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peinture

  • Rembrandt et Bethsabée

     

    Rembrandt, Bethsabée, Hollande,

    Rembrandt – Bethsabée au bain, 1654, Louvre

     

    « On ne peut voir un Rembrandt sans croire en Dieu », écrit Vincent Van Gogh à son frère Théo

    Historienne de l’art et conférencière des Musées Nationaux, Marie-Laure Ruiz-Maugis est fascinée depuis longtemps par la grande toile « Bethsabée au bain tenant la lettre de David » que l’on découvre au Louvre dans la salle unique destinée aux œuvres de Rembrandt. Après avoir participé en 2005 à un documentaire télévisé sur « Les héroïnes de la Bible dans la peinture », elle a attendu la restauration récente de la toile pour écrire ce petit essai « Rembrandt et Bethsabée », interprétation personnelle sur le tableau de Rembrandt dans l’histoire de l’art :

    https://editionsmacenta.fr/

     

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  • Claude Monet est amoureux

     

    peinture, claude monet, camille monet, impressionnisme

     

    Claude Monet est amoureux. Il peint sa femme, Camille, avec une ombrelle : « l’artiste pense qu’il est en train de réaliser la plus belle des images de sa compagne : instant fugace d’un regard de peintre qui s’attarde à contempler l’indiscrétion du souffle de l’air dans la voilette de sa femme et son hardi mouvement de hanche. »
    Cannetille, chroniqueuse sur Babelio m’a offert la belle critique ci-dessous :
     
     
    Cannetille
    17 novembre 2023
    En couverture dans le tableau La promenade, elle semble avoir soudain pris conscience de notre présence et, dans un mouvement vif, se retourne pour nous fixer, comme par-delà le temps. Claude Monet l'a saisie il y a un siècle et demi en ce bref instant suspendu : va-t-elle ensuite poursuivre son chemin, sa silhouette dansante s'amenuisant peu à peu dans le lointain, ou nous attendra-t-elle pour nous donner le bras le temps d'un bout de chemin en sa compagnie ? Alain Yvars a pris les devants. C'est lui qui nous convie à une promenade auprès de l'ombre fugace de Camille, le temps de retracer son parcours d'épouse et de muse du grand peintre, comme l'on feuilletterait un album dont les photographies ne seraient autres que les tableaux qu'elle inspira.


    D'emblée l'émotion est au rendez-vous, avec pour première image Camille peinte sur son lit de mort, ombre déjà floutée par les tonalités pâles et bleutées du tableau, tout enveloppée d'un flot de tulle comme une mariée. Nous voilà ramenés au cycle de toute vie humaine, qui finit là où elle a débuté, avec cette universelle question : « se pouvait-il qu'un grand bonheur puisse s'envoler, cesser d'exister ? » Dès lors, le récit s'engage dans une rétrospective intime, remontant là où tout a commencé, quand Camille n'avait que dix-huit ans et rencontrait Monet, balayant une décennie conjugale ponctuée de deux enfants et de bien davantage de chefs d'oeuvre picturaux, et revenant boucler le cycle avec les obsèques de la jeune femme, morte à trente-deux ans d'un cancer.
     



    Hormis les tableaux où elle figure, peints par Monet mais aussi par Renoir et Manet, presque rien ne subsiste de Camille Doncieux, la jalousie d'Alice Hoschedé, la seconde épouse Monet, ayant mené à la destruction des lettres, photos et documents la concernant. Mais quels plus beaux souvenirs que cette série d'innombrables portraits, où elle paraît d'ailleurs parfois sous plusieurs personnages à la fois, et qui jalonnent l'essor artistique d'un peintre dont elle ne cessa de soutenir le génie trop novateur pour leur éviter la misère. Peintre lui-même, passionné éclairé et solidement documenté, Alain Yvars fait revivre le couple Monet aussi bien dans son intimité que face à son siècle, analysant avec sensibilité cette peinture du fugitif et de l'instantané qui fut une si grande révolution et qui nous restitue si bien la vie au travers de ses motifs.


