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Berthe Morisot à Orsay

 

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Edouard Manet – Portrait de Berthe Morisot avec un éventail, 1874, Art Institute of Chicago

 

 

     Après la première rétrospective depuis 1941 de l’œuvre de Berthe Morisot présentée en 2012 au musée Marmottan Monet, le musée d’Orsay consacre, depuis le 18 juin dernier, sa première exposition de l’été à cette femme peintre exceptionnelle: Berthe Morisot 

    L’exposition du musée d’Orsay est d’une grande richesse. Près de la moitié des œuvres présentées proviennent de collections particulières, souvent jamais montrées au public.

   J’ai repris quelques-unes des images de l’article que j’avais fait en 2012 sur la brillante rétrospective du musée Marmottan. D’autres images de la meilleure qualité des toiles exposées à Orsay ont été rajoutées.

     Je passe devant vous. Vous me suivez…

 

 

   Berthe Morisot est une des artistes majeures de l’impressionnisme. Longtemps moins connue que Monet, Renoir, Pissarro ou Sisley, elle demeure à mes yeux la plus impressionniste du groupe des peintres impressionnistes. Sa touche est spontanée, nerveuse, vibrante, la toile est souvent laissée à nu, inachevée.

   Très indépendante, elle peignait à sa guise. Elle sera de toutes les expositions du groupe des impressionnistes, de la première en 1874 à la dernière en 1886. Elle ne manquera que la 4ème pour cause de naissance de sa fille. Longtemps seule au milieu de ses amis masculins, deux autres femmes viendront la rejoindre à partir de 1879 : Marie Bracquemond et l’américaine Mary Cassatt. En rapport avec sa féminité, son art était souvent qualifié de délicat, élégant, exquis, raffiné.

    Dès le début des années 1880, elle recevra les éloges des critiques et amateurs influents qui reconnaitront son originalité :

   « Elle pousse le système impressionniste jusqu’à l’extrême. »… « Mademoiselle Morisot est une impressionniste si convaincue qu’elle veut peindre jusqu’au mouvement des choses inanimées. » - Arthur Baignères.

     « Elle termine ses toiles en donnant de-ci de-là de légers coups de pinceaux ; c’est comme si elle effeuillait des fleurs… » - Théodore Durel.

    Quel beau compliment ! Le poète irlandais George Moore écrira après sa mort : « Ses toiles sont les seules toiles peintes par une femme qu’on ne pourrait détruire sans laisser un blanc, un hiatus dans l’histoire de l’art. ».

 

     Je ne ferais pas ici une longue description de la vie de Berthe que les admirateurs de l’artiste connaissent, je préfère parler de son art et des quelques toiles représentatives à mes yeux de son œuvre.

     Avec les paysages, la figure féminine demeurera toute sa vie son sujet préféré. Elle trouve ses modèles autour d’elle : sa sœur Edma, sa fille Julie, son mari Eugène, ses nièces, des amies, parfois des modèles professionnels. Elle les place au milieu des meubles où elle vit ou dans la nature.

 

     Sa fille Julie, née de son mariage en 1878 avec Eugène Manet, le frère d'Edouard Manet qui peindra Berthe de nombreuses fois, reste son modèle préféré :

     « C’est un petit chat, écrit Berthe à sa sœur Edma. Elle est toute ronde comme une boule avec des petits yeux qui pétillent et une grande bouche qui grimace. »

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Berthe Morisot – Les pâtés de sable, 1882, collection particulière

     « Bibi » dort ou gazouille pendant qu’elle la peint. Durant 17 ans, jusqu’au décès de Berthe, elle sera représentée à tous les âges, à tous moments de la journée.

     Bibi a 5 ans. Sa silhouette lumineuse éclaire les vaguelettes laissées par la barque. peinture,musée d'orsay,impressionnisme berthe morisotQuelques cygnes librement brossés encadrent son fin visage.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Berthe Morisot – Sur le lac, 1884, collection particulière

 

     Deux ans avant son décès, Berthe peindra Julie jouant du violon. La grâce de la jeune fille est un mélange d’élégance et de volupté, avec la même sensualité réservée, la même part de mystère que sa mère exprimait à son âge.

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Berthe Morisot – Julie au violon, 1893, musée Marmottan, Paris

 

     Elle ne représentera qu’un seul homme en peinture : son mari Eugène

   Berthe va peindre Eugène pour la première fois au cours de leur lune de miel en Angleterre, devant une fenêtre face à la mer. Celui-ci observe le spectacle de la rue. De somptueux effets de transparence des voilages et de la baie vitrée sont réchauffés par de menues taches de fleurs rouges.

