Philipp Alexius de Laszlo - La comtesse Anna de Noailles, 1913, musée d’Orsay, Paris
Plus petit ? Difficile ! Se glisse dans une poche de jeans ? Sans aucun problème ! S’instruire en se promenant en forêt ? Sans aucun doute ! Découvrir des poétesses françaises oubliées ? Oui, nombreuses, du Moyen âge au 21e siècle dans cette "Petite Anthologie des Poétesses Françaises" !
À travers les siècles, la poésie et l’art ont été constamment réservés aux hommes.
Les poétesses ont été redécouvertes progressivement au 19e siècle. Pourtant elles étaient nombreuses, mais leur talent était peu reconnu, la société n’étant pas disposée à laisser une place à leur sensibilité, leur point de vue sur l’amour, le désir, la vieillesse, la mort, tout simplement la vie.
J’ai aimé ce petit livre qui a permis de sortir de l’oubli plusieurs poétesses de talent. La plupart m’étaient inconnues. J’ai découvert leurs voix et leurs vers. Ce sont le plus souvent des poèmes d’amour. Certaines m’étaient déjà familières : Marceline Desbordes-Valmore, Anne de Noailles. Je vous en donne quelques extraits :
Enluminure – 1290
Au moyen âge, dans les années 1200, Marie de France m’a interpellé en utilisant le vieux français de cette époque qui m’a plu. Elle reçoit la visite d’un oiseau se transformant en beau chevalier :
« Jeo vus ai lunguement amé/E en mun quo desiré/Unques femme fors vus n’amai/Ne jamés autre ne amerai ». Traduit :
« Ça fait longtemps que je vous aime
Et vous désire dans mon cœur
Aucune autre femme que vous
Jamais n’aimai ni n’aimerai. »
Louis Labé - gravure Pierre Woeiriot, 1555
Louise Labé, en 1555, nous fait toucher du doigt l’amour au féminin, langue novatrice. Beaucoup de lycéens connaissent cette poétesse que l’on surnommait « la belle Cordière ». Attention ce n’est pas érotique, baiser voulait dire embrasser :
« Baise m’encor, rebaise-moi et baise ;
Donne m’en un de tes plus savoureux,
Donne m’en un de tes plus amoureux :
Je te rendrai quatre plus chauds que braise. »
Portrait de madame de Scudéry - bibliothèque Le Havre 1650
En 1652, Madeleine de Scudéry crée son propre salon où se pressent de grands écrivains.
« Madrigal à une jeune demoiselle »
« Fuyez ce charmant séducteur
C’est un plaisir funeste
L’oreille est le chemin du cœur
Et le cœur l’est du reste. »
Marie-Catherine-Hortense de Villedieu, en 1672, met autant de talent à vivre sans pruderie ses amours, lui attirant autant d’ennemis que ses succès littéraires :
« Aujourd’hui dans tes bras j’ai demeuré pâmée
Aujourd’hui, cher Tirsis, ton amoureuse ardeur
Triomphe impunément de toute ma pudeur
Et je cède aux transports dont mon âme est charmée. »
Élisa Mercoeur – Augustin Belin
Élisa Mercoeur, en 1826, météore de la poésie française, meurt à 26 ans. « La feuille flétrie »
« Pourquoi tomber déjà, feuille jaune et flétrie ?
J’aimais ton doux aspect dans ce triste vallon
Un printemps, un été, furent toute ta vie
Et tu vas sommeiller sur le pâle gazon. »
Louise de Vilmorin
Louise de Vilmorin, au 20e, ancienne amante de Saint-Exupéry, puis d’André Malraux, femme de lettre élégante et brillante accueillait dans son salon les plus grands intellectuels :
« Je l’aime un peu, beaucoup, passionnément,
Un peu c’est rare et beaucoup tout le temps.
Passionnément est dans tout mouvement :
Il est caché sous cet : un peu, bien sage
Et dans : beaucoup il bat sous mon corsage.
Passionnément ne dort pas davantage
Que mon amour aux pieds de mon amant
Et que ma lèvre en baisant son visage. »
Aujourd’hui, les femmes poétesses existent pour elles-mêmes. Rien que sur le réseau littéraire Babelio, elles sont nombreuses comme auteures. J’ai déjà critiqué certaines d’entre elles : Maryna Uzun, Marl’Aime, Parme Ceriset, Carmen Pen Ar Run, Francette lg ou Marthe Englebert, une amie disparue récemment qui avait un cœur énorme.
Commentaires
Oh, les femmes de 2023 vont êtes ravies que tu remettes à l'honneur les poétesse d'avant!!! J'espère que tu vas bien!!Bisous Fan
Ces femmes poétesses étaient très nombreuses, mais les siècles anciens étaient dominés par les hommes. Celles qui sont dans le livre étaient excellentes. Actuellement, sur FB, plusieurs poétesses sont de qualité. J’en ai chroniqué plusieurs.
Cela va Fan. J’ai eu des problèmes de douleurs oculaires cet hiver. J’ai trop forcé en écrivant une biographie de Claude Monet et Camille dans les débuts de l’impressionnisme naissant. Je le publierai le mois prochain pour le plaisir chez BOD.
J’espère que tu vas bien toi aussi dans ce climat méditerranéen qui est plus agréable que le nôtre qui n’incite pas à la flânerie. Le temps passe vite, Fan, depuis nos premiers écrits. La vie est trop courte pour faire ce qu’il nous reste à faire.
Amitiés.