bories,saignon,rustrel,roussillon comportent le plus souvent qu’une seule pièce et une ou deux étroites ouvertures. A l’intérieur, des cavités aménagées dans l’épaisseur des murs servent de placards ou de rangements. Le plus étonnant est que la température y demeure constante en toutes saisons.

     

     

     

     

           Cette vaste aire à l'entrée du village servait à battre le blé ou, parfois, les jours de fêtes, à danser.

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          Remise à outils ou cellier

     

     

     

     

     

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                                                                               Une bergerie.

     

     

     

     

     

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          Un four à pain qui semble encore prêt à servir.

     

     

     

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          On stockait également le vin.

     

     

     

     

     

     

          luberon,provence,gordes,bories,saignon,rustrel,roussillonJ’imagine quelques habitants du village assis sur ce banc le soir, après leur journée de travail, humant le souffle du mistral avant de rentrer à l’abri de leur cabane pour la nuit.

     

     

     

     

    SAIGNON

     

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           Autre village haut perché dont le rocher déchiqueté par le vent laisse apparaître le cône pelé du Mont Ventoux au loin.

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          Un moulin à huile troglodytique que le temps a difficilement conservé.

     

     

     

     

     

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          On peut toujours rêver ! Ma femme tente vainement de pousser avec ses petits bras cet immense rocher. L’homme paraît bien fragile face à la nature…

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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          Quelques fleurs sauvages apportent une note colorée dans ce décor sévère.

     

     

     

     

     

            Ouf ! Une charmante placette, au cœur du village, nous apporte un rafraîchissementluberon,provence,gordes,bories,saignon,rustrel,roussillon mérité.

     

     

     

     

     

     

     

     

    LE PONT-JULIEN

     

          luberon,provence,gordes,bories,saignon,rustrel,roussillonJe ne sais de quelle nationalité était ce couple de jeunes touristes. Allemand ? Peut-être hollandais ? J’étais seul avec eux au pied de ce pont romain, vestige de l’antique voie Domitienne. Ils me tendirent leur minuscule appareil numérique : « Merci ! Photo de nous devant pont ! Appuyez ici ! ». Ce fut vite expédié : un cliché en largeur montrant le pont en entier, un autre dans le sens de la hauteur cadrant le couple tendrement enlacé, un sourire béat les unissant. « Très beau ! Merci !dirent-ils, satisfaits d’avoir été  immortalisés devant cette ruine ancestrale. »

          J’en profitai, avant de partir, pour garder, moi aussi, un souvenir de ce pont sous lequel coule le Coulon, ce jour là à sec, dont le débit d'eau peut être très important, occasionnant de fortes crues. Je le trouvais encore bien conservé malgré ses 2000 ans.

     

     

       L’ABBAYE DE SENANQUE

     

          Ce lieu m'a laissé une sensation d’enchantement !

     

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           Niché dans un vallon loin du bruit de la civilisation, ce monastère, fondé en 1148, est un témoin de l’architecture cistercienne primitive.

          En fin de journée, une lumière mystique l’enveloppait. La lavande envoyait des tonalités violines sur les murs gris.

     

     

    LE COLORADO DE RUSTREL

     

          Un western !

          On se serait cru dans ces vieux films en technicolor tournés dans des régions désertiques et poussiéreuses de l’Amérique d’autrefois. J’ai même cru, un instant, apercevoir la tête d’un indien derrière une colline, puis disparaître, certainement pour prévenir sa tribu de notre présence. Heureusement, mon scalp est encore sur ma tête !

     

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              La jeune femme au centre paraît bien seul dans ce décor sauvage.

      

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    L’ocre est une substance mystérieuse. Ce Colorado à Rustrel nous renvoyait des couleurs somptueuses : du jaune le plus lumineux au rouge le plus profond, en passant par toutes les teintes intermédiaires d’orangés.

