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Genèse de l'impressionnisme

16. Camille Pissarro « Comprendre mes sensations »

 

 

 

     Camille Pissarro est l’aîné du groupe des peintres impressionnistes. Pouvais-je peinture, pissarro, impressionnismecontinuer mon étude sans parler et montrer quelques toiles des années 1860-1870, les années de jeunesse de cette figure incontournable du groupe ? Avec Alfred Sisley dont j’ai parlé dans l’article précédent, Auguste Renoir et Claude Monet, ses compagnons de l’atelier Gleyre, il sera un des piliers de la première des expositions du groupe des impressionnistes en 1874.     

 

 

 

 

 

Camille Pissarro – Autoportrait, 1873, musée d’Orsay, Paris

 

 

     Véritable peintre de plein air, Pissarro aimait planter son chevalet un peu partout dans la campagne environnante. Il était très apprécié par ses amis peintres. « Ce fut un père pour moi. C’était un homme à consulter et quelque chose comme le bon Dieu. », dira de lui son ami Paul Cézanne.

 

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Camille Pissarro – route de Versailles Rocquencourt, 1871, Van Gogh Museum, Amsterdam

 

    Au 20e siècle, le journaliste et critique d’art Thadée Natanson rejoint la phrase de Cézanne et décrit ainsi le peintre :

« Est-ce parce qu’il était infaillible ? qu’il était infiniment juste et infiniment bon ? ou que son nez, qui proéminait, était courbé, sa barbe très blanche et très longue ? Mais pour ceux qui l’on connu dans les années 90, c’était bien quelque chose comme un bon Dieu. Du moins était-ce un Père Éternel avec des verrues, ce qui l’humanisait encore.

(…) Si heureux, si fins, si subtils parfois, si harmonieux toujours, que soient les paysages de l’invention de Pissarro, si avenantes et accortes que se meuvent et que peinent des laborieuses paysannes, auxquelles il conserve soigneusement leur naturel et qu’il se garde bien de jamais travestir – car, même dans les plus gracieux de ses éventails, ses ouvriers des champs sont aussi ressemblants que sont toujours ses quais ou ses boulevards, - si personnel enfin que reste en tout et partout un Pissarro, il se peut bien que la véritable originalité de l’homme soit dans la hardiesse et la sûreté de son discernement en peinture. »

 

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Camille Pissarro – Le jardin des Mathurins, 1876, Nelson-Atkins Museum of Art, Kansas City

 

 

 

    En 1868, Emile Zola est un jeune critique. Dans son Salon, il fait des commentaires magnifiques à un peintre sans aucun succès à cette période. J’en montre quelques extraits :

 

Emile Zola – « Mon Salon, Les naturalistes, 19 mai 1868 »

 

« Il y a neuf ans que Camille Pissarro expose, neuf ans qu’il montre à la critique et au public des toiles fortes et convaincues, sans que la critique ni le public aient daigné les apercevoir. Quelques salonniers ont bien voulu le citer dans une liste, comme ils citent tout le monde ; mais aucun d’eux n’a paru encore se douter qu’il y avait là un des talents les plus profonds et les plus graves de l’époque.

Le peintre, refusé à certains Salons, reçu à certains autres, n'a pu comprendre jusqu'à présent la règle à laquelle obéissait le jury en acceptant et en rejetant ses œuvres. Dès son début, il a été bien accueilli ; puis on l'a mis à la porte, puis on l'a laissé entrer de nouveau. Cependant les toiles restaient à peu près les mêmes, c'était toujours la même interprétation austère de la nature, le même tempérament d'artiste, au métier solide, aux vues larges et exactes. Il faut croire que le jury est comme une jolie femme : il ne prend que ce qui lui plaît, et ce qui lui plaît aujourd'hui ne lui plaît pas toujours demain.       ,

[…]

Au milieu des toiles pomponnées, les toiles de Camille Pissarro paraissent d’une nudité désolante. Pour les yeux inintelligents de la foule, habitués au clinquant des tableaux voisins, elles sont ternes, grises, mal léchées, grossières et rudes. L’artiste n’a de soucis que de vérité, que de conscience ; il se place devant un pan de nature, se donnant pour tâche d’interpréter les horizons dans leur largeur sévère, sans chercher à y mettre le moindre régal de son invention ; il n’est ni poète ni philosophe, mais simplement naturaliste, faiseur de cieux et de terrains. Rêvez si vous voulez, voilà ce qu’il a vu.