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Berthe Morisot – Eugène Manet à l’île de Wight, 1875, musée Marmottan, Paris

 

    Plus tard, elle le peindra à nouveau avec sa fille Julie dans le jardin de Bougival. C’est une de mes toiles préférées de l’artiste : scène intime entre le père et la fille, les deux amours de l’artiste. La toile est parcourue de vibrations colorées et de touches nerveuses multiples formant un ensemble de coloris roses et mauves.

 

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Berthe Morisot – Eugène Manet et sa fille, 1881, musée Marmottan, Paris

 

    Les figures féminines sont multiples dans l’œuvre de Berthe. Quand elle ne peint pas Julie, elle ne cesse de peindre des jeunes filles.

   Elle fait poser Edma pour « La lecture » présentée à la première exposition impressionniste de 1874. La toile est fraîche, légère, aérienne comme une aquarelle.

 

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Berthe Morisot – L’ombrelle verte ou La lecture, 1873, museum of art, Cleveland

 

Dans cette même exposition du groupe impressionniste, elle présente une maternité « Le berceau » d’une sensibilité toute féminine : Sa sœur Edma est à nouveau représentée veillant sur sa fille Blanche.

 

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Berthe Morisot – Le berceau, 1872, Musée d'Orsay, Paris

 

     A la 3ème exposition impressionniste de 1877, le « Bal au Moulin de la Galette » de peinture,musée d'orsay,impressionnisme berthe morisotRenoir concentre les regards. Berthe a choisi d’exposer une jeune femme qui s’habille face à un miroir « Le Miroir ou La Psyché ». Emile Zola parle de « l’une des perles de l’exposition ». La toile est frémissante, mouvante. « Berthe a l’art de faire vibrer le blanc dans toute sa pureté en le posant sur des gris légers. 

 

 

 

 

 

 

Berthe Morisot – La psyché, 1876, musée Thyssen-Bornemisza, Madrid

 

     A la 5ème exposition de 1880, dans le même genre, figure « Femme à sa toilette » montrant une femme se coiffant devant sa psyché où elle se reflète. Il s’agit de ma toile préférée de l’artiste peinte dans des tons rose, gris, bleu, lavande. L'arrière plan est flou et se fond avec le dos joliment modelé laissant tomber la robe sur l’épaule gauche.

 

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Berthe Morisot – Femme à sa toilette, 1875, Art Institute of Chicago

 

     Une jeune femme s'est installée assise dans une véranda après le déjeuner.

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Berthe Morisot – A la campagne – Après le déjeuner, 1881, collection particulière

 

Berthe peint souvent sa nièce, la fille de sa sœur Edma.peinture,musée d'orsay,impressionnisme berthe morisot

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Berthe Morisot – Paule Gobillard en toilette de bal, 1887, collection privée

 

     L’artiste entrera de son vivant dans un musée national avec la toile « Jeune femme peinture,musée d'orsay,impressionnisme berthe morisoten toilette de bal » achetée par l’Etat.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Berthe Morisot – Jeune femme en toilette de bal, 1879, musée d’Orsay, Paris

 

     Une fillette au tablier rouge est installée devant une fenêtre. Berthe balaie la fillettepeinture,musée d'orsay,impressionnisme berthe morisot et le décor de traits rapides à peine esquissés laissant apparaître le fond de la toile.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Berthe Morisot – Enfant au tablier rouge, 1886, Providence, Museum of Art, Rhode Island School of Design

 

     Dix ans avant sont décès, Berthe fait son « Autoportrait ». Elle a 44 ans. Ses cheveux rassemblés en catogan ont blanchi. Elle se peint sans indulgence. La touche est à la fois vigoureuse et légère. La toile ressemble à une sanguine, une esquisse. L’artiste recherche l’inachèvement. Une des fleurs sur le corsage jaune est « comme une décoration » dit Mallarmé.

 

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Berthe Morisot – Autoportrait, 1885, musée Marmottan, Paris

 

     Avec les impressionnistes, le paysage va prendre une importance qu’il n’avait pas. L’étude de la lumière réduit le motif à un simple prétexte. Au milieu des Monet, Pissarro, Renoir… Berthe apporte une touche de charme, de distinction. « Elle est l’impressionnisme par excellence, disent des critiques ». Sa palette est claire, son pinceau effleure la toile en traits vifs.

