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Le cahier du soir de Lorraine

 

écriture,lorraine,poésie    

 

 

     Lorraine… Je l’avais croisée un jour sur le web ; une de ces rencontres de hasard qui se font et se défont au gré de nos affinités.

    Elle avait laissé sur mon blog un commentaire chaleureux qui m’avait fait plaisir. C’était une artiste. Elle adorait les peintres impressionnistes qui « lui mettaient le cœur à leur cadence ». On se comprenait.

     Evidemment, je m’étais empressé de visiter son blog. De suite j’avais apprécié ses articles qui étaient des messages élevant les lecteurs vers le beau. Ses poèmes étaient accessibles immédiatement, sans intellectualisme superflu. Les vers fondaient dans la bouche lorsque l’on en prononçait les mots. Dans ses lignes, perçait la personne attachante qu’elle était : tendre, légère, éternelle amoureuse de la vie et nostalgique de celui qui, aujourd’hui disparu, avait fait vibrer son cœur dans une : « danse en son délire l’avait plus que de raison enserrée dans ses bras ». Il partagea son existence.

     Après avoir longuement profité de cette vie, comme une bougie dont la flamme du temps vacillait, elle s’est éteinte récemment, un jour de février 2018.

 

    Aujourd’hui, nous avons la chance de la voir revenir parmi nous. Les artistes ne meurent jamais. Ses amis et sa famille nous offrent l’essentiel de son talent dans un recueil de poésie que beaucoup attendaient.

     Tous ceux qui aimaient cette femme de grande qualité peuvent obtenir son recueil directement auprès de l’éditeur : The BookEdition.com.

   Lorraine a souhaité que tous les bénéfices de ce recueil soient reversés à l’association « Rêves » qui permet d’apporter un peu de joie aux enfants atteints de maladies graves.

     Revenant de quelques jours en Bretagne, le recueil était dans ma boite à lettres. Je l’ai feuilleté.

    

 

     J’ai eu beaucoup de mal à en extirper un parmi la grande quantité des poèmes publiés.  

    

 

JE ME SOUVIENS

 

Je me souviens de mai où fleurissent les roses

Au jardin d’autrefois, secret et lumineux

Je me souviens des mois grisailleux et moroses

Où te me serrais fort quand nous marchions tous deux

 

Je me souviens de toi quand j’ouvre la croisée

Sachant qu’un nouveau jour s’ajoute aux anciens

Je sens battre ce cœur doux et inapaisé

Qui a gardé ton nom et de nous se souvient

 

Je sais que tu m’aimas comme je t’aime encore

Je n’ai pas oublié. Et quand j’ouvre les yeux

Le matin me fait mal, allumant sans remords

Le Soleil des beaux jours et l’été insoucieux

 

Et puisqu’il fallu qu’après toi je survive

Vieillissant pas à pas tout au long du chemin

J’attends le dernier jour comme on attend l’eau vive

Sachant que tu viendras me prendre la main

 

 

     Je ne résiste pas à en mettre un deuxième :

 

peinture, Lorraine, poésie, degas

Edgar Degas – Danseuses, 1890, musée d’Orsay, Paris

 

 

LA DANSEUSE

 

La ligne de son casaquin

Soulignait le reflet moiré

De son torse enrubanné

Pour la danse des dix sequins

 

Elle toisait le baronnet

Prompt à remplir son escarcelle

Et dont le regard qui harcèle

Avide la déshabillait

 

Fière et battant du tambourin

Elle allait, de désirs casquée

Effleurant d’un jupon cloqué

Gentilshommes et muscadins

 

Un peintre dessina la danse

Le pied menu et balancé

Sous l’envol d’un rythme endiablé

Semble encore compter la cadence…

 

 

     Je n’hésite pas à dire que le talent de cette grande artiste devrait un jour accéder à une plus grande reconnaissance encore auprès des éditeurs s’intéressant à la poésie.

  

 

Commentaires

  • elle était de ces personnes qu'on aime sans les connaitre... j'ai ce recueil, un doux parfum s'échappe des pages , oeillet fané, peut être ?

  • Les mots sont souvent plus parlant que les paroles.
    Lorraine savait si bien les mettre en musique et nous émouvoir.

  • Merci pour ce billet, Alain.
    Je suis heureuse de découvrir l'une après l'autre vos réactions à la lecture de ce recueil.
    J'aime beaucoup les poèmes que tu as choisis et ton hommage à Lorraine.
    Merci pour tout.
    Passe une douce journée.