          Au coeur du massif des ocres du Lubéron, ce site est grandiose. Ancienne carrière à ciel ouvert, il fut industrialisé au 19e et 20e

          Devant moi, s’unissaient l’émouvant résultat de l’activité humaine de plusieurs générations d’ocriers et l’érosion de la nature.

     

     

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          Un désert de sable : sorte de Sahara blanc coincé entre des pics aux formes fantastiques verdoyants ou rougeâtres.

     

     

     

     

     

     

     

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          Ne se croirait-on pas sur les pentes d’un glacier ?

     

     

     

     

     

     

     

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         Etranges cheminées ? 

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    LE VILLAGE DE ROUSSILLON

     

          J’ai gardé ce village perché pour la fin. Il ne peut qu’inspirer les peintres.

          Cette fois, les humains ont utilisé la vivacité des couleurs de l'ocre pour en badigeonner les murs de leurs maisons. Le résultat est somptueux.

     

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           L’entrée du village me rappelle le Colorado que je viens de quitter.

     

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          Les maisons entremêlées révèlent une palette de couleurs chaudes, toutes en nuances, composant un tableau de rêve.luberon,provence,gordes,bories,saignon,rustrel,roussillon  

     

     

     

     

     

     

                                                           Ruelles 

     

     

     

     

     

     

              Maisons pittoresques.

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           Au-dessus du balcon de la mairie, l'ombre des drapeaux s'empourpre au contact de l'ocre rosé.

     

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          Un clocher, planté dans un ciel d’un bleu profond, indique encore l’heure de mon passage.

     

     

     

     

     

     

     

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          La star du village ! Cette porte ancienne peinte par un artiste était mitraillée sous tous les angles. J’ai même failli en venir aux mains avec un touriste japonais qui s’obstinait à monopoliser l’image de la porte avec sa petite amie plantée devant.

     

          Il restait beaucoup de choses à explorer dans cette superbe région. Je n’en ai pas eu le temps. Néanmoins, je pense avoir montré un aperçu intéressant de la richesse de ce petit coin de Provence dont on ne parle pas assez.

          Avant de vous quitter, je vous offre en prime :

     

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           Un lever de lune sur le Lubéron.

     

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           Un coucher de soleil au même endroit.

     

     

           Le Lubéron vous a plu ?  Venez le voir. Vous ne serez pas déçu.

     

                                                                                             Alain

     

    Ce lien peut vous en apprendre plus sur le Luberon : https://www.destinationluberon.com/decouvrir/les-incontournables/village-des-bories

     

     

     

  • Un brin de bonheur

     

     

          muguet.jpgIl est enfin arrivé ! Je veux parler du muguet annonciateur de douceur et d'escapade aérée.

          Je suis heureux de vous offrir quelques clochettes du jardin. Ce n'est que du muguet virtuel mais je pense que ces petits brins graciles vous feront plaisir.

          Un bon mois est passé depuis que j'ai quitté, à regret, Vincent Van Gogh le long d'un champ de blé. Il me manque... Ces deux mois passés en sa compagnie à Auvers-sur-Oise m'ont mangé pas mal d'énergie visuelle et cela m'incite à souffler un peu.

          Ce problème de santé oculaire va me contraindre durant ce l'on appelle « la belle saison » à me faire plus rare sur le blog.

          Néanmoins, pas d'inquiétude, mon cerveau fonctionne parfaitement et j'ai des idées. Mon grand ami Johannes Vermeer, et aussi beaucoup d'autres peintres, taquinent mes pensées. J'attendrai donc de pouvoir les côtoyer à nouveau dans une condition physique optimale.

          Je ne vous oublie pas et je continuerai à fréquenter assidûment vos blogs.

          A bientôt

     

     

                                                                               Alain

     

  • A Jean, le poète

     

     
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    JEAN FERRAT

     

     

          La mort d'un poète est toujours une perte pour l'humanité.