En se promenant, elle plante son chevalet devant le petit port de Lorient.

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Berthe Morisot – Vue du petit port de Lorient, 1869, National Gallery of Art, Washington

 

     Dix ans plus tard, grimpée sur une embarcation au bois de Boulogne pour peindre sur le motif, sa technique impressionniste est totale dans la représentation de ces deux femmes peintes en plein air sur une barque. Le lac et les modèles sont unis de la même manière toute en zigzags et vibrations lumineuses.

 

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Berthe Morisot – Jour d’été, 1879, National Gallery of Art, Washington

 

 

 

     Berthe Morisot était exigeante, incertaine, en proie aux doutes : « J’ai toujours la sensation du gouffre. » L’idée passionnée qu’elle se faisait de son art lui interdisait toute facilité. Elle a laissé l’œuvre nouvelle et singulière qu’elle avait toujours souhaité obtenir.

    Une profonde amitié liait Stéphane Mallarmé avec Berthe Morisot. Avant de mourir, elle lui confiera sa fille Julie. Celui-ci deviendra le tuteur de Julie, et Auguste Renoir continuera son éducation de peintre.

 

« La seule femme peintre qui ait su garder la saveur de l’incomplet et du joliment inachevé. »

 

 

Commentaires

  • Je vais me précipiter au musée d'Orsay pour voir cette expo et vos écrits vont m'accompagner et apporteront un grand PLUS. Merci beaucoup Alain.

  • C'est à déguster sans modération et sans précipitation. Berthe illumine le musée d'Orsay et est enfin reconnue comme l'une des toutes meilleures impressionnistes.
    Belle journée Maryvonne et belle exposition lorsqu'il fera un peu moins chaud.

  • Les oeuvres de Berthe Morizot sont un plaisir de l'oeil, voir les deux!! Toute la sensibilité féminine et souvent maternelle se trouvent dans ses choix de personnages! Parfois, elle réalise sa peinture avec des touches vives et saccadées, parfois, plus calmes et plus académiques!! J'aime beaucoup Berthe Morizot!!Merci de la mettre à l'honneur!! Bisous Fan

  • Elle fait partie de mes peintres préférés. C'est la deuxième exposition dans un grand musée parisien en peu de temps après celle de 2012 à Marmottan. Ce sera surement " l'exposition de l'été".
    Le tableau "Nuit d'été" à la fin de l'article montre la virtuosité de la technique de Berthe qui atteint les sommets dans ce nouveau style impressionniste tout en vibration et lumière des années 1880.
    Belle journée Fan. Protège-toi de la chaleur...

  • Il y a un moment que je ne suis pas allée à Orsay... il faut vraiment que je m'y rende.
    J'adore ce peintre et les tableaux que tu nous montres sont magnifiques.
    Merci pour l'envie que tu m'as donnée.

    Passe une douce journée.

  • Mon article est fait pour donner envie. Apparemment, pour toi, c'est fait.
    A la fin de la canicule, offre toi une balade à Orsay, le talent de cette femme peintre, qui n'était pas si nombreuses à cette époque, en fait un de mes peintres préférés.
    Elégante, exquise, raffinée, disait-on souvent, faisant référence à sa féminité. C'était bien plus que cela.
    J'ai bien reçu ces "Métiers improbables" qui sont séduisants. Cela va permettre d'offrir quelques "Rêves" supplémentaires à des enfants malades. "Rêver ensemble d'un monde différent où tout ne serait pas profit" comme tu l'indiques à la première page du livre.
    Merci, Quichottine, pour tout ce que tu fais.
    Très belle journée à toi.

  • Bonsoir Alain.. C'est ma peintre préférée parmi les femmes. J'aime sa façon de faire chanter le blanc. Bonne soirée

  • Oui, Brigitte, c'est une grande parmi les femmes peintres dont je ne me lasse pas.
    Je ne sais si cela va plaire, je publierai ce matin sur Babelio le même article mais, évidemment, sans les images qui seront consultables sur mon blog. On verra ce que cela donne...
    C'est gentil d'avoir laissé ce commentaire.
    A bientôt.
    Belle journée.

  • Pas seulement beau mais bouleversante, une quasi rencontre au sommet

  • C'est une exposition exceptionnelle après celle de Marmottan en 2012. Je ne me lasse pas de cette femme dont le grand talent était reconnu par tous ses amis impressionnistes. Bouleversant est le mot exact à utiliser.
    Merci de votre passage.
    Cordialement.

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