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Barnes et ses chefs-d'oeuvre

 

Barnes, Cézanne, Louvre,

Paul Cézanne Les joueurs de cartes, 1892, Fondation Barnes, Philadelphie

 

     Depuis sa constitution en 1922 à Merion, aux États-Unis, la fondation Barnes n’avait jamais bougé. Désormais, les amateurs d’art du monde entier peuvent venir admirer cette collection exceptionnelle qui s'est installée en 2012 dans un nouveau lieu, à Philadelphie.

 

 

 

   Au début du 20e siècle, Albert Barnes a amassé une fortune considérable. Cet homme est de la race de ces riches collectionneurs américains de cette époque nommés Philipps, Frick, Palmer, Getty, Ryerson, parmi les plus célèbres.

     Amateur d’art éclairé, il voyage en Europe. Paris est la capitale des arts. Épris de la France il se met en relation avec les marchands d’art Ambroise Vollard et Durand-Ruel et achète de nombreuses toiles de peintres avant-gardistes.

     Le docteur Barnes devient l’un des amateurs les plus « avancés » d’art français contemporain. Il dépense une fortune pour le grand tableau des « Joueurs de cartes » de Paul Cézanne qui deviendra l’une des pièces majeures de sa fondation.

     En quelques dizaines d’années, entre 1910 et 1950, il impose sa présence dans le monde des nouveaux acteurs du marché de l’art. Il acquiert un ensemble d’œuvres diversifié de maîtres anciens et modernes de grande valeur qui vont faire de sa collection l’une des plus importantes au monde : « Là, les tableaux anciens sont mis à côté des modernes, un Douanier Rousseau à côté d’un primitif, et ce rapprochement aide les étudiants à comprendre bien des choses que les académies n’enseignent pas. – Henri Matisse, 1930 »

     En septembre 1993, 70 ans après leur départ définitif de France, 72 chefs-d’œuvre achetés à Paris par le judicieux docteur sont revenus à Paris le temps d’une exposition de quatre mois.

    Cette exposition parisienne, que j’ai eu la chance de visiter, a été exceptionnelle : Renoir, Monet, Cézanne, Van Gogh, Rousseau, etc. Je présente, ci-dessous, une galerie restreinte de quelques oeuvres de l'exposition, se limitant aux peintres avant-gardistes du début du 20e siècle. Ces avant-gardistes étaient cette colonie de jeunes artistes ambitieux qui, après les impressionnistes, voulaient révolutionner la peinture. Ils écumaient Montmartre et Montparnasse à Paris. Les marchands parisiens, surtout Paul Guillaume, rabattaient leurs toiles pour le docteur Barnes. Elle ne coûtait pas trop cher à cette époque.

 

 

Barnes,  Seurat

Georges Seurat– Poseuses, 1888, Fondation Barnes, Philadelphie

 

     George Seurat peignit ses exceptionnelles « Poseuses » en 1887 : Avec « Un après-midi à l’île de la Grande Jatte », cette toile est l’une des œuvres les plus ambitieuses de l’artiste, aussi déterminante que, plus tard, « Les demoiselles d’Avignon » pour Picasso. Ce chef-d’œuvre, une très grande toile de demoiselles nues, faite de tous petits points juxtaposés dans des tons violacés, sera acheté par Barnes en 1926 et fait toujours le bonheur du musée américain.

 

 

barnes,soutine     La liberté de touche et de couleurs de Soutine subjugua de suite Barnes et fit connaître ce peintre étonnant, émigré russe qui trainait sa misère parmi la bohème de Montparnasse.

 

 

 

 

 

 

 

 

Chaim Soutine - Le petit pâtissier, 1919, Fondation Barnes, Philadelphie

 

     Ce portrait de la dernière compagne de l’artiste, qui se suicidera à sa mort, estbarnes,modigliani
surprenant par sa composition, le bras gauche de la femme est arrondi autour de la tête comme un arc.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Amedeo Modigliani - Jeanne Hébuterne, 1919, Fondation Barnes, Philadelphie

 

 

Barnes,picasso

Pablo Picasso– Acrobate et jeune arlequin, 1905, Fondation Barnes, Philadelphie

 

    Cette grande toile correspond à la période rose de Picasso. Le thème des saltimbanques et de la fête foraine est très présent à Paris. Ces artistes du spectacle itinérant figuraient souvent dans les poèmes de Verlaine, Baudelaire ou Apollinaire, ami de l’artiste.

 

 

barnes,rousseau Henri Rousseau nous présente une élégante femme en robe d’été posant au milieu d’une forêt tropicale. Une parisienne endimanchée dans un décor exotique ? Renoir appréciait les qualités de peintre du douanier Rousseau et sa poésie insolite.