          Nous n'entendions plus assez cette voix chaude, ce timbre clair, cette musique lumineuse et ces textes tendres, provocateurs parfois. Jean Ferrat était un homme discret, pudique, engagé, retiré dans l'Ardèche depuis quarante ans, loin des paillettes du monde médiatique.

          J'ai ressenti le besoin de réécouter des anciennes cassettes que je possédais. Je partage avec vous quelques bouts de refrains et phrases dont je dépose les mots en vrac :

     

    Pour les enfants des temps nouveaux

    Restera-t-il un chant d'oiseau

     

    Ils s'appelaient Jean-Pierre Natacha ou Samuel

    Certains priaient Jésus Jéhovah ou Vichnou

    D'autres ne priaient pas mais qu'importe le ciel

    Ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux

     

    Je twisterais les mots s'il fallait les twister

    Pour qu'un jour les enfants sachent qui vous étiez

     

    Et c'était comme si tout recommençait 

    La vie l'espérance et la liberté

    Avec le merveilleux le miraculeux voyage

    De l'amour

     

    Ma môme elle joue pas les starlettes

    Elle met pas des lunettes de soleil

    Elle pose pas pour des magazines

    Elle travaille en usine

    A Créteil

     

    Pourtant que la montagne est belle

    Comment peut-on s'imaginer

    En voyant un vol d'hirondelle

    Que l'automne vient d'arriver

     

    Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre

    Que serais-je sans toi qu'un cœur au bois dormant

    Que cette heure arrêtée au cadran de la montre

    Que serais-je sans toi que ce balbutiement

           

    Au grand soleil d'été

    Qui court de la Provence

    Des genets de Bretagne

    Aux bruyères d'Ardèche

    Quelque chose dans l'air a cette transparence

    Et ce goût du bonheur qui rend ma lèvre sèche

    Ma France

     

     M'en voudrez-vous beaucoup

    Si je vous dis un monde

    Où celui qui a faim va être fusillé

    Le crime se prépare et la mer est profonde

    Que face aux révoltés montent les fusillés

    C'est mon frère qu'on assassine

    Potemkine

     

    Enfin enfin je te retrouve

    Toi qui n'avais jamais été

    Qu'absente comme jeune louve

    Ou l'eau dormant au fond des douves

    S'échappant au soleil d'été

    Tu peux m'ouvrir cent fois les bras

    C'est toujours la première fois

     

    Faut-il pleurer faut-il en rire

    Fait-elle envie ou bien pitié

    Je n'ai pas le cœur à le dire

    On ne voit pas le temps passer

     

    Aimer à perdre la raison

    Aimer à n'en savoir que dire

    A n'avoir que toi d'horizon

    Et ne connaître de saison

    Que par la douleur du partir

    Aimer à perdre la raison

     

    Tu aurais pu vivre encore un peu

    Mon fidèle ami mon copain mon frère

    Au lieu de partir seul en croisière

    Et de nous laisser aux chiens galeux

    Tu aurais pu vivre encore un peu

     

     

    Au revoir Jean, nous ne t'oublierons pas

     

     

  • Le sang des chaînes

     

     

    Une aide bien modeste...

    Je suis heureux de participer à faire connaître un blog dont le propriétaire vient de publier son premier recueil de nouvelles - Le sang des chaînes - le 17 août dernier.

    Je m'attarde parfois à lire ses nouvelles et descriptions de paysages qui expriment toujours une grande sensibilité.

    C'est de la belle écriture comme je l'aime.

    Le lien que je fais sur l'article qu'il a écrit le jour de la publication du livre vous permettra de faire connaissance :

    Pat de bigorre

     

                                                                                                                     Alain                           

     

  • Ode aux femmes

     

    Je ne peux résister au plaisir de faire connaître un blog de talent qui publie régulièrement des écrits d'une grande sensibilité poétique qui me touchent souvent :

     http://bullesetmots.blogspot.com/

     Elle ne m'en voudra certainement pas de vous montrer le dernier texte qu'elle vient de publier qui est un hommage vibrant à toutes les femmes :

     

    A toutes les femmes ...