[…]

Il suffit de jeter un coup d’œil sur de pareilles œuvres pour comprendre qu’il y a un homme en elles, une personnalité droite et vigoureuse, incapable de mensonge, faisant de l’art une vérité pure et éternelle. Jamais cette main ne consentira à attifer comme une fille la rude nature, jamais elle ne s’oubliera dans les gentillesses écoeurantes des peintres-poètes. C’est avant tout la main d’un ouvrier, d’un homme vraiment peintre, qui met à bien toutes les forces de son être.

[…]

Camille Pissarro est un des trois ou quatre peintres de ce temps. Il possède la solidité et la largeur de touche, il peint grassement, suivant les traditions, comme les maîtres. J’ai rarement rencontré une science plus profonde. Un beau tableau de cet artiste est un acte d’honnête homme. Je ne saurais mieux définir son talent. »

Il a deux merveilles au Salon de cette année. Mais on les a placées si haut, si haut que personne ne les voit. D'ailleurs, elles seraient sur la cimaise qu'on ne les regarderait peut-être pas davantage. Cela est trop fort, trop simple, trop franc pour la foule.

Dans l'Hermitage, au premier plan, est un terrain qui s'élargit et s'enfonce ; au bout de ce terrain, se trouve un corps de bâtiment dans un bouquet de grands arbres. Rien de plus. Mais quelle terre vivante, quelle verdure pleine de sève, quel horizon vaste ! Après quelques minutes d'examen, j'ai cru voir la campagne s'ouvrir devant moi.

 

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Camille Pissarro – L’Hermitage à Pontoise, 1867, solomon R. Guggenheim Museum, New York

 

Je préfère peut-être encore l'autre toile, La Côte de Jallais. Un vallon, quelques maisons dont on aperçoit les toits au ras d'un sentier qui monte ; puis, de l'autre côté, au fond, un coteau coupé par les cultures en bandes vertes et brunes. C'est là la campagne moderne. On sent que l'homme a passé, fouillant le sol, le découpant, attristant les horizons. Et ce vallon, ce coteau sont d'une simplicité, d'une franchise héroïque. Rien ne serait plus banal si rien n'était plus grand. Le tempérament du peintre a tiré de la vérité ordinaire un rare poème de vie et de force.

 

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Camille Pissarro – La côte du Jallais, 1867, Metropolitan Museum of Art, New York

 

[…]

Il suffit que demain un critique autorisé lui trouve du talent, pour que la foule l'admire. Tout le monde a une heure de bruit mais ce que tout le monde n'a pas, c'est son métier puissant de peintre, c'est son œil juste et franc. Avec de telles qualités, lorsqu'une circonstance l'aura mis en lumière, il sera accepté comme un maître. Je ne sais si l'on voit bien cette figure haute et intéressante.
L'artiste est seul, convaincu, suivant sa voie, sans jamais se laisser abattre. Autour de lui, on décore les faiseurs, on achète leurs toiles. S'il consentait à mentir comme eux, il partagerait leur bonne fortune. Et il persiste dans l'indifférence publique, il reste l'amant fier et solitaire de la vérité. » 

 

     A la suite de compliments aussi somptueux, la cote du peintre aurait du s’envoler ! Ce ne sera pas le cas. Pissarro devra attendre… Dans les années 1890, l'artiste n’aura toujours pas, contrairement à Renoir ou Monet, obtenu la reconnaissance du public. En 1895, il écrira : « Je reste, avec Sisley, comme une queue de l’impressionnisme. »

 

 

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Camille Pissarro – Route, le soleil d’hiver et de la neige, 1870, Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid

 

 

     Régulièrement, l’artiste écrit de longues lettres affectueuses ponctuées de conseils sur la peinture et l’harmonie des couleurs à ses fils Lucien et Georges ainsi qu’à sa nièce Esther résidant à Londres. Je publie deux extraits de ces lettres dans lesquelles nous pouvons apprécier le ton direct, spontané et coloré de l’artiste.

