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De Corot à Renoir - La collection Clark à Giverny

 

 

Mes expositions « coups de cœur » de l’été 2011

 

 

       Une fois de plus, je suis fidèle au rendez-vous estival annuel de Giverny.

      Je ne me lasse pas de visiter ce charmant musée des Impressionnismes proche de Vernon en Normandie, situé le long de ce petit chemin jouxtant la Seine, à mi-chemin entre la maison rouge où Claude Monet passa les dernières années de sa vie et sa tombe isolée, éternellement fleurie, collée contre la petite église du village.

      Depuis le 12 juillet dernier, le musée a la chance d’accueillir la seule étape française de l’exposition itinérante organisée à travers l’Europe par le Sterling and Francine Clark Institute de Williamstown, Massachusetts. Près de 70 œuvres de peintures essentiellement françaises du 19e siècle, parmi les plus belles de la collection, sont présentées. Des chef-d’œuvres impressionnistes et pré-impressionnistes rarement visibles dans notre pays se regroupent autour d’une vingtaine de tableaux d’Auguste Renoir, l'artiste chouchou des Clark.

      Ceux-ci étaient de la race de ces riches collectionneurs américains du début du 20e siècle nommés Barnes, Philipps, Frick, Palmer, Getty, Ryerson, parmi les plus célèbres.  Fortunés, mécènes, passionnés d’art moderne, ils bâtirent des collections enviées de nos jours par les plus importants musées dans le monde.

      J’avais eu la chance de voir la collection Barnes lors de son passage en France il y a quelques années ; celle des Clark envoyée en Europe est du même niveau en qualité, sinon en quantité.

 

 

      C’est l’histoire d’une fortune, d’un collectionneur amateur d’art éclairé Sterling Clark, et d’une romance amoureuse en plein Paris.

      peinture,clark,givernyEpris de la France et riche héritier des machines à coudre Singer, Sterling décide de s’installer à Paris dans les années 1910 où il rencontre Francine Clary, une actrice de la Comédie-Française ayant pris pour nom de scène Clary. Ils se marient en 1919.

      En quelques dizaines d’années, entre 1910 et 1950, le couple va acquérir un ensemble d’œuvres diversifié de maîtres anciens et modernes de grande valeur. Les achats de Sterling étaient toujours faits en étroite concertation avec sa femme dont l’opinion lui était d’une grande valeur.

« J’aime toutes les formes de l’art pourvu qu’il soit bon. » 

 

 Sterling et Francine Clark à l’inauguration de l’Institut en 1955

 

       La peinture impressionniste française le ravit et il enrichit sa collection des meilleurs d’entre eux : Degas, Manet, Sisley, Jongkind, Pissarro, Monet et, surtout, Renoir.

      A partir des années 1930, Auguste Renoir devient le peintre favori de Sterling dont il achète plus de trente toiles : « Quel grand maître ! Peut-être le plus grand qui ait jamais vécu, en tout cas l’un des dix ou douze premiers. Personne jusqu’ici n’a jamais eu l’œil si sensible à l’harmonie des couleurs ! »

      A l’approche de ses 70 ans, Sterling décide que le moment était venu de réaliser enfin son idée ancienne de musée afin de montrer sa collection. En 1955, Francine Clark coupe le ruban de l’inauguration de l’Institut situé à Williamstown en Nouvelle-Angleterre. Au décès de son mari, l’année suivante, elle continuera à s’occuper du musée jusqu’à sa mort en 1960.

 

 

      L’exposition présente quelques peintres académiques comme Bouguereau ou Gérôme et seulement trois toiles post-impressionnistes de Toulouse-Lautrec et Gauguin. Un original Bonnard de jeunesse clôt le parcours. Afin de correspondre à l’esprit du musée des Impressionnismes, j’ai choisi de montrer une galerie restreinte de mes choix personnels allant de Corot à Renoir. Ce choix est évidemment subjectif et limité compte tenu de l’exceptionnelle qualité de la collection.

 

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 Camille Corot – La route au bord de l’eau, 1866, Sterling and Francine Clark Art Institute, Williamstown

       Le « père Corot » était admiré par tous les artistes de la jeune peinture, ceux qui allaient devenir les futurs « impressionnistes ». Cette route longeant une rivière inspire la quiétude d’une belle journée ensoleillée. Une légère brise fait remuer les feuilles des arbres. La lumière est douce, quelques personnages s’affairent dans ce paysage où la « patte » tremblante de Corot est facilement reconnaissable.