    A mère, à ma grand-mère, qui furent les premières femmes de ma vie, sans doute mes références, malgré d’autres envies …

    A ma fille, ma petite fée, mon autre moi-même, ma presque réincarnation, mon prolongement, mon espoir en demain …

    A ma belle-fille, qui m’a donné mon autre petite merveille, mon bébé sourire, ma princesse de l’aurore, promesse de vie …

    A mes amies, celles qui cheminent avec moi depuis longtemps, celles que j’ai perdu en cours de route, celles qui ont traversé ma vie en laissant leur trace, celles que je rencontrerai encore …

    A celles qui ont déjà pris l’ascenseur vers les petits nuages blancs, mais reviennent souvent, fantômes légers, hanter les allées de ma mémoire …

    A mes institutrices et mes professeurs, qui m’ont fait découvrir la beauté des mots, le pouvoir de la lecture, la paix studieuse des bibliothèques …

    A ces relations dites virtuelles, qui parfois sont plus proches de moi que des voisins …


    A ces cuisinières qui ont inventé ou collectionné toutes ces recettes que j’aime expérimenter …

    A celles qui ont été des pionnières et à celles qui timidement suivent le mouvement …
    A celles que j’apprécie et à celles que je ne sais pas apprécier …

    A mes collègues passées et présentes avec qui je partage les joies et les peines de mon travail …

    A toutes ces inconnues qui offrent leur sourire, leur bonne humeur, leur aide bénévole …

    A toutes les filles tendres et fortes, féministes et féminines de mon entourage … à celles qui se battent pour leurs sœurs … à celles qui les réconfortent …

    A toutes celles qui ont moins de chance, qui connaissent la guerre, la misère, la violence, le deuil, le malheur … à celles là, tout particulièrement …

    A toutes les femmes qui sont sur la brèche au quotidien, du matin au soir … qui aiment, qui nourrissent, qui lavent, qui travaillent, qui rient, qui pleurent, qui lisent, qui s’amusent, qui éduquent, qui vivent … tous les jours et pas seulement le 8 mars …

    A vous toutes, je dis : JE VOUS AIME !!!


    SW

     

     

  • Un poète ne meurt jamais...

     

    Pour mon ami Daniel, habitant de Fort-de-France, et à tous les amoureux de poésies.

    Merci Aimé Césaire

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    Extraits du Cahier d’un retour au pays natal – Aimé Césaire

    Partir.
    Comme il y a des hommes-hyènes et des hommes-
    panthères, je serais un homme-juif
    un homme-cafre
    un homme-hindou-de-Calcutta
    un homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas

    l'homme-famine, l'homme-insulte, l'homme-torture
    on pouvait à n'importe quel moment le saisir, le rouer
    de coups, le tuer - parfaitement le tuer - sans avoir
    de compte à rendre à personne sans avoir d'excuses à présenter à personne
    un homme-juif
    un homme-pogrom
    un chiot
    un mendigot

    mais est-ce qu'on tue le Remords, beau comme la
    face de stupeur d'une dame anglaise qui trouverait
    dans sa soupière un crâne de Hottentot ?

     

    Je retrouverais le secret des grandes communications et des grandes combustions. Je dirais orage. Je dirais fleuve. Je dirais tornade. Je dirais feuille. Je dirais arbre. Je serais mouillé de toutes les pluies, humecté de toutes les rosées. Je roulerais comme du sang frénétique sur le courant lent de l'oeil des mots
    en chevaux fous en enfants frais en caillots en couvre-feu en vestiges de temple en pierres précieuses assez loin pour décourager les mineurs. Qui ne me comprendrait pas ne comprendrait pas davantage le rugissement du tigre.
    Et vous fantômes montez bleus de chimie d'une forêt de bêtes traquées de machines tordues d'un jujubier de chairs pourries d'un panier d'huîtres d'yeux d'un lacis de lanières découpées dans le beau sisal d'une peau d'homme j'aurais des mots assez vastes pour vous contenir
    et toi terre tendue terre saoule
    terre grand sexe levé vers le soleil
    terre grand délire de la mentule de Dieu
    terre sauvage montée des resserres de la mer avec
    dans la bouche une touffe de cécropies
    terre dont je ne puis comparer la face houleuse qu'à
    la forêt vierge et folle que je souhaiterais pouvoir en
    guise de visage montrer aux yeux indéchiffreurs des hommes