 

Lettre à Georges Pissarro (fils du peintre) – Eragny par Gisors, Eure, le 31 janvier 1890

 

Mon cher Georges

[…] Comment veux-tu donc faire de l’harmonie si ce n’est avec des tons francs et séparés, où diable puises-tu ce sens nouveau ? Il est évident que si tu étales dans un dessin du vert Véronèse pur sous prétexte de faire de l’herbe, tu ne fais pas l’harmonie ; non plus si tu mélanges ce vert avec du rouge. Séparés, cela devient conforme à la nature et s’accorde. Les tons sales doivent être absolument bannis de nos combinaisons ; regarde les orientaux s’ils ne séparent pas les tons ; je comprends que l’on aime les tons sourds, mais à une condition, c’est que les éléments ne soient pas mélangés, tu le sais bien !...

D’un côté, on peut aimer les harmonies éclatantes, c’est une affaire de goût personnel. C’est absolument faux que l’orangé sur le bleu soit criard, dis-donc que c’est éclatant, à la bonne heure ! C’est comme un coup de trompette dans un orchestre, tu diras à cela que c’est du bruit, ah ! parbleu, c’est ce que l’on disait de Wagner. Il ne faut pas avoir de préjugé et voir clairement ce que l’on veut, sans cela on se fiche dedans carrément. Aves ces idées, tu dois penser si les peintres impressionnistes doivent avoir du mal à faire comprendre ce que c’est que l’harmonie qui ne se compose que de contrastes, sans cela c’est de l’UNISSON, c’est comme si l’on jouait tout avec la même note.

Je suis étonné d’être obligé de te dire ces choses que tu ne devrais jamais oublier !... Encore une chose, le bleu que tu signales n’est beau que parce qu’il y a de l’orangé à côté, le bleu par lui-même est laid, c’est de la toile à culotte, c’est justement le contraste qui rend cette couverture harmonique, diable ! diable !!!

 

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Camille Pissarro – Matin de juin à Pontoise, 1873, Staatliche Kunsthalle, Karlsruhe

 

 

Lettre à Esther Isaacson (nièce du peintre) – Eragny par Gisors, Eure, le 5 mai 1890

 

Ma chère Esther

[…]

Georges à tort de dire qu’une chose est mauvaise parce qu’il ne la sent pas, (fais attention que je n’emploie pas comme toi le mot comprendre), il y a un abîme pour un artiste entre sentir et comprendre. L’art en effet est l’expression de la pensée, mais aussi de la sensation, surtout de la sensation, que tu mets toujours au deuxième plan et que tu oublies même. A présent, dans ta deuxième proposition « chaque artiste doit s’exprimer à sa manière », oui, s’il a des sensations et que ces sensations si fugitives, si délicates, ne sont pas troublées par une circonstance quelconque.

 […] Tu sais que cette question de l’éducation est tout ce qu’il y a de plus compliqué ; peinture,pissarro,impressionnismeon ne peut poser des maximes, chaque personnalité ayant des sensations différentes. Dans toutes les écoles on apprend à faire de l’art, c’est une vaste erreur, on apprend à exécuter, mais faire de l’art, jamais !...

J’ai commencé à comprendre mes sensations, à savoir ce que je voulais, vers les quarante ans, sans pouvoir la rendre ; à cinquante ans, c’est en 1880, je formule l’idée d’unité, sans pouvoir la rendre ; à soixante ans, je commence à voir la possibilité de rendre. Eh bien, crois-tu que cela s’apprend ?

