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CORRESPONDANCE - VAN GOGH écrivain (19)

  • Van Gogh écrivain : St-Rémy - 6. 1 mars/13 mai 1890

     

    CORRESPONDANCE - EXTRAITS CHOISIS

     

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    Vincent Van Gogh – Vieil homme triste, mai 1890, Kröller-Müller Museum, Otterlo

     

          Lucien exultait.

          – Eh bien, voilà ! C’est de l'art, mon petit... l'art c'est ça !... Des visions ?...

          Un paysage, c'est un état de ton esprit, comme la colère, comme l'amour, comme le désespoir... Et la preuve c'est que, si tu peins le même paysage, un jour de gaieté, et un jour de tristesse, ils ne se ressemblent pas du tout. La nature, la nature !... Parbleu ! Je crois bien la nature !... Elle est admirable, la nature... admirable en ceci – écoute moi bien – qu'elle n'existe pas, qu'elle n'est qu'une combinaison idéale et multiforme de ton cerveau, une émotion intérieure de ton âme !...

     

                                                                  Octave Mirbeau – Dans le ciel, Roman, chapitre 15 et 16, 1893

     

     

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  • Van Gogh écrivain : St-Rémy - 5. janv./févr. 1890

     

    CORRESPONDANCE - EXTRAITS CHOISIS

     

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    Vincent Van Gogh –  Oliviers, ciel orangé, nov. 1889, Goteborgs Konstmuseum

     

           Son art me troublait, par son audace et par sa violence. Il m'impressionnait, me donnait de la terreur, presque, comme la vue d'un fou. Et je crois bien qu'il y avait de la folie éparse en ses toiles. C'étaient des arbres, dans le soleil couchant, avec des branches tordues et rouges comme des flammes ; ou bien d'étranges nuits, des plaines invisibles, des silhouettes échevelées et vagabondes, sous des tournoiements d'étoiles, les danses de lune ivre et blafarde qui faisaient ressembler le ciel aux salles en clameurs d'un bastringue.

     

                                                           Octave Mirbeau – Dans le ciel, Roman, chapitre 15, 1893

     

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  • Van Gogh écrivain : St-Rémy - 4. nov./déc. 1889

     

    CORRESPONDANCE - EXTRAITS CHOISIS

     

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    Vincent Van Gogh –  cueillettes d’olives, déc. 1889, The Metropolitan Museum of Art, New York

     

          L'art, mon garçon, ce n'est pas de recommencer ce que les autres ont fait... c'est de faire ce qu'on a vu avec ses yeux, senti avec ses sens, compris avec son cerveau... Voir, sentir et comprendre, tout est là !... Et puis exprimer aussi, diable !... Mais que veux-tu exprimer, si tu n'as rien vu, et si ce que tu as vu, tu ne l'as pas compris !...

          « Voir, sentir, comprendre », ces trois mots, il les répétait à chaque instant. Cela résumait toute son esthétique parlée. Lucien n'était pas éloquent. Et les phrases commencées, il les achevait souvent dans un geste, qu'accompagnait toujours, en manière de conclusion, cette trinité de verbes : « Voir, sentir et comprendre ! »

                                                        Octave Mirbeau – Dans le ciel, Roman, chapitre 15, 1893

     

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  • Van Gogh écrivain : St-Rémy - 3. 19 sept./3 nov. 1889

     CORRESPONDANCE - EXTRAITS CHOISIS

     

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    Vincent Van Gogh –  Demi-silhouette d’un ange (d’après Rembrandt), sept. 1889, collection privée

     

    Ah ! Comme il a compris l'âme exquise des fleurs ! Comme sa main, qui promène les torches terribles dans les noirs firmaments, se fait délicate pour en lier les gerbes parfumées et si frêles ! Et quelles caresses ne trouve-t-il pas pour en exprimer l'inexprimable fraîcheur et les grâces infinies ?

    Et comme il a compris aussi ce qu'il y a de triste, d'inconnu et de divin dans l'œil des pauvres fous et des malades fraternels !  