     

     

     

     Il me suffirait d'une gorgée de ton lait jiculi pour qu'en toi je découvre toujours à même distance de mirage - mille fois plus natale et dorée d'un soleil que n'entame nul prisme - la terre où tout est libre et fraternel, ma terre.

    Partir. Mon coeur bruissait de générosités emphatiques. Partir... j'arriverais lisse et jeune dans ce pays mien et je dirais à ce pays dont le limon entre dans la composition de ma chair : « J'ai longtemps erré et je reviens vers la hideur désertée de vos plaies ».

    Je viendrais à ce pays mien et je lui dirais : « Embrassez-moi sans crainte... Et si je ne sais que parler, c'est pour vous que je parlerai ».
    Et je lui dirais encore : « Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n'ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s'affaissent au cachot du désespoir. »

    Et venant je me dirais à moi-même : « Et surtout mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous croiser les bras en l'attitude stérile du spectateur, car la vie n'est pas un spectacle, car une mer de douleurs n'est pas un proscenium, car un homme qui crie n'est pas un ours qui danse... »

     

    Eia pour la joie
    Eia pour l'amour
    Eia pour la douleur aux pis de larmes réincarnées

    Et voici au bout de ce petit matin ma prière virile
    que je n'entende ni les rires ni les cris,
    les yeux fixés sur cette ville que je prophétise, belle

    donnez-moi la foi sauvage du sorcier
    donnez à mes mains puissance de modeler
    donnez à mon âme la trempe de l'épée
    je ne me dérobe point. Faites de ma tête une tête de proue
    et de moi-même, mon cœur, ne faites ni un père, ni un frère
    ni un fils, mais le père, mais le frère, mais le fils,
    ni un mari, mais l'amant de cet unique peuple.

    Faites-moi rebelle à toute vanité, mais docile à son génie
    comme le poing à l'allongée du bras !
    Faites-moi commissaire de son sang
    faites-moi dépositaire de son ressentiment
    faites de moi un homme de terminaison
    faites de moi un homme d'initiation
    faites de moi un homme de recueillement
    mais faites aussi de moi un homme d'ensemencement

    faites de moi l’exécuteur de ces œuvres hautes

    voici le temps de se ceindre les reins comme un vaillant homme

    Mais les faisant, mon cœur, préservez-moi de toute haine
    ne faites point de moi cet homme de haine pour qui je n'ai que haine
    car pour me cantonner en cette unique race
    vous savez pourtant mon amour tyrannique
    vous savez que ce n'est point par haine des autres races
    que je m'exige bêcheur de cette unique race
    que ce que je veux
    c'est pour la faim universelle
    pour la soif universelle
    la sommer libre enfin

    de produire de son intimité close
    la succulence des fruits.

