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3. Autres grands pastellistes de l'exposition du Louvre

 

     Je continue ma visite de l’exposition « PASTELS du Musée du Louvre 17e et 18e siècles » qui s’est terminée le 10 septembre dernier.

     Les deux premiers articles étaient consacrés aux célèbres pastellistes Rosalba Carriera et Maurice Quentin de La Tour. Dans ce troisième article et un quatrième article prochain, je montre un aperçu de mes préférés parmi les autres pastellistes exposés.

 

 

Jean-Marc NATTIER

 

    Jean-Marc Nattier consacra une grande partie de sa vie professionnelle aux portraits, en particulier ceux des dames de la cour de Louis XV qui appréciaient ces charmantes représentations qui les embellissaient.

   Qui peut être cette jolie jeune femme ? Il s’agit du seul pastel de Nattier possédé par le Louvre. L’heureux contraste entre la carnation rosé et les rubans bleutés du visage légèrement incliné, le regard tourné vers nous, en font un des superbes portraits du musée.

 

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Jean-Marc Nattier – Buste de jeune femme, vue de trois quarts, 1744, musée du Louvre

 

 

 

Élisabeth Louise VIGÉE LE BRUN

 

     J’admire le travail d’Élisabeth Louise Vigée Le Brun. A 23 ans, son talent de portraitiste lui avait permis de devenir le peintre officiel de la reine de France Marie-Antoinette dont elle fit de nombreux portraits. Grâce à l’intervention de celle-ci, en 1783, l’Académie royale de peinture la recevra ce qui confirmera son appartenance officielle à l’élite artistique française.

     L’exposition du Louvre comporte peu de pastels de l’artiste. Le musée vient d’acquérir en 2015 deux portraits pastellés peints en 1779 qui comprenaient plusieurs versions faites au pastel et à l’huile. Les deux pastels ci-dessous sont des répliques des deux portraits originaux qui avaient été peints au pastel.

     Ces deux pastels commandés par le duc d’Orléans, petit-fils du Régent, le « gros duc » comme on l’appelait en raison de son embonpoint, voulait diffuser l’image officielle du couple qu’il formait depuis son mariage en 1772 avec sa maitresse la marquise de Montesson. Celle-ci, devenue l’épouse du premier prince de sang, n’obtint pas de Louis XV la possibilité d’obtenir le titre et le rang de princesse.

     Les plus beaux pastels d’Elisabeth Vigée Le Brun sont pour la plupart présents dans des musées français autres que le Louvre, ou à l’étranger. Les deux magnifiques Autoportraits de l’artiste avec sa fille que tout le monde peut admirer au Louvre sont des peintures à l’huile et ne sont donc pas dans l’exposition qui nous intéresse.

 

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Élisabeth Louise Vigée Le Brun – Duc Louis-Philippe d’Orléans, 1779, musée du Louvre

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Élisabeth Louise Vigée Le Brun – Marquise de Montesson, 1779, musée du Louvre

 

Adélaïde LABILLE-GUIARD

 

     Cette femme peintre fut étonnamment reçue à l’Académie royale de peinture le 31 mai 1783, le même jour que sa grande rivale Élisabeth Louise Vigée Le Brun. Le comte d’Angiviller, directeur des bâtiments, écrivait au roi Louis XVI :

« Admission de dames à l’Académie. L’Académie royale de peinture s’est empressée à témoigner sa soumission aux désirs de la Reine en recevant tout de suite madame Le Brun, sans la soumettre aux épreuves ordinaires, attendu la connaissance qu’elle avait de son talent. Dans la même Assemblée, l’Académie a examiné les ouvrages d’une autre femme, madame Guyard, qui a beaucoup de talent ; elle l’a d’abord agréée et sur le vue d’un nouveau tableau, elle l’a admise, sauf l’approbation de Votre Majesté, au nombre des Académiciens, ce qui remplit le nombre de quatre auquel Votre Majesté a jugé à propos de fixer celui des femmes dans l’Académie. »

     Le 7 juin 1783, Adélaïde prenait place pour la première fois parmi l’assemblée de l’Académie et était officiellement reçue après confirmation du roi. Le portrait du sculpteur Pajou avait été choisi comme son premier morceau de réception. 