 

Camille Pissarro – Jeanne Pissarro, 1874, Ashmolean Museum, Université d’Oxford

 

 

 

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Camille Pissarro – Le verger, Louveciennes, 1872, National Gallery of Art, Washington

 

 

 

     Après la mort de Camille Pissarro, Octave Mirbeau décrira son ami :

 

« Un travailleur infatigable et pacifique, un chercheur éternel du mieux, un large esprit ouvert à toutes les idées d’affranchissement, un homme d’exquise bonté, et, je puis le dire, en dépit des difficultés qui accompagnèrent sa vie, un homme heureux… Il fut heureux simplement parce que, durant les 73 années qu’il vécut, il eut une noble et forte passion : le travail. »

 

 

Commentaires

  • Je ne te remercierai jamais assez de m'avoir fait découvrir en 2016, Alain, cette autre facette d'Émile Zola sur laquelle, à vrai dire, je ne m'étais jamais attardé outre mesure. Et je me demande si je ne vais pas m'offrir à nouveau cet exemplaire de ses "Écrits sur l'art" dans la collection Tel chez Gallimard tellement celui que j'ai acheté en janvier de cette année-là sur tes conseils, lu, relu et "trituré", se présente maintenant, deux ans après, dans un bien triste état de déliquescence avancée ...

    Merci d'avoir ici proposé plusieurs extraits dédiés à Pissarro, remarquables dans leur écriture, de l'article "Les Naturalistes" : si besoin en était encore, ils mettent magistralement en lumière le talent de ce peintre qu'après le très court ppassage que j'avais inséré dans mon commentaire de la semaine dernière à propos de Sisley, l'on aurait pu croire moins apprécié par Zola ...

  • Je ne sais pas, Richard, quel est l’exemplaire que tu as acheté des « Ecrits sur l’art » de Zola, mais le mien est bien celui de Gallimard de la collection Tel. Il est parfait.
    Il est vrai que l’article de Zola sur Camille Pissarro était exceptionnel, et une aubaine pour celui-ci, vilipendé par les critiques et le public comme ses amis, et, évidemment, sans aucun succès.
    Depuis ses débuts comme critique d’art, Zola s’était fait le grand défenseur des impressionnistes qu’il fréquentait. Son talent d’écrivain, la puissance de ses écrits et la notoriété de ses romans à partir des années 1870, furent pour beaucoup dans la connaissance puis la reconnaissance ensuite de ceux-ci. Certains, comme Pissarro, Sisley ou Cézanne n’en profitèrent que très tard.
    Cette proximité avec la critique d’art profitera d’ailleurs à sa démarche littéraire.
    En mai 1896, il publie, une dernière fois dans « Le Figaro ». J’aime bien la fin de son beau texte :
    « Non, j'ai fait ma tâche, j'ai combattu le bon combat. J'avais vingt-six ans, j'étais avec les jeunes et avec les braves. Ce que j'ai défendu, je le défendrais encore, car c'était l'audace du moment, le drapeau qu'il s'agissait de planter sur les terres ennemies. Nous avions raison, parce que nous étions l'enthousiasme et la foi. Si peu que nous ayons fait de vérité, elle est aujourd'hui acquise. Et, si la voie ouverte est devenue banale, c'est que nous l'avons élargie, pour que l'art d'un moment puisse y passer.
    Et puis, les maîtres restent. D'autres viendront dans des voies nouvelles; mais tous ceux qui ont déterminé l'évolution d'une époque demeurent, sur les ruines de leurs écoles. Et il n'y a décidément que les créateurs qui triomphent, les faiseurs d'hommes, le génie qui enfante, qui fait de la vie et de la vérité ! »

  • J'ai beaucoup aimé la lettre que Pissarro à écrit sa nièce et j'aime aussi lire Emile Zola bien sur car il ne fait guère de "ronds de jambes" dans ses chroniques!! En revanche, tu as bien d'illustrer celle-ci avec "la côte du Jallais " et "l'Hermitage" car on on peut se rendre compte combien le goût du public est capricieux!!ces deux merveilles ne furent pas aimés à leur juste valeur!!!Bisous Fan

  • Les deux toiles de Pissarro dont parle Zola dans son article de 1868 sont toutes simples, bien à l’image de ce vieux sage de Pissarro (il était jeune à l’époque). Zola les avait aperçues accrochées en haut d’un mur de l’expo où elles devaient détonner par rapport aux peintures proches.
    Ce que j’aime dans la lettre de Pissarro à sa nièce est la fin dans laquelle il explique que, seulement à 60 ans, il commençait à voir la possibilité de rendre ses sensations. J’ai remarqué que les grands artistes disent souvent, en fin de carrière, qu’ils commencent à comprendre leur art. Monet le disait lui aussi sur la fin de sa vie.
    Belle fin de journée, Fan.