    Après Que les blés sont beaux, Conter la peinture et Deux petits tableaux, l'auteur nous régale à nouveau d'un ouvrage aussi intéressant qu'émouvant, luxueusement illustré de reproductions sur papier photo, pour une immersion si naturelle dans l'univers de Camille et Claude Monet qu'elle nous fait oublier l'immense travail de documentation qui la rend possible.


    Bravo à Alain, alias Jvermeer, pour cette belle réalisation et un grand merci pour son partage.

    Lien : https://leslecturesdecanneti..
     
    Merci Nadine
     
     
  • Camille Monet, brune aux yeux clairs

     

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    Claude Monet - Portrait de Camille Monet (sanguine), 1866, collection particulière

     

     

    Elle était si jolie Camille…
    je découvre sur le site Facebook de l’église de Vétheuil :

    https://www.facebook.com/eglisedevetheuil, ce portrait à la sanguine de Camille Doncieux, future femme de Claude Monet, qui m’a tout simplement enthousiasmé par sa qualité et la clarté étonnante des yeux de Camille qui semblent toujours foncés dans les différents portraits que l’on connait d’elle. En particulier le très beau portrait d’Auguste Renoir :

    Camille Monet

    Auguste Renoir – Portrait de madame Claude Monet, 1872, musée Marmottan-Monet

     

    Je ne connaissais aucun dessin de Camille par Monet, surtout de cette période des tout débuts de leur rencontre. Il semble donc que Camille, la muse, la femme de Claude, était une brune (ou châtain) aux yeux très clairs. Je comprends que Monet ait été séduit par la jeune femme et ne perdit guère de temps pour la prendre comme modèle dans ses premières toiles : « Déjeuner sur l’herbe » de 1865 dans lequel elle apparait deux fois, ensuite la magnifique « Femme à la robe verte » de 1866, et « Femmes au jardin » de 1866 au musée d’Orsay où elle est trois des quatre personnages de la toile.

     

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    Claude Monet - Camille ou La Femme à la robe verte, 1866, Kunsthalle, Bremen, Allemagne 

     

  • Claude Monet vous parle

     

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    Claude Monet - Femmes au jardin (détail), 1867, Musée d'Orsay, Paris

     

     

    Vous partez peut-être pour des vacances bien méritées dans les jours ou les semaines qui viennent.

    Claude est heureux de vous faire savoir que la récente biographie d’Alain Yvars « Camille muse de CLAUDE MONET – Naissance de l’impressionnisme », publiée chez BOD, est enfin disponible avec retard chez tous les libraires physiques et numériques.

     

    Pour les peintres impressionnistes, le seul maître était la nature. Aurez-vous l'occasion, comme eux, en observant un paysage, de discerner la lumière changeante modifiant les couleurs au fil de la journée, la sensation fugitive et éphémère des choses ?

     

    Excellentes vacances à tous les lecteurs.

     

     

  • Camille muse de CLAUDE MONET

     

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    Une biographie romancée « Camille muse de CLAUDE MONET - Naissance de l'impressionnisme » illustrée sur papier photo de nombreux tableaux obtenus auprès des grands musées mondiaux vient de rejoindre mes deux précédents recueils de nouvelles « Deux petits tableaux » et « Conter la peinture ».

     

    EXTRAIT DE L’INTRODUCTION DU LIVRE

     

    Elle était si jolie, Camille…

     

    Durant près de quinze années, elle n’a été qu’une silhouette, une passante qui va activer le paysage du couple qu’elle formait avec Claude Monet, le chef de file du groupe des peintres impressionnistes qui avaient, au 19e, la lumière comme unique religion. On retrouve la jeune femme dans de très nombreuses toiles : elle marche, lit, cueille quelques fleurs, sourit à l’homme qu’elle aime, endosse des robes de femmes du monde, parfois des costumes extravagants. Elle est le modèle, la compagne, la mère, la muse…

    La multitude de tableaux faits par Claude Monet de sa compagne intrigue. Il la peignait sous tous les angles, à tout moment, la traquant dans ses moments de solitude rêveuse. Cette gracieuse figure, au regard un peu triste, est touchante. Sur les toiles amoureusement peintes par Monet, son apparence, ses sourires, ses poses, figées ou en mouvement, quelques gestes, nous content la femme qu’elle était, plus que de banales correspondances.