                                                                                     

    Octave MirbeauL'Écho de Paris, 31 mars 1891

     

     

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  • Van Gogh écrivain : St-Rémy - 2. 6 juil./10 sept. 1889

     CORRESPONDANCE - EXTRAITS CHOISIS

     

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    Vincent Van Gogh –  Champ de blés avec cyprès, sept. 1889, National Gallery, Londres

     

                A l’hospice de Saint-Rémy où Vincent a demandé à séjourner, il reçoit de sa belle-sœur Jo une lettre qui lui apporte un grand réconfort : « Cet hiver, vers février probablement, nous espérons avoir un bébé, un joli petit garçon que nous appellerons Vincent si vous voulez bien être son parrain. Je sais bien que nous ne devons pas trop y compter et que cela peut aussi bien être une petite fille mais Theo et moi nous le nous figurons toujours comme un garçon. […] Quand je pense que ni Theo ni moi nous ne sommes en très bonne santé, j’ai grand-peur que nous ne ferons un enfant faible. […] Vous rappelez-vous le portrait du bébé Roulin que vous avez envoyé à Théo ? Tout le monde l’admire beaucoup et bien des fois déjà on a demandé : « Mais pourquoi avez vous mis ce portrait dans ce coin perdu ? ». C’est que de ma place à table je vois justement les grands yeux bleus, les jolies petits mains et les joues rondes de l’enfant, et j’aime à me figurer que le nôtre sera aussi fort, aussi bien portant et aussi beau que celui là – et que son oncle voudra bien un jour faire son portrait ! »

     

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  • Van Gogh écrivain : St-Rémy - 1. 9 mai/2 juillet 1889

     

     CORRESPONDANCE - EXTRAITS CHOISIS

     

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       Vincent Van Gogh –  Nuit étoilée, juin 1889, The Museum of Modern Art, New York

     

          Van Gogh a eu, à un degré rare, ce par quoi un homme se différencie d’un autre : le style. [...] Et tout, sous le pinceau de ce créateur étrange et puissant, s’anime d’une vie étrange, indépendante de celle des choses qu’il peint, et qui est en lui. Il se dépense tout entier au profit des arbres, des ciels, des fleurs, des champs, qu’il gonfle de la surprenante sève de son être. Ces formes se multiplient, s’échevèlent, se tordent, et jusque dans la folie admirable de ces ciels où les astres ivres tournoient et chancellent, où les étoiles s’allongent en queues de comètes débraillées ; jusque dans le surgissement de ces fantastiques fleurs qui se dressent et se crêtent, semblables à des oiseaux déments, Van Gogh garde toujours ses admirables qualités de peintre, et une noblesse qui émeut, une grandeur tragique qui épouvante.

     

                                                                                          Vincent Van Gogh, Écho de Paris, 31 mars 1891, Octave Mirbeau

     

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  • Van Gogh écrivain : Arles - 12. 1 avril/8 mai 1889

     

    CORRESPONDANCE - EXTRAITS CHOISIS

     

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    Vincent Van Gogh –  Vergers en fleurs avec une vue d’Arles, avril 1889, Neue Pinakothek, Munich

     

          Vincent Van Gogh est soigné à l’hôpital d’Arles. Il retourne souvent voir sa « petite maison jaune » dans laquelle il a laissé une partie de ses rêves. Sur les conseils du docteur Rey et du pasteur Salle, il finit par prendre un appartement de deux petites pièces beaucoup moins spacieux que son ancien atelier. Il se sent mieux et peint dans l’hôpital ou dans la campagne environnante : « Mais par moments il ne m’est pas tout à fait commode de recommencer à vivre car il me reste des désespérances intérieures d’assez gros calibre. »

     

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  • Van Gogh écrivain : Arles - 11. janv./fév./mars 1889

    CORRESPONDANCE - EXTRAITS CHOISIS

     

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    Vincent Van Gogh –  Autoportrait avec l’oreille bandée et pipe, janvier 1889, Collection Niarchos

     

          Terrible fin d’année 1888 pour Vincent Van Gogh ! : dispute avec son ami peintre Paul Gauguin et départ de celui-ci, mutilation de son oreille, venue de Paris en urgence de son frère Théo, séjour à l’hôpital en proie à un délire furieux, projet d’atelier du Midi anéanti. 

          Vincent sort de l’hôpital et rentre chez lui le 7 janvier. Le 9 janvier, il reçoit un faire part de fiançailles de son frère : Theodorus Van Gogh avec Johanna Bonger. Vincent n’a jamais rencontré la jeune femme originaire d’Amsterdam.

          La santé du peintre, tout au long du premier trimestre de l’année 1889, va être très perturbée : crises, hallucinations, grande fatigue.

          Il tient toujours à l’amitié de Gauguin qui lui demande un tableau de « Tournesols ». Malgré tout, il écrit à Théo : « Moi qui ai vu Gauguin de très très près, je le crois entraîné par l’imagination, par de l’orgueil peut-être, mais assez irresponsable. »

          La peinture lui manque : « Tout le monde aura peut- être un jour la névrose, le horla, la danse de Saint-guy ou autre chose. Mais le contrepoison n’existe-t-il pas ? dans Delacroix, dans Berlioz et Wagner ? ». Manquant de modèle, il va peindre cinq fois madame Roulin, la femme de son ami facteur.