 

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Adélaïde Labille-Guiard – Augustin Pajou modelant le buste de Jean-Baptiste Lemoine, 1783, musée du Louvre

 

Louis VIGÉE

 

    Très admirative de son père, Elisabeth Louise Vigée Le Brun écrivait dans ses mémoires qu’il peignait fort bien au pastel et qu’il y avait même des œuvres de lui qui seraient dignes du « fameux Latour ».

     Dans le pastel ci-dessous Louis Vigée a été inspiré par le fameux tableau de Rosalba Carriera Nymphe de la suite d’Apollon qu’elle envoya comme morceau de réception à l’Académie Royale de Peinture (je l’ai montré dans mon premier article se rapportant à Rosalba Carriera). Il reprend l’ovale du visage, le bras et la main droite. Ce pastel est l’un des plus réussi du peintre dans lequel il représente la petite fille de Jean Racine.

 

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Louis Vigée – Anne Mirleau de Neuville des Radrets, née Racine, 1746, musée du Louvre

 

 

Joseph DUCREUX

 

     Joseph Ducreux, pastelliste de talent formé par Maurice Quentin La Tour, présente la particularité de s’être rendu à Vienne pour faire un portrait de Marie-Antoinette à l’occasion du mariage du dauphin, futur Louis XVI, avec la plus jeune des filles de Marie-Thérèse d’Autriche. Louis XV ayant été très satisfait de la beauté de la jeune fille, ce portrait aida le peintre dans sa carrière à venir.

     Il a peint au pastel, ci-dessous, un magnifique portrait d’une dame âgée. Le bas de la toile est resté esquissé mais le peintre a superbement saisi le regard d’une grande humanité de la personne.

 

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Joseph Ducreux – Dame âgée, coiffée d’un bonnet de dentelle, musée du Louvre

 

 

Commentaires

  • Magnifique!
    Je les admire tous aussi ces artistes, ils étaient dans ma thèse, je ne pourrais les oublier tant ils m'ont accompagnée au fil des années...
    Il y a quelque chose de doux et de mystérieux dans les nacres du pastel et une force d'exécution bien particulière qui palpite dans les yeux des personnages
    Merci pour ce partage Alain, je n'insiste pas davantage en écriture, blessée à la main droite (et droitière...) avec un morceau de verre il y a quelques jours, du coup, pas simple de "bloguer"
    Amitiés et bon week-end
    Cendrine

  • Votre thèse de doctorat d’histoire de l’art a du être passionnante à faire car ce 18e en peinture est éblouissant par la qualité de ses peintres.
    La douceur et le velouté du pastel me font toujours craquer lorsque les peintres atteignent un tel niveau. Je connais la difficulté engendrée par cette technique qui demande une grande maitrise dans le geste.
    En parlant de geste, je reconnais que sans sa main droite le handicap est grand. Il va falloir guérir ça rapidement car c’est foutu pour les travaux qui demandent de la dextérité : peinture, photo, bloguage…
    Belle journée Cendrine

  • Bonsoir Cher Alain,

    Cela fait longtemps que je n'ai pas posté ici... Je recopie mon commentaire laissé sur facebook.

    Merci pour ce nouveau partage Alain. Je suis particulièrement fascinée par la luminosité des "satins" de chemise du duc et de la robe de la marquise des oeuvres de Élisabeth Louise Vigée Le Brun ! La technique de Joseph Ducreux est intéressante également : le réalisme parfait des traits du visage allié à l'esquisse de sa tenue... surprenant mais très réussi.

    Amicalement,
    J.

  • Une agréable surprise… C’est étonnant car je viens cette semaine de te laisser un petit commentaire sur ton excellente nouvelle « La petite fille en rose pâle » écrite et lue avec une belle sensibilité sur Litterature Audio.
    Elisabeth Vigée Le Brun est l’un des grands talents de ce 18e en or en France. Je suis toujours en admiration devant ses magnifiques autoportraits à l’huile avec sa fille que j’ai déjà montré dans d’autres articles. Malheureusement, le Louvre ne possède que ces deux pastels qui montrent sa grande qualité de pastelliste.
    Ducreux s’attachait avant tout à l’expression du visage et cette dame âgée est une réussite. Il posait les tons de fond puis les éclaircissait par des rehauts de rose. Superbe !
    J’ai prévu pour cette rentrée 5 articles sur le pastel qui est la technique que je préfère et que j’ai pratiquée. Si tu as le temps de venir voir le 5ème article dans une quinzaine de jour, je montrerai deux de mes tableaux dans l’article.
    Merci de ton passage. Bonjour à « Tata Odette » que tu vas bientôt jouer sur les planches.
    Belle journée Esperiidae.