  • Qui ne peut être ému en lisant la beauté des poèmes de Lorraine. Ils paraissent si simples, si faciles au premier regard… Et pourtant, il m’arrive parfois d’en écrire, c’est un travail énorme car la poésie ne permet pas pour être comprise, plus que la prose, le moindre relâchement. Dans ce domaine Lorraine était un maître. Elle trouvait le mot juste et le plaçait à l’endroit précis donnant à la phrase tout son sens.
    Belle journée à toi, et merci pour tout ton travail qui m’a permis, nous a permis, de connaître cette grande artiste.

  • Oui, je me souviens que tu avais déjà évoqué cette personne, que tu avais aussi fourni le lien vers son blog et même que tu avais proposé sur le tien l'un ou l'autre de ses poèmes..
    Que voilà une rencontre virtuelle qui semble t'avoir profondément marqué.

    Internet peut-être riche en semblables hasards heureux quand on se donne le projet de bien s'en servir ...

  • Tu n’as pas du t’apercevoir que, dans cet article, il y avait une différence essentielle avec mon précédent article en début d’année annonçant le décès de Lorraine.
    Cette fois, grâce aux personnes de son entourage, cette femme d’un grand talent littéraire a pu être éditée. Ainsi, chacun peut se procurer son recueil de poèmes que beaucoup, comme moi, attendait avec impatience.

  • ??? Je ne comprends pas bien ta réponse à mon commentaire de ce matin, Alain.
    Car oui, bien sûr que j'ai fait la distinction entre le présent article qui évoque la publication de l'ouvrage de Lorraine et celui dans lequel tu nous annonçais son décès ... et qui m'avait permis de découvrir son talent grâce au lien que tu avais proposé vers son blog et un poème que tu avais alors publié sur le tien ...

  • OK Richard.
    Cette publication est tellement importante pour sa mémoire et pour tous ceux qui ont travaillé sur cet ouvrage publié en autoédition. Elle était si heureuse, avant son décès, de savoir qu’il s’apprêtait à être édité.
    A propos d'édition, je publierai demain la longue étude que j'ai faite concernant les politiques de droit à l'image dans le monde.

  • Merci Richard.
    Chaque ouvrage vendu est un petit peu de joie pour tous ces enfants qui ne peuvent vivre comme nous.
    Bravo Papy.

  • Cela marche 10 sur 10.
    La vie est belle.

  • Je me souviens… très émouvant; j'ai très souvent ce genre de pensées avec l'âge qui avance...

  • Vous avez l’air d’une gamine à l’écran…
    Je pense que Lorraine était, une Belge également, malgré son âge avancé, encore très jeune dans sa tête et ses messages étaient toujours enjoués.

  • Ah Internet…

  • Cela fait toujours une sensation étrange quand des écrits nous arrivent presque de l'au-delà comme un message posthume, un clin d'œil pour dire que l'essence même de l'artiste qui a disparu de cette terre reste dans nos mémoires par les mots ou par le pinceau. C'est vrai qu'un artiste ne meurt pas tout à fait. Il reste son empreinte, si légère soit-elle.


    Je n'ai pas encore pu régler les paramètres de mon blog, mais au moins, j'ai retrouvé les commentaires dans le post "modération"... les mystères de l'informatique!

  • Comme je vous le disais dans FB hier, ce ne sont pas totalement des écrits posthumes car Lorraine les avait déjà publiés sur son blog tout au long des années.
    La simplicité de lecture de ses écrits leur donne, à mes yeux, encore plus de valeur. Vous savez, comme moi, que la qualité littéraire est celle qui est accessible au plus grand nombre. Richard m’a contesté cette phrase sur FB en m’opposant Proust. Je lui ai répondu ceci : « J’ai toujours pensé que les plus grands écrivains devaient être accessibles à tous. Dans le cas contraire, il restaient grand mais ne pouvaient être lus que par une élite. Et je place Proust dans les écrivains accessibles à tous malgré la difficulté parfois de son style.
    Lorraine restera car cette poésie pleine de simplicité et d’élégance ne peut disparaître car tout le monde est capable de la lire. C’est également ce qui fait le succès de votre livre « La sonate oubliée » comme je vous l’écrivais hier : simplicité, talent d’écriture, intérêt de l’histoire d’une passionnée de musique…
    C’est curieux cette histoire de problèmes informatiques. Lorsque je clique sur votre nom dans le commentaire, cela me répond : Votre connexion n’est pas privée - Des individus malveillants tentent peut-être de subtiliser vos informations personnelles sur le site…
    Et le petit commentaire que j’avais mis hier sur votre blog semble ne pas être arrivé non plus. Je n’ai jamais eu ce genre de problème.
    Belle journée.

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