Vincent Van Gogh – Premiers pas, d’après Jean-François Millet, 1890, Metropolitan Museum, New York
À l'automne et à l'hiver 1889-1890, alors qu'il était patient volontaire à l'asile de Saint-Rémy, Van Gogh peignit vingt et un exemplaires d'après Millet, un artiste qu'il admirait. Il considérait ses copies comme des « traductions » s'apparentant à l'interprétation par un musicien de l'œuvre d'un compositeur.
Lettre de Vincent Van Gogh à son frère Théo, le 20 septembre 1889
« Ce que je cherche là-dedans et pourquoi il me semble bon de les copier, je vais tâcher de te le dire. On nous demande toujours, à nous autres peintres, de composer et de n’être que compositeurs.
Très bien, mais dans la musique il n’en est pas ainsi et si telle personne joue du Beethoven elle y ajoutera son interprétation personnelle. En musique et, surtout pour le chant, l’interprétation d’un compositeur est quelque chose, et ce n'est pas une règle absolue que seul le compositeur joue ses propres compositions.
Je pose devant moi comme sujet le dessin en noir et blanc de Delacroix ou de Millet, ou d’après eux. Puis j’improvise de la couleur là-dessus, mais étant moi-même, pas complètement bien sûr, mais en quête de souvenirs de leurs tableaux. Mais le souvenir, la vague consonance de couleurs qui partagent le même sentiment, sinon juste, c’est ma propre interprétation.
Beaucoup de gens ne copient pas. Beaucoup d'autres copient. Personnellement, je m'y suis mis par hasard, et je trouve que c'est instructif et surtout parfois réconfortant.
Alors mon pinceau glisse entre mes doigts comme s'il s'agissait d'un archet de violon, et absolument pour mon plaisir. »