  • Bonjour Alain,

    Oh mais je n'ai pas vu que tu as laissé un commentaire sur La petite fille en rose pâle! J'irai regarder dès après ce message! Je délaisse un peu litteratureaudio ces dernière semaines... Je prendrai le temps pour venir te lire et admirer tes tableaux, je me réjouis! Merci pour ta pensée pour Tata Odette. Elle se porte bien... ou plutôt son fantôme se porte bien...

  • Tu décris parfaitement dans L.A. cette petite fille en rose râle imprégnée de silences et illuminée par ce regard dans lequel se reflètent des bribes de vie. Je comprends que tu la gardes dans tes souvenirs. On ne peut l'oublier.
    Tu est très prise ces temps-ci et le théâtre demande un gros travail de préparation pour être au top le jour J, surtout avec Tata Odette...
    Mes tableaux... Ce n'est pas grand chose. J'en montrerai deux parce que l'on me l'a demandé. Même au pastel je garde ce style impressionniste que j'aime, alors que la touche divisée des avants-gardistes de l'époque n'est pas facile avec la technique du pastel.
    A bientôt.

  • Très beau choix de pastels!!Merci de me faire connaître Joseph Ducreux, Louis Vigée, et Adélaïde LABILLE-GUIARD!! des grands talents pastellistes!! Cette Adélaïde me laisse sans voix, ce tableau présenté est magnifique!! Bisous Fan

  • Ducreux était un grand peintre qui peignait essentiellement à l’huile. J’ai montré Louis Vigée car il est le père de la grande Elisabeth Vigée Le Brun, mais il n’avait pas son talent.
    Quand à Adélaïde Labille-Guiard, collègue d’Elisabeth, elle partageait avec elle les qualités de ces jeunes femmes qui tentaient de s’immiscer dans ce monde masculin fermé de la grande peinture.
    Ces pastels superbement ressemblant et exprimant parfaitement l’expression des personnages lui valurent une grande notoriété. Elle peignait le plus souvent des hommes. Ce n’était pas un hasard car, voulant rentrer à l’Académie royale de peinture, elle s’obstinait à représenter les membres masculins de cette Académie. Ces différents portraits, tous aussi bons que celui du sculpteur Pajou, aidèrent beaucoup à sa réception à L’Académie. Cela lui valut, bien entendu quand une femme dérange, la médisance et la calomnie.
    Belle journée Fan

  • J'avais eu un coup de coeur pour Élisabeth Vigée Le Brun.
    Mais pas forcément pour les portraits que tu nous montres.
    Ceci étant, j'aime énormément ces portraits qui pallient l'absence de photographie.
    Passe une douce journée.

  • Tu sembles déçue… Je reconnais que ce 3e article n’est pas le meilleur de la série.
    Pas de problème, je suis persuadé que tu apprécieras les deux derniers articles qui atteignent des sommets par la qualité des peintres.
    A bientôt.
    Belle journée.

  • Oh non, ne crois surtout pas que je suis déçue.
    Je découvre... et j'ai aussi des préférences, mais j'aime ces découvertes.
    Passe une douce journée Alain. Merci pour tout.

  • Ah ! Revoici Élisabeth Vigée Lebrun dont tu nous as déjà précédemment si bien permis de découvrir l'immense talent : n'est-elle pas une de tes préférées, si pas TA préférée dans le monde féminin de la peinture ?
    J'ai toutefois apprécié que tu nous permettes aussi de connaître des pastellistes et des œuvres qui m'étaient totalement inconnus.

  • Je placerais deux femmes dans mes peintres féminins préférées : Elisabeth Vigée Le Brun et Berthe Morisot, chacune ayant marqué leur siècle, le 18e pour la première, et le 19e pour la seconde. Berthe Morisot, pour moi, est une grande impressionniste qui apporta sa sensibilité féminine, avec l’américaine Mary Cassatt, sur ce nouveau style de peinture.

    Il y eut beaucoup de grands pastellistes en France au 18e. J’ai du faire un tri. Ceux de cet article ne sont peut-être pas les tout meilleurs, en dehors de Vigée Le Brun et ses deux seuls pastels dans le musée. Ceux que je vais montrer demain me paraissent au-dessus. Mais tout est subjectif.
    Très belle journée Richard.

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