    Au-delà des documents restants sur elle, le regard pictural de Monet sur sa muse a été le support essentiel de ma réflexion et a donné chair à cette biographie romancée d’un couple indissociable.

    Je souhaite vous faire entrer dans l’intimité du couple Camille et Claude Monet. Camille va y trouver sa place, exister, participer à l’ascension de son génial mari. Ils vont vivre ensemble les moments forts, laborieux, miséreux parfois, de l’avènement de l’impressionnisme cette nouvelle vision de l’art qui va révolutionner la peinture académique.

    Nombre des toiles de Claude Monet de cette période, celle que je préfère du peintre, dans lesquels sa femme est représentée sont des chefs-d’œuvre. Après sa mort, il ne peindra jamais plus de personnage avec le même intérêt, le même plaisir, le même amour. Plus tard, les personnages insérés dans ses toiles ne sembleront servir que de contrepoint à son travail entièrement tourné vers le paysage. Le sourire de Camille surgira parfois, inattendu, dans une touche de lumière.

    (Ces chefs-d’œuvre sont montrés en HD dans mon livre)

     

    HISTOIRE VRAIE DE MA VISITE À VÉTHEUIL

     

    J’ai toujours en tête le jour où je suis allé à Vétheuil, petite commune près de Paris. La tombe de Camille était dans le petit cimetière derrière l'église. Devant moi, l’image de la pierre tombale grisâtre se diluait. L’émotion… Des teintes m’apparaissaient sous la forme d’une jeune femme aux traits fins, silhouette gracieuse flottant dans les hautes herbes d’un champ de Coquelicots, changeant de robes comme de personnages dans Femmes au jardin, assise sur la Plage de Trouville, apparition ascendante dans La Femme à l’ombrelle ou grimaçante habillée en Japonaise.

     

    https://www.bod.fr/librairie/camille-muse-de-claude-monet-alain-yvars-9782322474691

     

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    Claude Monet – Femmes au jardin, 1866, musée d’Orsay, Paris

     

  • Pastels à Orsay

     

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    Lucien Lévy-Dhurmer - la femme à la médaille, 1896, musée d'Orsay

     

    « Un art érotique »

     Le pastel stimule l’œil et en appelle aux antres sens. De ce fait, selon l’écrivain Ernst Jünger, il repose intrinsèquement sur « la valeur tactile de la couleur, une sensation d’ordre épidermique évoquant la pensée d’un contact ».

     

    Une centaine de pastels de la seconde moitié du 19e sur une collection riche de 500 œuvres, l’une des plus importantes au monde avec celle du Louvre pour le 17e et le 18e, sont présentés dans la magnifique exposition actuelle du musée d’Orsay.

    Négligé à partir de la Révolution française, c’est un nouvel âge d’or du pastel qui commence au 19e. Une résurrection ! De nouveaux pigments et supports comme le « Pastel Card » apparaissent. Le peintre Jean-François Millet, un des grands initiateurs du renouveau, avec « Le bouquet de marguerites » annonce une transformation dans l’usage du pastel. Désormais, la technique va cesser de se limiter uniquement au portrait pour devenir un merveilleux moyen pouvant exprimer le paysage, le nu et tous les genres. Tous les peintres avant-gardistes, ces impressionnistes adeptes de la touche divisée et de l’éphémère des choses, vont adopter plus ou moins ce mode d’expression, dont Manet, Toulouse-Lautrec, Gauguin, Degas, Morisot. 

    Plus tard, les symbolistes, Odilon Redon en particulier, vont exploiter l’extraordinaire plasticité du pastel pour faire surgir l’imaginaire au-delà du réel.

     

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  • Fragonard libertin

     

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    Jean-Honoré Fragonard - Les Débuts du modèle, 1769, musée Jacquemart André, Paris

     

    « Les débuts du modèle ». Qui connait cette œuvre de Jean-Honoré Fragonard qui passe souvent inaperçue, accrochée dans une des petites pièces du charmant musée Jacquemart-André à Paris ?