  • 60 ans semble être un âge de plénitude pour les peintres, tu te rappelles Picasso "Quand j'étais enfant, je dessinais comme Raphaël mais il m'a fallu toute une vie pour apprendre à dessiner comme un enfant." le temps sans doute de se dégager des influences et accepter sa voie .
    Ces tableaux là sont imprégnés de naturalisme, et je suis bien contente de le vérifier en découvrant qu'il a été élève de Corot.
    Zola lui même était aussi "vrai" et sincère que le peintre, et ses opinions vigoureuses (et prophétiques) ne devaient pas lui faire que des amis " les yeux inintelligents de la foule, habitués au clinquant"...Bonne semaine, Alain

  • 60 ans est le bon âge pour faire le point, et plus particulièrement pour les artistes qui sont toujours insatisfaits de leur travail.
    Pissarro était un véritable naturaliste, de la lignée des Corot avec lequel il étudia, et surtout Millet et Daubigny dont les thèmes étaient également ruraux.
    Zola était un monstre envers ceux qu’il n’aimait pas. Et ils étaient nombreux. Je donne quelques extraits de ceux qui lui déplaisaient :
    Le ministère des Beaux-Arts, des incapables ; les élèves de l’école de Rome, vides et plat à faire peur à leur sortie ; Bonnat qui alourdit d’une façon extraordinaire tout ce qu’il reproduit, peignant avec du mortier. Pérignon faisant des portraits bon à coller sur des boîtes de chocolat ; le pauvre Emile Signol, élève de Gros : « Regardez ses tableaux, vous estimerez que c’est une plaisanterie. Je devine que Signol n’est plus jeune. Mais, mon Dieu, quel châtiment, si la peinture académique conduit un homme à un ramollissement pareil ! Oui c’est proprement le Charenton de l’art. »
    Mais ceux qu’il n’aimait vraiment pas sont les peintres Académiques Cabanel, Bouguereau et Gérôme qui collectionnaient les honneurs et les médailles, et faisaient fortune : « les toiles de Cabanel et Bouguereau, le triomphe de la propreté en peinture, unis comme une glace dans lesquels les dames peuvent se coiffer. »
    « Gérôme, sa peinture est mesquine, proprette, luisante, sans aucune individualité. Un pareil art n’est qu’une amusette. Il ne se doute même pas que l’art puisse avoir sa grandeur. (…) Ces détails anecdotiques, une observation mesquine qui éblouit et réjouit le bourgeois qui se pâme d’admiration. »
    " Cabanel ne peint que des duchesses et marquises. Vous pouvez allumer tous les lustres, le tableau restera éteint. »
    Belle journée Emma.

  • J'ai une tendresse particulière pour Pissarro que je vois toujours en patriarche (même s'il a été jeune !). D'après ce que j'ai pu lire sur lui, je pense qu'il était un travailleur acharné, un homme bon, modeste, toujours prêt à aider, à apprendre aussi
    Parce que je l'aimais déjà (j'avais acheté le livre de son arrière-petit fils Joachim Pissarro) , j'ai choisi de reproduire "l'entrée du village de Voisins" (travail sur l'impressionnisme à l'école d'arts plastiques sur l'impressionnisme). C'est à partir de là que j'ai eu envie de retrouver ce lieu (on reconnaît parfaitement l'endroit) et de faire un dossier photos sur les lieux fréquentés par les peintres.
    Au musée de Vernon près de Giverny une salle a attiré mon attention. Elle présentait le travail de Georges Manzana-Pissarro (arts décoratifs). Et me voilà repartie dans mes recherches pour savoir s'il avait un lien de parenté avec Camille et j'ai découvert cette famille d'artistes : plusieurs descendants de Camille Pissarro ont choisi de suivre l'exemple de leur aïeul.
    Bien entendu en 2017, j'ai eu le plaisir de voir la rétrospective du musée Marmottan qui retraçait l'ensemble de sa carrière

  • Vous avez fait un beau parcours sur les pas de Pissarro et les lieux qu’il fréquentait. J’avais fait la même chose pour Van Gogh à Auvers-sur-Oise. Cela permet de s’imprégner de l’artiste.
    Je ne connais pas les descendants de l’artiste en dehors de ses enfants et sa nièce. Ce qui est curieux est que le Georges Manzana Pissarro que vous avez rencontré à Vernon est bien le même Georges, fils de Camille, dont je reproduis dans l’article la lettre que lui adresse son père.
    Beau travail de recherche. Je regrette de n’avoir pas vu l’expo récente sur Pissarro à Marmottan.
    Belle journée.