          En date du 16 mars 1889, Théo s’inquiète fortement de l’état de son frère qui doit faire un nouveau séjour à l’hôpital d’Arles : « J’apprends que tu n’es pas encore mieux, ce qui me cause du chagrin. Je suis navré de savoir que maintenant que j’aurai probablement des jours de bonheur avec ma chère Jo, tu auras justement de bien mauvais jours. ». Théo doit se marier le 17 avril. Jamais son amour pour son frère ne s’est mieux exprimé que dans cette affirmation : « Tu as tant fait pour moi… »

      

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  • Van Gogh écrivain : Arles - 10. Nov./déc. 1888

    CORRESPONDANCE - EXTRAITS CHOISIS

     

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    Vincent Van Gogh –  Ecolier Camille Roulin, nov. 1888, Museu de Arte, Sao Paulo

     

              En ce mois de novembre, dans plusieurs de ses lettres à son frère Vincent, Théo s’inquiète constamment pour sa santé : « Tu dois avoir trop travaillé et oublié par là de soigner ton corps comme il faut. » ; pour ses problèmes financiers malgré les envois réguliers d’argent qu’il lui fait : « Quel financier tu fais ! Ce qui me chagrine, c’est qu’avec tout cela tu te trouves toujours dans la misère parce que tu ne peux pas t’empêcher de faire pour les autres. J’aimerais bien te voir plus égoïste jusqu’à ce que tu sois en équilibre. »

          Théo veux persuader Vincent que son frère est pour lui un associé : « Tu peux si tu veux faire quelque chose pour moi, c’est de continuer comme par le passé et nous créer un entourage d’artistes et d’amis, ce dont je suis absolument incapable à moi seul, et ce que tu as cependant créé plus ou moins depuis que tu es en France. »

     

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  • Van Gogh écrivain : Arles - 9. Octobre 1888

     

    CORRESPONDANCE - EXTRAITS CHOISIS

      

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    Vincent Van Gogh – Portrait de la mère de l’artiste, oct. 1888, The Norton Simon Museum of Art, Pasadena

     

     

            Nous sommes à la veille de l’arrivée du peintre Paul Gauguin à Arles. Le soin que Vincent a mis à préparer la maison jaune pour que Gauguin la trouve agréable montre l’importance qu’il attache à cette venue : la solitude lui pèse et une présence amie lui est devenue indispensable.

          Celui qui va arriver est le peintre avant-gardiste qu’il admire, un maître qui, en Bretagne, s’est déjà entouré de nombreux disciples.

          En face de cette affection et admiration, les préoccupations de Paul Gauguin sont différentes, essentiellement commerciales. L’union de l’orgueilleux Gauguin, passionné d’exotisme et de primitivisme, et le romantique Vincent, précurseur de l’expressionnisme, sera-t-elle durable ?

     

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  • Van Gogh écrivain : Arles - 8. Septembre 1888

     

    CORRESPONDANCE - EXTRAITS CHOISIS

     

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    Vincent Van Gogh – Saules au coucher de soleil, automne 1888, Kröller-Müller Museum, Amsterdam

     

              L’influence du mistral fut certaine sur Vincent Van Gogh. Sa violence se décupla quand il se vit aux prises avec le fougueux vent de Provence. Pas de temps à perdre, peindre vite, en touches brutales, heurtées, mais sûres ; impossibilité de « peloter » le motif, comme disent tous les peintres, à la manière de Renoir. Pas de caresses ; des coups de brosse sautant sur les courtes accalmies. Et défendre encore son chevalet, sa toile, tout cela qui gémit et menace à toute seconde de s'abattre sous les cinglantes lanières de la tempête ! Il écrit à son frère Théo : « Je t'ai déjà dit que j'ai toujours à lutter contre le mistral, qui empêche absolument d'être le maître de sa touche. De là le « hagard » des études. »

                                                                     Gustave Coquiot

     

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  • Van Gogh écrivain : Arles - 7. 16 au 31 août 1888

     

    CORRESPONDANCE - EXTRAITS CHOISIS

     

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    Vincent Van Gogh – Wagons de chemin de fer, août 1888, Fondation Angladon-Dubrujeand, Avignon

     

          Vincent eût cru constamment au feu central de la Terre, qu'il n'eût pas davantage enflammé ses toiles. Même quand elles présentent, relativement, une apparence de repos, elles brûlent. Elles brûlent de leurs couleurs pures, comme rajeunies, comme vives, ou comme, parfois, cendrées ; mais, chaque fois, elles jaillissent d'un foyer incandescent. On les a comparées souvent à des pierreries ; c'est une sottise. Elles ne projettent pas d'éclairs, elles sont embrasées intérieurement, uniformément.

                                                                               Gustave Coquiot

     

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