    Lorsque je visite le musée, je m’arrête invariablement devant cette petite toile qui m’amuse et me réjouit. Il se trouve qu’elle figure sur la première page du catalogue de l’exposition Fragonard qui se tint en 2007 dans ce musée : un bel hommage au peintre qui a si brillamment illustré les plaisirs de son siècle : plaisirs galants et coquins dans la pénombre des bois ou parcs, plaisirs champêtres, mais aussi plaisirs littéraires et artistiques.

         Tout ce qui fait le génie du peintre est contenu dans ce tableau présentée dans un cadre ovale. La subtilité dans le jeu des regards et des mouvements des personnages ne prête guère à confusion : une mère, ou une maquerelle, vante d’un regard interrogateur les charmes de sa fille, modèle débutante, en dévoilant ses seins à un peintre appuyé nonchalamment contre un meuble face aux deux femmes. La jeune fille fait mine de résister. Une feinte de résignation se lit dans son expression. Cela ne semble pas suffire à l’artiste puisqu’il tente, avec un bâton, de relever le jupon de la belle.

     

         Le baron Portalis, l’un des meilleurs connaisseurs de l’artiste, ne manquait pas de souligner le brio de l’exécution de ce tableau : « Imaginez tout ce que vous pouvez rêver de plus blond, de plus rose, de plus clair ; pétrissez ces tons avec esprit, mais avec l’esprit inimitable du maître, et vous aurez l’impression ressentie. Le pinceau glisse sans appuyer sur les roses éteints du déshabillé d’atelier d’un jeune peintre occupé à soulever, du bout de son appuie-main, les derniers voiles de son modèle ».

     

         À ses débuts, Fragonard peignait les mêmes tableaux académiques d’histoire ou religieux que ses contemporains. En 1767, il a 35 ans, il se détourne du grand genre et décide d’orienter sa peinture vers les scènes de libertinage qui lui assurent le succès à la cour de Louis XV. Avec ses contemporains Boucher et Watteau, il est le plus bel interprète du plaisir de vivre montrant des personnages de la haute société s’adonnant au badinage et scènes galantes. Son maître en libertinage était un écrivain : La Fontaine.

     

         La centaine d’œuvres présentes dans l’exposition met en lumière la diversité dans le travail de ce peintre aux couleurs vives ainsi que la culture de ce temps aux mœurs légères. Le catalogue nous présente de splendides reproductions, en particulier la commande au peintre de la comtesse Du Barry montrant les progrès de l’amour dans le cœur d’une jeune fille : la poursuite, la surprise, la rencontre. 

    La légèreté de la toile « L’escarpolette » donne un aspect licencieux à l’image d’une jeune fille se balançant sous le regard extasié d’un jeune homme contemplant ses jupons.

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    Jean-Honoré Fragonard – L’Escarpolette, 1767, The Wallace Collection, Londres

     

         J’ai retrouvé dans ce portraitiste de génie qu’était Fragonard son style d’un grand modernisme qui est sa qualité essentielle : touche nerveuse, brossée énergiquement, d’un jet. Ces portraits me font souvent penser à la virtuosité du hollandais Frans Hals, un siècle plus tôt, dont Van Gogh disait : « Peindre d’un seul coup, autant que possible, en une fois ! Quel plaisir de voir ainsi un Frans Hals ! »

     

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    Jean-Honoré Fragonard – Le Philosophe, 1764, Kunsthalle, Hambourg

     

     

  • Reproductions de tableaux dans recueils

     

         La critique de mon recueil « Deux petits tableaux » par mon amie Maryna m’a Deux petits tableaux BON 2,2 Mo.jpgfait particulièrement plaisir, car elle parle des reproductions de tableaux insérées dans mes recueils. La vision de ces reproductions est aussi importante que mes textes afin que le lecteur puisse faire connaissance en mots et en images avec les œuvres des artistes qui ont fait l’histoire de l’art.

      J’obtiens ces tableaux en téléchargement libre auprès des grands musées mondiaux, essentiellement les musées américains. Malheureusement, la plupart des musées européens, dont la France, ne permettent toujours pas l’accès de leurs images pour publication sans paiement.

