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Ukraine

 

Chevtchenko

Taras Chvetchenko - Kateryna, 1842, musée national chvetchenko, Kiev, Ukraine

 

     Taras Chvetchenko est devenu aujourd’hui la figure emblématique de l’Ukraine et est considéré comme le plus grand poète romantique ukrainien.

     Né en Ukraine, l’artiste passa les trois quarts de sa vie sans liberté. Malgré tout, il trouva l’énergie d’exprimer l’aspiration du peuple ukrainien à vivre libre. Et toute sa vie il se battra pour cette cause. Sa poésie et sa peinture furent constamment censurées par l’empire russe.

    On le surnomma « Kobzar » (Le Barde) du nom de son premier recueil de poèmes publié en 1840. Kobzar en ukrainien signifie un barde, celui qui, en plus de chanter, joue d'un instrument de musique similaire à un luth, le kobza.

    En 1842, le poète désire illustrer un des poèmes de son recueil Kozbar écrit en 1839 : Kateryna. Il peint le tableau ci-dessus représentant une jeune femme ukrainienne, enceinte. L’on voit au fond de la toile un soldat russe qui s’éloigne. À cette époque, les jeunes filles ukrainiennes acceptant les faveurs de l’occupant russe étaient rejetées par leurs familles. Le tableau décrit très bien la honte de la jeune fille et le regard méprisant de l’homme assis au sol.

    Au moment où l’armée russe est en train d’écraser l’Ukraine sous les bombes, j’ai voulu faire connaître quelques poèmes peu connus en France de ce grand poète.

 

 

LE TESTAMENT

 

Quand je mourrai, enterrez-moi
Dans une tombe au milieu de la steppe
De ma chère Ukraine,
De façon que je puisse voir l'étendue des champs,
Le Dniepr et ses rochers,
Que je puisse entendre
Son mugissement puissant.

Et quand il emportera de l'Ukraine
Vers la mer bleue
Le sang des ennemis, alors
Je quitterais les prairies et les montagnes
Et m'envolerai
Vers Dieu lui-même
Pour lui offrir mes prières
Mais jusque-là
Je ne connais pas de Dieu !

Enterrez-moi et debout !
Brisez vos fers,
Et arrosez du sang impur des ennemis
La liberté !
Puis, dans la grande famille,
La famille nouvelle et libre,
N'oubliez pas d'accorder à ma mémoire
Une bonne parole !


1845

 

Chvetchenko écrivit quelques poèmes pendant ses premières années d’exil. Relégué au bout du monde, il revoyait en imagination la belle Ukraine.

 

LE SOIR

 
Un jardin de cerisiers entoure la maison ;
Les hannetons bourdonnent au-dessus des arbres ;
Les laboureurs avec leurs charrues,
Les jeunes filles avec leurs chansons, rentrent,
Et les mères les attendent pour le souper.

La famille prend son repas autour de la maison ;
À l’horizon brille l’aurore du soir.
La fille présente les mets du souper ;
Sa mère voudrait lui donner des conseils ;
Mais le rossignol l’en empêche.

La mère, autour de la maison,
A couché les petits enfants ;
Elle-même dort près d’eux.
Tout bruit s’éteint… Seule, la jeune fille
Et le rossignol veillent encore.

 

MES PENSÉES, MES PENSÉES … (extrait)

 

Mes pensées, ô mes pensées,
Mes fleurs, mes enfants !
Je vous ai élevées, je vous ai choyées,
Que faire de vous maintenant ?
Allez en Ukraine, mes enfants,
Dans notre Ukraine,
Comme les orphelins longeant des palis,
Et moi, je mourrai ici.
Là-bas vous trouverez un grand cœur
Et des mots bienveillants,
Là-bas vous trouverez la vérité,
Et peut-être même la gloire…
 
Accueille, ma tendre mère,
Ô mon Ukraine,
Mes enfants innocents
Comme ton propre enfant.

Saint-Pétersbourg, 1840
Traduit par Darya Clarinard

  

 

PEU M’IMPORTE !

Peu m’importe
De vivre ou non en Ukraine.
Que l’on se souvienne de moi ou que l’on m’oublie,
De moi dans ces neiges étrangères.
Cela m’importe peu.
En captivité, j’ai grandi avec des étrangers,
Sans que les miens ne me pleurent,
En captivité, en pleurant, je mourrai
Et j’emporterai tout avec toi
Ne laissant même pas une seule petite trace
Dans notre glorieuse Ukraine,
La nôtre – qui n’est plus notre propre terre.
Et le père dans ses souvenirs,
Le père ne dira pas à son fils : « Prie,
Prie, mon fils : pour l’Ukraine
Il fut torturé jadis. »
Peu m’importe, si demain,
Si ce fils priera, ou non…
Mais ce qui m’importe réellement
C’est de constater qu’un ennemi ignoble
Endort, dérobe et consume l’Ukraine
La volant et la violant …
Ô, comme cela m’importe !

 

Les Français sont avec vous de tout cœur amis ukrainiens.

 

 

Commentaires

  • Je découvre ces poèmes grâce à toi.
    Merci pour ce partage,
    L'Ukraine est en guerre, c'est terrible, elle a besoin de tous les soutiens que nous pourrons lui donner.
    Passe une douce journée.

  • On ne peut laisser mourir nos amis ukrainiens sans tenter de les aider, ne serait-ce que par les mots.
    Cette femme, enceinte d’un soldat russe, du tableau peint par le poète, pourrait aujourd’hui symboliser la honte d'un peuple face à l'oppresseur. J’espère que cette honte va se retourner bientôt et que les Russes vont enfin comprendre qu’ils s’attaquent à leurs frères et qu’ils se réveillent.
    L’histoire nous a appris que les dictateurs finissent toujours mal. Mais après combien de souffrance ?
    Beau dimanche Quichottine.

  • Notre goutte de colibri, ce n'est rien, ça peut être beaucoup.
    Merci Alain
    Le CADA (Centre d'Accueil de Demandeurs d'Asile) de Dieppe m'attend.

  • Hello Diana

    Je ne savais pas que tu participais dans un centre d’accueil pour demandeurs d’asile.
    Cela ne m’étonne pas de toi car tu es une personne généreuse.
    Merci pour ton passage dans cet article rendant hommage à ce grand poète.
    Belle journée à Dieppe.

  • Ohh!! comme je n'avais pas vu ce que tu as exposé sur ton blog, ces derniers jours, je suis
    heureuse de découvrir que tu as rendu hommage à Taras Chvetchenko comme poète!!Perso, je lui ai rendu hommage pour son texte mis en musique qui déplait à Poutine!! Je pense aussi lui faire un
    hommage pour son talent de peintre!! J'ai trouvé une superbe vidéo!!! Merci Alain Bisous Fan

  • J’ai découvert ce grand poète, qui peignait également.
    Au 19e, il eut lui aussi des problèmes sérieux avec la Russie, et les Ukrainiens s’en souviennent. Il est la gloire nationale dans ce pays.
    Merci Fan

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