 

 

 

 

 

 

Henri Rousseau - Femme se promenant dans une forêt exotique, 1905, Fondation Barnes, Philadelphie

 

barnes,cézann

Paul Cézanne- Grande baigneuses, 1905, Fondation Barnes, Philadelphie

 

     Des femmes nues sont réunies dans une carrière. Cette version de Grandes baigneuses est considérée comme l'une des plus abouties des nombreuses versions de baigneuses du peintre.

 

 

     Henri Matisse est le peintre le plus représenté dans l’exposition parisienne.

barnes,matisse Dans sa chambre de l'hôtel de la Méditerranée à Nice, l'artiste peint cette jeune femme dans la pénombre avec, comme seul éclairage, la lumière tamisée d’une fenêtre donnant sur l’immensité du ciel et de la mer. Les fenêtres ont toujours intéressé l'artiste pour leurs contrastes forts entre le dedans et le dehors, et ce passage entre l’intérieur et l’extérieur, entre notre intimité la plus profonde et le monde qui nous environne.

 

 

 

 

 

 

Henri Matisse – Les persiennes 1919, Fondation Barnes, Philadelphie

 

     Les toiles de Matisse présentées à Paris sont des chefs-d’œuvre d’une qualité impressionnante. Deux d’entre elles, les plus célèbres de l’artiste, sont admirées dans le monde entier :

 

barnes,matisse

Henri Matisse – Le bonheur de vivre, 1906, Fondation Barnes, Philadelphie

 

     Ce "bonheur de vivre" est une œuvre légendaire dans l’histoire de la peinture. Un paradis montrant les plaisirs terrestres (l’amour, la danse, la musique, la nature). Rêverie érotique dans un décor champêtre. Un an après, Picasso peindra ses « Demoiselles d’Avignon » dans un esprit de rivalité avec Matisse.

 

 

barnes,matisse,

Henri Matisse – La danse, 1933, Fondation Barnes, Philadelphie

 

Barnes commanda à Matisse une composition monumentale et murale pour l’installer dans sa fondation à Mérion. Le docteur Barnes comparera « La danse » à la verrière d’une cathédrale et Matisse trouvera qu’elle ressemble à un chant qui s’élève vers la voûte du plafond.

 

barnes,van gogh

Vincent Van Gogh – Joseph-Etienne Roulin, 1889, Fondation Barnes, Philadelphie

 

     J'avais envie de terminer la visite de cette incroyable exposition par un petit plaisir personnel : retrouver le facteur Roulin, l’ami de Vincent van Gogh qui lui apportait à Arles les mandats que son frère lui envoyait. Vincent écrivit à Théo : «  Il a pour moi des gravités silencieuses et des tendresses comme serait d’un vieux soldat pour un jeune.

 

 

     Après la mort du docteur Barnes, le pèlerinage des amateurs d’art à Mérion, et aujourd'hui à Philadelphie, ne va guère cesser. 

     La fondation demeure un des rares endroits au monde où le visiteur sent constamment la présence de l’ancien maître des lieux et le choix d’un seul homme derrière chacune des œuvres qui l’accueille.

 

     De par la quantité et surtout la qualité, cette exposition a été l’une des plus belles de chefs-d’œuvre de la peinture moderne française appartenant à un collectionneur qui ait été présentée à Paris. J’ai tenté d’en restituer la saveur. 

 

 

 

Commentaires

  • Merci beaucoup Alain
    Quel beau choix
    Toujours bien éclairé par votre ressenti.

  • C'était une très belle exposition Maryvonne. J'en parle un peu tard mais les toiles qui y figuraient étaient exceptionnelles et valent la peine que l'on les montre.
    Bravo pour votre talent de photographe. J'ai vu quelques-unes de vos photos qui sont superbes.
    Belle journée.

  • C'est un voyage magnifique, émouvant, ensorcelant...
    Un voyage virtuose ! Comment le qualifier autrement ?
    A travers cette virtuosité, apparaissent les fêlures des artistes, celles qui nourrissent ardemment le talent.
    Votre plaisir de visite est hautement perceptible à travers votre article, je vous dis « merci »...
    J'aime ces tableaux, avec l'esprit et avec le cœur... J'ai une grosse inclination pour Le petit pâtissier de Soutine mais pas que...

    Bien amicalement Alain,
    Cendrine

  • Il est rare de voir un tel rassemblement de chefs-d’œuvre dans une exposition. Ces tableaux que Barnes avaient achetés dans les débuts du 20e pour peu cher sont maintenant connus du monde entier.
    Barnes s’était pris d’affection pour Soutine qu’il achetait en masse. Pareil pour Matisse. Sans parler de Picasso, Cézanne et Seurat.
    Ce collectionneur avait un flair étonnant. Nous ne sommes pas près de revoir toutes ces toiles à nouveau en France.
    J’attends mes exemplaires du recueil semaine prochaine…
    Très belle journée.

  • Il s'agit certainement de la plus belle exposition que j'ai vue avec la grande exposition Vermeer de la même période à La Haye.
    Belle journée.

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