     

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  • Conter la peinture critiqué par Maryna

     

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    Mon amie Maryna Uzun m’a fait le plaisir de laisser son sentiment sur Babelio après la lecture de mon recueil « Conter la peinture – Si les œuvres parlaient » :

     

    « Qui ne s'est pas exclamé un jour, les yeux effarés, devant une oeuvre d'art ou une musique qui donne un vertige des oreilles : « Comment il a pu imaginer ça ? Comment il a pu composer une telle merveille ? »
    C'est cette admiration démesurée de la peinture qui a poussé Alain Yvars à écrire ce livre pour semer son amour du beau.
    Son écriture, à haute tension, sensuelle, est comme les créateurs, ces êtres exceptionnels, qu'elle met en scène, comme leurs confidences qui nous serrent le cœur. Ces fortes personnalités qui, en passant, nous bouleversent à jamais. La genèse d'un style, d'une nouvelle vision du monde, d'un tableau en particulier, sont au centre de ces douze nouvelles sur Modigliani, Henri de Toulouse-Lautrec, Winslow Homer, Vermeer, Monet, Renoir, Seurat et quelques autres.
    Rien de docte dans les pensées d'Alain Yvars qui pourtant possède une science supérieure de la peinture, une grande érudition, littéraire et historique, et peint lui-même. Elles sont curieuses et surtout émouvantes.
    Cette lecture a coïncidé avec ma visite ensoleillée de la rue des Beaux-Arts, pour approvisionner mon jeune artiste en papier spécial et en crayons de couleur Caran d'Ache ! le long étui, la boîte magique, quoi ! Vider sa bourse pour la création, quoi de plus libérateur !
    Je lui ai cité cette phrase du bouquin qui reprend les mots de Claude Monet : « Regarde la nature et peins ce que tu vois, comme tu peux. » C'est l'unique conseil que l'immense impressionniste a donné à la jeune Blanche, sa belle-fille. »

     

    Merci Maryna

     

  • Une coquette et Rimbaud

     

     jan steen

    Jen Steen -La mangeuse d'huitres, 1658, Mauritshuis, La Haye

     

    Une jeune femme nous regarde avec coquetterie, tout en préparant une huître. Les huîtres étaient connues pour être aphrodisiaques et cette jeune femme semble offrir davantage qu’un excellent mets.

    Cette servante aurait très bien pu être celle dont parle Rimbaud dans « La Maline »

     

    La Maline                  

     

    Dans la salle à manger brune, que parfumait
    Une odeur de vernis et de fruits, à mon aise
    Je ramassais un plat de je ne sais quel met
    Belge, et je m’épatais dans mon immense chaise.

    En mangeant, j’écoutais l’horloge, – heureux et coi.
    La cuisine s’ouvrit avec une bouffée,
    – Et la servante vint, je ne sais pas pourquoi,
    Fichu moitié défait, malinement coiffée

    Et, tout en promenant son petit doigt tremblant
    Sur sa joue, un velours de pêche rose et blanc,
    En faisant, de sa lèvre enfantine, une moue,

    Elle arrangeait les plats, près de moi, pour m’aiser ;
    – Puis, comme ça, – bien sûr, pour avoir un baiser, –
    Tout bas :  «  Sens donc, j’ai pris ‘une’ froid sur la joue… »

     

    Arthur Rimbaud, Poésies

     

     

  • Vermeer à Amsterdam

     

    Vermeer, Amsterdam

    Johannes vermeer – Vue de Delft, 1660, Mauritshuis, La Haye

     

         La grande exposition Vermeer a ouvert ses portes cette semaine au Rijksmuseum à Amsterdam. Elle réunit les trois-quarts des œuvres connues du maître. On parle d’exposition du siècle…

     

         Passionné d’art hollandais de cette période, je place Vermeer en premier dans ma hiérarchie personnelle de l’histoire de l’art. J’ai eu la chance, en 1996, d’assister à la précédente exposition du Sphinx de Delft qui se tint au musée du Mauritshuis à La Haye. Elle rassemblait la presque totalité des œuvres peu nombreuses de Johannes Vermeer et était qualifiée, elle aussi, d’exposition du siècle.

    Lors de ma visite, accompagné par Flo, de cette grande exposition de 1996, Vermeer m'a inspiré un court récit sur le superbe tableau de la « Vue de Delft ».