  • Tu dois avoir une bibliothèque impressionnante... J'adore découvrir d'autres aspects des peintres que j'aime.
    Merci pour tes pages, Alain.
    Passe une douce soirée.

  • Oui, ma bibliothèque se remplit régulièrement avec le temps. Le plus souvent sur la peinture. J’aimerais faire plus sur la littérature où la poésie, mais, du fait de difficultés visuelles depuis quelques années, je réserve ma vision aux peintres. Ils me le rendent bien et m’apportent beaucoup. Je trouve constamment des documents nouveaux les concernant.
    Cela te permet ainsi de découvrir d’autres aspects de ceux-ci…
    Belle journée hivernale.

  • Bonsoir Alain,
    J'aime énormément Sisley mais j'aime aussi beaucoup Pissarro... Son regard enveloppant sur un lieu, comme s'il nous offrait de contempler et de ressentir l'âme du lieu en question à travers la vibration des couleurs, la détermination de la touche... L'attitude du « public » est étonnante bien souvent... Pourquoi certains artistes n'ont-ils pas la reconnaissance qu'ils méritent ? Pourquoi certains doivent-ils attendre plus longtemps que d'autres ou ne jamais rien voir venir ? Acidité de la vie, action énigmatique du Destin... En tous cas, les œuvres de Pissarro me happent, elles sont comme un voyage à travers l'intense douceur du temps qui s'écoule à un rythme que l'artiste nous laisse envisager.
    Le Verger, particulièrement, m'enveloppe de sa lumière enchantée...
    Merci pour votre très bel article, remarquablement documenté. Il s'agit toujours d'un plaisir intense de lecture et d'une mosaïque d'instants choisis qui me ravit.

    Merci beaucoup, également, pour votre commentaire, je peux vous assurer qu'il m'a beaucoup touchée... Chaque article me demande en effet beaucoup de temps, des dizaines d'heures... Quand j'ai la sensation que cela me prend trop d'énergie, je laisse passer quelques jours et je reprends ensuite. Quant aux photos, je ne les retouche jamais, j'aime qu'elles reflètent ce que mon regard a perçu, l'émotion de l'instant. Merci pour vos pensées.
    Je vous souhaite une belle soirée et vous réitère la joie que j'ai eue à lire votre texte si richement illustré.
    Bien amicalement,
    Cendrine

  • Sisley, Pissarro… Je les associe souvent. Je trouve beaucoup de convergences entre eux dans leur représentation de paysages ruraux. Peut-être aussi une forme de simplicité, une recherche d’émotion pure, naturelle, qui les réunit dans leur travail.
    Ensemble, ils ne connaîtront la reconnaissance qu’assez tard. Les goûts de la clientèle, essentiellement bourgeoise, n’étaient pas encore prêts pour eux. Cela commencera à s’améliorer lorsque leur marchand Durand-Ruel, vers la fin des années 1880 se tournera vers les clientèles étrangères et s’installera aux Etats-Unis. Le succès et la montée de leur cote allaient s’amorcer.
    Toutes les toiles que j’ai montrées dans cet article sont des tableaux de jeunesse, ceux que je préfère chez Pissarro et les impressionnistes.
    J’ai effectivement apprécié votre dernier article sur le musée Grévin. Un gros travail comme tous vos articles sur lesquels votre temps ne doit pas être compté. Vos photos sont souvent impressionnantes. Vous avez raison de ne pas les retoucher pour garder leur naturel. Et puis cela demanderait encore plus de temps. De toute façon les appareils modernes font maintenant d’excellentes photos.
    Merci de nous faire revivre en direct ces lieux parisiens comme si nous étions nous-mêmes sur place.
    Belle fin de journée.

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