  

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 Claude Monet – Les falaises à Etretat, 1885, Sterling and Francine Clark Art Institute, Williamstown

       Combien de peintres ont été inspirés par les falaises de cette côte normande ? Claude Monet peindra de nombreuses fois l’aiguille et l’arche rocheuse de la falaise d’Etretat. La lumière matinale sur les rochers et la mer est travaillée par petites touches nerveuses caractéristiques du style de l’artiste cherchant à saisir l’aspect éphémère des choses.

  

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 Claude Monet – Champ de tulipes à Sassenheim près de Haarlem, 1886, Sterling and Francine Clark Art Institute, Williamstown

      L’intensité des couleurs des champs de tulipes hollandais ne pouvait qu’inspirer Monet lors de son troisième et dernier voyage dans ce pays de canaux, de moulins et d’immenses champs fleuris.

  

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Alfred Sisley – La Tamise à Hampton Court, 1874, Sterling and Francine Clark Art Institute, Williamstown

 

       Les coloris d’Alfred Sisley s’assemblent en nuances subtiles. Le ciel ennuagé de teintes rosées se reflète dans l’eau de la Tamise. Deux cygnes sur la gauche semblent avoir été placés à cet endroit pour équilibrer les deux voiliers voguant sur la droite.

   

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 Camille Pissarro – Saint-Charles, Eragny, 1891, Sterling and Francine Clark Art Institute, Williamstown

      A mes yeux, cette toile est l’une des plus belles de la manière pointilliste adoptée un moment par Camille Pissarro sur les conseils de ses amis Georges Seurat et Paul Signac. Le résultat est lumineux. Les petites touches juxtaposées de couleurs pures donnent une vibration étonnante à ce paysage.

    

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Mary Cassatt – Offrant le panal au torero, 1873, Sterling and Francine Clark Art Institute, Williamstown

 

 

      Il y a un petit côté de Diego Velázquez dans cette toile de jeunesse de Mary Cassatt qui appréciait « sa manière belle et simple ». La jeune femme offre un verre d’eau au torero habillé de lumière pour qu’il y trempe un rayon de miel appelé panal en espagnol. La qualité de peintre de l’artiste transparaît déjà dans cette grande toile.

  

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Edouard Manet – Roses mousseuses dans un vase, 1882, Sterling and Francine Clark Art Institute, Williamstown

 

     

      Edouard Manet n’a plus qu’un an à vivre lorsqu’il peint ces roses enfoncées dans un petit vase. C’est simple, sans prétention, loin des grandes compositions passées, souvent scandaleuses, de l’artiste. Sterling Clark disait qu’il s’agissait d’un « Manet d’une beauté merveilleuse ».

  

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Edgard Degas – Danseuses au foyer, 1880, Sterling and Francine Clark Art Institute, Williamstown

 

 

        Ah les danseuses de Degas ! J’aime ! Cette toile a des dimensions étonnantes, toute en longueur comme une frise. Les danseuses de l’artiste étaient souvent peintes au pastel donnant un aspect velouté aux couleurs chatoyantes des robes et tutus. Ces Danseuses  au foyer, croquées à l’huile, sont éclatantes de vie après l’effort physique intense imposé par leur exercice.

  

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Edgard Degas – Avant la course, 1882, Sterling and Francine Clark Art Institute, Williamstown 

       Degas s’intéressait aux couses de chevaux qu’il peignait souvent. Les mouvements nerveux des chevaux avant le départ donnent une belle spontanéité à cette toile composée dans un style à la touche très impressionniste.

  

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 Berthe Morisot – Le bain, 1885, Sterling and Francine Clark Art Institute, Williamstown

       Je connaissais cette toile de Berthe Morisot, femme peintre comme Mary Cassatt, que j’affectionne tout particulièrement. L’artiste a fait poser une jeune fille de dix-sept ans qui, sortant du bain, se coiffe, se maquille et s’apprête certainement à sortir. Par son travail tout en délicatesse, Morisot apporte sa sensibilité féminine à l’impressionnisme nouveau.