     

     ******

     

    Ferrements - Aimé Césaire

     

    mon peuple

    quand
    hors des jours étrangers
    germeras-tu une tête tienne sur tes épaules renouées
    et ta parole

    le congé dépêché aux traîtres
    aux maîtres
    le pain restitué la terre lavée
    la terre donnée

    quand
    quand donc cesseras-tu d'être le jouet sombre
    au carnaval des autres
    ou dans les champs d'autrui
    l'épouvantail désuet

    demain
    à quand demain mon peuple
    la déroute mercenaire
    finie la fête

    mais la rougeur de l'est au coeur de balisier

    peuple de mauvais sommeil rompu
    peuple d'abîmes remontés
    peuple de cauchemars domptés
    peuple nocturne amant des fureurs du tonnerre
    demain plus haut plus doux plus large

    et la houle torrentielle des terres
    à la charrue salubre de l'orage

     

    ******

     

    Calendrier Lagunaire in Moi, Laminaire – Aimé Césaire

    J’habite une blessure sacrée
    j’habite des ancêtres imaginaires
    j’habite un vouloir obscur
    j’habite un long silence
    j’habite une soif irrémédiable
    j’habite un voyage de mille ans
    j’habite une guerre de trois cent ans
    j’habite un culte désaffecté
    entre bulbe et caïeu j’habite l’espace inexploité
    j’habite du basalte non une coulée
    mais de la lave le mascaret
    qui remonte la calleuse à toute allure
    et brûle toutes les mosquées
    je m’accommode de mon mieux de cet avatar
    d’une version du paradis absurdement ratée
    -c’est bien pire qu’un enfer-
    j’habite de temps en temps une de mes plaies
    chaque minute je change d’appartement
    et toute paix m’effraie

    tourbillon de feu
    ascidie comme nulle autre pour poussières
    de mondes égarés
    ayant crachés volcan mes entrailles d’eau vive
    je reste avec mes pains de mots et mes minerais secrets

    j’habite donc une vaste pensée
    mais le plus souvent je préfère me confiner
    dans la plus petite de mes idées

    ou bien j’habite une formule magique
    les seuls premiers mots
    tout le reste étant oublié
    j’habite l’embâcle
    j’habite la débâcle
    j’habite le pan d’un grand désastre
    j’habite souvent le pis le plus sec
    du piton le plus efflanqué-la louve de ces nuages-
    j’habite l’auréole des cétacés
    j’habite un troupeau de chèvres tirant sur la tétine
    de l’arganier le plus désolé
    à vrai dire je ne sais plus mon adresse exacte
    bathyale ou abyssale
    j’habite le trou des poulpes
    je me bats avec un poulpe pour un trou de poulpe

    frères n’insistez pas
    vrac de varech
    m’accrochant en cuscute

    ou me déployant en porona
    c’est tout un
    et que le flot roule
    et que ventouse le soleil
    et que flagelle le vent
    ronde bosse de mon néant

    la pression atmosphérique ou plutôt l’historique
    agrandit démesurément mes maux
    même si elle rend somptueux certains de mes mots

     

    ******


     Prophétie - Aimé Césaire

     

     

    là où l'aventure garde les yeux clairs
    là où les femmes rayonnent de langage
    là où la mort est belle dans la main comme un oiseau
         saison de lait
    là où le souterrain cueille de sa propre génuflexion un luxe
         de prunelles plus violent que des chenilles
    là où la merveille agile fait flèche et feu de tout bois

    là où la nuit vigoureuse saigne une vitesse de purs végétaux

    là où les abeilles des étoiles piquent le ciel d'une ruche
         plus ardente que la nuit
    là où le bruit de mes talons remplit l'espace et lève
         à rebours la face du temps
    là où l'arc-en-ciel de ma parole est chargé d'unir demain
         à l'espoir et l'infant à la reine,

    d'avoir injurié mes maîtres mordu les soldats du sultan
    d'avoir gémi dans le désert
    d'avoir crié vers mes gardiens
    d'avoir supplié les chacals et les hyènes pasteurs de caravanes

    je regarde
    la fumée se précipite en cheval sauvage sur le devant
         de la scène ourle un instant la lave de sa fragile queue
         de paon puis se déchirant la chemise s'ouvre d'un coup
         la poitrine et je la regarde en îles britanniques en îlots
         en rochers déchiquetés se fondre peu à peu dans la mer
         lucide de l'air
    où baignent prophétiques
    ma gueule
              ma révolte
                   mon nom.