     

    « La clarté rase qui enveloppe la « Vue de Delft » est incroyablement lumineuse. Coincée entre l’immensité du ciel et l’eau sombre du canal, cette ville toute en longueur, comme une frise, aimantait le regard. Au premier plan du tableau, des petits personnages bavardaient sur la bande de sable rosée.

    — Tu sens la respiration de la ville, dis-je à Flo ? Imprègne-toi de cette présence physique étonnante… Regarde bien les maisons, la muraille, les portes de la ville et le pont au centre.

    Elle m’écoute, attentionnée.

    — La matière des murs en briques et des vieilles pierres déformées est exprimée par des empâtements rugueux de différentes tonalités dispersés un peu partout… Tu distingues l’ondulation des tuiles sur les toits rouges dans l’ombre, sur la gauche ?  Du sable a été mélangé exprès à la peinture pour donner du relief... Remarque ces bateaux très sombres à droite. L’aspect granuleux de leurs coques s’oppose fortement à la transparence lisse de l’eau. Le peintre les a bombardées de petits points lumineux clairs et de rehauts bleutés. N’est-ce pas que cette ville respire ?

    Flo tentait de comprendre, soucieuse. Au bout d’un moment, elle se hasarda : « Tu as raison, elle vit… Cette lumière éparpillée un peu partout… C’est quoi le petit pan de mur jaune de Proust dont tu m’as parlé ? »

    ­On ne sait pas bien... C’est peut-être la fin du mur d’enceinte qui longe le canal, là, devant toi, à côté de la porte de Rotterdam sur la droite. À moins que ce ne soit tout simplement un de ces toits dorés, juste au-dessus, en pleine lumière.

    Quelques instants encore, je contemplai la Delft du 17e siècle qui n’existe plus aujourd’hui. Vermeer n’avait peint qu’un seul grand paysage comme celui-ci, mais c’était un coup de maître unique. Aucun paysage de ses contemporains n’approchait cette luminosité exceptionnelle.

    J’entraîne Flo dans les petites salles suivantes. Rien que des chefs-d’œuvre sur tous les murs. »

     

     

    La « Vue de Delft » appartient au Mauritshuis à La Haye. Elle est la toile la plus recherchée du musée avec « La jeune fille à la perle » qui se trouve face à elle dans la même pièce. On pourrait rester des heures en immersion en ce lieu devant ces deux toiles du grand Johannes. 

     

    Pour les amoureux de Vermeer, j’ai remarqué que le magnifique catalogue de cette première exposition « Johannes Vermeer » consacrée uniquement à l'œuvre de mon peintre préféré, accompagné d'une superbe iconographie en couleur, pouvait se trouver aujourd’hui d’occasion pour 4 €… Incroyable !

      

  • Chardin avec une visière

     

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    Jean Siméon Chardin : Autoportrait avec une visière, 1775, The Art Institute of Chicago

     

     

    « La qualité des œuvres de Chardin impressionnait François. Il se mit à étudier, analyser la technique du peintre. Lentement le doute s’insinua dans son cerveau.

    Le grand Chardin qui, toute sa vie, avait peint des scènes de genre et des natures mortes à l’huile, s’était mis au pastel tardivement sur les conseils de son ami l’immense pastelliste Maurice Quentin de la Tour. François observa que les traits colorés, proches les uns des autres, formaient une sorte de mosaïque. Avant Seurat et Signac au 19e, Chardin utilisait déjà le principe du mélange optique des teintes. La touche hachurée, posée par superposition de couches successives, accrochait la lumière et donnait vie au personnage. Parfois, le pastel était écrasé directement sur le papier par longues traînées de couleurs.

    Audrey ne reconnaissait plus son mari. Il ne peignait plus. Elle le voyait observer la gravure, l’air triste. Il paraissait hypnotisé par l’autoportrait qui lui souriait constamment, goguenard, avec son nez pointu et ses bésicles en acier. Cet abat-jour enfoncé sur le front, un foulard méticuleusement noué autour du cou, lui donnait une apparence de vieux bourgeois prêt pour la nuit. »

     

     

    Extrait du recueil « Deux petits tableaux – Si les œuvres parlaient », publié chez BOD au profit des enfants malades de l’association RÊVES