 

 

      peinture,impressionnisme,renoir,clark,givernyL’exposition se termine par une vingtaine de toiles d’Auguste Renoir. Renoir, c’est la joie de vivre et de peindre ! Une fête permanente de la lumière, des chairs et des corps ! Ses amis peintres mettaient beaucoup de blanc dans leurs couleurs pour éclaircir leurs toiles. Renoir préférait plutôt une technique basée sur l’utilisation des glacis, une superposition de couleurs transparentes où les teintes bleutées dominaient.

      

 

Auguste Renoir – Autoportrait, 1875, Sterling and Francine Clark Art Institute, Williamstown

  

       Je montre ci-dessous un échantillon des tableaux de l'artiste présents à l’exposition :

        Au premier coup d’œil, on perçoit des toiles de Renoir dans cette Ingénue et cette Jeune femme au crochet peintes tout en finesse. C’est le Renoir des années de jeunesse, à l’époque de la première exposition impressionniste de 1874. Les couleurs s’entremêlent, se modulent avec virtuosité pour donner aux jeunes femmes cette grâce vaporeuse inimitable de l’artiste.

 

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Auguste Renoir – L’ingénue, 1874, Sterling and Francine Clark Art Institute, Williamstown

 

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 Auguste Renoir – Jeune femme au crochet, 1875, Sterling and Francine Clark Art Institute, Williamstown

 

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Le père Fournaise ! Je retrouve le propriétaire de ce restaurant de l’île de Chatou au bord de la Seine où j'aime me rendre à l'automne lorsque les feuilles des arbres s'enluminent. Renoir y peignit de nombreuses toiles dont le célèbre Déjeuner des Canotiers dans lequel les enfants Fournaise posaient. Des touches légères donnent vie aux yeux pétillants bleus clairs de l’homme. 

 Auguste Renoir – Père Fournaise, 1875, Sterling and Francine Clark Art Institute, Williamstown

 

       Renoir affectionnait les tableaux de genre qui font penser à la peinture hollandaise dupeinture,impressionnisme,renoir,clark,giverny 17e dont la représentation de femmes écrivant une lettre était courante.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Auguste Renoir – La lettre, 1896, Sterling and Francine Clark Art Institute, Williamstown

 

  

      Je termine mon parcours en montrant les trois toiles de Renoir que j’ai préférées dans l’exposition :

      

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      Angèle, une gamine de dix-huit ans, habituée du Moulin de la Galette à Montmartre, aux allures canailles et à la vie dissolue, est croquée dans son sommeil. La pose alanguie est un peu voyeuriste. Renoir la représente les cheveux coupés en frange sur le front, un visage au teint doré, un nez retroussé, une bouche pulpeuse, habillée d’une robe bleue et de bas à rayures de paysanne. Il l’a affublée d’un curieux petit chapeau à plume et d’un chat endormi sur sa robe. Les rouges et les bleus se répondent... Superbe

 

Auguste Renoir – Jeune fille endormie, 1880, Sterling and Francine Clark Art Institute, Williamstown

 

      Ce tableau d'une enfant portant un faucon est d'une grande fraîcheur. Commepeinture,impressionnisme,renoir,clark,giverny toujours, je discerne en premier les bleus du peintre que des orangés et rouges proches mettent en valeur. Une belle harmonie de coloris se dégage de l'ensemble de la toile.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Auguste Renoir – L’enfant à l’oiseau (mademoiselle Fleury en costume algérien), 1882, Sterling and Francine Clark Art Institute, Williamstown

 

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      Renoir exigeait de ses modèles une peau qui ne repousse pas la lumière. L’épiderme de la jeune femme assise à gauche en robe de soirée noire est nacré comme une perle. Le bouquet de roses de la jeune fille sur la droite associé aux couleurs chaudes du décor, fait ressortir les chairs lumineuses. La jeune femme nous regarde et nous sourit. Ce tableau délicieux me rappelle La loge peinte quelques années plus tôt dans des tonalités ressemblantes.   

 

Auguste Renoir – Une loge au Théâtre, 1880, Sterling and Francine Clark Art Institute, Williamstown

 

 

       Je pense que cette quinzaine de toiles vous donnera un aperçu de la grande qualité des toiles présentées. Il s’agit d’un avant-goût, une mise en bouche, de ce qui attend ceux qui pourront se rendre à cette exposition.

      Pas de panique ! Vous avez jusqu’au 31 octobre prochain.

      La collection Clark continuera ensuite sa tournée internationale en Espagne, au Texas, en Angleterre, au Québec, pour se terminer au Japon et en Chine en 2013. