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La collection Beistegui au Louvre

 

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     Que deviendrait le Louvre sans ses nombreux donateurs qui permettent au musée de s’agrandir et d’exister ?

    Carlos de Beistegui en fait partie. Grand amoureux de la peinture il plaçait en premier le genre du portrait. Héritier d’une fortune importante, il constitua lentement auprès de grands marchands parisiens une collection d’une grande richesse.

     Il donna sa collection à l’État français en 1942. Celle-ci fut acquise définitivement par le Louvre en 1953. Pour les habitués du Louvre, on peut la trouver cachée dans une petite salle, dans le passage Mollien qui mène à la Grande Galerie.

 

 

     Plusieurs chefs-d’œuvre de grande qualité sont présents dans cette collection Beistegui dont une peinture de Goya « La Comtesse del Carpio, marquise de la Solana » qui est considérée comme la perle de la collection.

 

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Francisco de Goya y Lucientes - La Comtesse del Carpio, marquise de la Solana, 1794, musée du Louvre, Paris

 

     Le propriétaire ne voulant s’en défaire à aucun prix, Beistegui parvint finalement à l’acquérir après la mort de celui-ci pour une très grosse somme.

     Grande dame de la cour du roi d’Espagne, femme de lettres âgée de 38 ans, Goya, en maître portraitiste, restitue sa silhouette gracile et les traits ingrats d’une femme malade qui se savait condamnée. Il lui restait un an à vivre. Le peintre lui donne un charme accentué par des touches rapides, symphonie de gris et des fameux noirs de Goya. Un nœud de ruban rose, immense, appelé « caramba », coiffure à la mode en Espagne à la fin du 18e siècle, semble éclairer le visage.

     A l’entrée de la collection en 1945 au Louvre, un journaliste trace un croquis de la toile dans le journal Le Monde : « Cette femme n’est pas jolie, elle a même l’air d’une peste malgré sa mantille pudique et la retenue hypocrite de son éventail. Mais sur sa personne joue des gris souverains, des satins argentés, et parmi ses cheveux, oh génie ! l’audace d’un nœud rose. »

 

     Plusieurs autres chefs-d’œuvre sont particulièrement intéressants :

— « Madame Isaac Cuthbert » de Thomas Lawrence : un gracieux portrait de femme feuilletant un volume des poèmes de William Cowper.

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Thomas Lawrence - Madame Isaac Cuthbert, 1817, musée du Louvre, Paris

 

— Le très important portrait inachevé « Le Général Bonaparte » de Jacques Louis David : Seul la tête et le haut des épaules sont esquissés. Ce portrait de jeunesse est souvent représenté dans les livres sur Napoléon.

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Jacques Louis David - Le général Bonaparte, 1798 , musée du Louvre, Paris

 

— « Portrait de Charles Jérôme Bréa » par Jean Honoré Fragonard : la touche nerveuse et rapide du maître inspira les impressionnistes, dont Renoir qui s’en sentait proche.

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Jean Honoré Fragonard - Portrait de Charles Paul Jérôme Bréa, 1769 , musée du Louvre, Paris


— « La mort de Didon » de Pierre Paul Rubens : Une peinture monumentale particulièrement représentative des nus débordant de sensualité des robustes femmes flamandes peintes pas l'artiste.

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Pierre Paul Rubens - La mort de Didon, 1636, musée du Louvre, Paris

 

— « Madame de Verninac » de Jacques Louis David : L’expression lointaine, 17 ans seulement, assise sur une chaise en acajou, la jeune femme se présente comme une vestale habillée d’une tunique à la romaine découvrant les épaules. C’est un des costumes officiels du temps de la Convention. La femme respire, se libère, bien souvent très dénudée. Le drapé fluide de sa longue robe blanche vibre de lumière. Ce tableau de la sœur ainée du peintre Delacroix qu'il aimait tendrement resta dans son appartement jusqu’à sa mort.

 

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Jacques Louis David - Portrait de madame de Verninac, 1799, musée du Louvre, Paris

 

Je profite de cet article pour signaler que « La Belle Jardinière » de Raphaël a été restaurée à l'occasion des 500 ans de la mort de l'artiste. Elle est considérée comme la plus accomplie des nombreuses madones du peintre. Lorsque je la voyais au Louvre, je la trouvais très belle mais un peu terne, la restauration lui a donné une nouvelle vie : « Le ciel a retrouvé sa teinte d’un bleu lapis-lazuli éclatant, sur lequel le visage blanc et rose de la Vierge se détache avec davantage de relief. Toutes les carnations ont regagné leur éclat divin. La technique picturale virtuose du maître s’impose à nouveau, avec sa matière souple et généreuse et sa palette lumineuse. – Vincent Delieuvin »

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Raphaël - La Belle Jardinière, 1508, musée du Louvre, Paris

 

Comment ne pas penser à la récente éblouissante restauration de la Sainte-Anne de Léonard de Vinci de la même période : la toile avait retrouvé ses transparences dans les robes et les voilages, ses teintes vives et froides. Les bleus de lapis-lazuli s’exprimaient à nouveau. L’exquis modelé des figures apparaissait dans son état de fraicheur initial.

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Léonard de Vinci - Sainte Anne, 1513, musée du Louvre, Paris

 

 

Commentaires

  • Indépendamment des restaurations sur lesquelles tu termines ton article, Alain, j'épinglerai ici avant tout l'hommage que tu rends à Carlos de Beistegui en nous présentant quelques-uns des chefs d'oeuvre de sa collection de peintures. Et à travers lui, à beaucoup d'autres.généreux donateurs sans lesquels le Musée ne serait pas ce qu'il est. Quand je tenais mon blog d'égyptologie, je croisai régulièrement le nom de certains d'entre eux indiqué sur les petits cartels accompagnant les objets exposés. Il existe d'ailleurs au sein du Musée un espace où leurs noms sont gravés en lettres d'or ...

  • Tous ces dons ont grandement enrichi les collections du Louvre. Je pense, entre autres, aux salles impressionnistes qui seraient bien vides sans de nombreuses donations. Je pense à Paul Gachet ou Michel Monet.
    Cela me fait rappeler qu’en 2010, j’avais participé à la campagne pour l’acquisition des « Trois Grâces » de Lucas Cranach qui est désormais au sein du département des peintures. 7200 donateurs avaient participé et leurs noms devaient être inscrits sur une plaque à la cérémonie d’entrée de l’œuvre. Le plus drôle est que je m’aperçois ce matin, je ne suis pas curieux, sur le site du Louvre que la liste des donateurs est indiquée par ordre alphabétique. J’y figure avec les chaleureux remerciements du Louvre !

  • Outre la présentation de ces oeuvres exposées par ce fameux Carlos de Beistegui , je suis agréablement surprise des couleurs après réfection des tableaux bien connus de Raphaël et Léonard de Vinci!! D'autres part, la vie du donateur que tu cites est pour le moins, intéressante à découvrir!! Merci Alain Bisous Fan

  • Décidément, une nouvelle fois, je n’avais pas été alerté de ton commentaire.
    Les donateurs sont essentiels pour les musées qui s’enrichissent de tous ces dons. Celui de Beistegui était d’un haut niveau, en particulier son Goya.
    Depuis quelques années les grands musées comme le Louvre et Orsay entreprennent des restaurations d’œuvres anciennes qui en avaient besoin. On peut dire que c’est une réussite. Les Raphaël et Vinci sont magnifiques, presque semblables aux œuvres que voyaient les artistes il y a plusieurs siècles.
    « L’atelier du peintre » de Courbet a été également très réussi à Orsay.
    Belle journée Fan

  • Très belle collection... je connaissais la plupart des tableaux mais je continue d'apprendre en passant chez toi, merci !
    Passe une douce journée.

  • Il est plus facile aujourd’hui de voir les tableaux sur écran afin d’éviter les contraintes de la crise sanitaire qui ont vidé les musées. Ceux-ci font également un gros effort sur leurs sites pour permettre la visite de leurs collections.
    Merci de ton passage.
    Très belle journée.

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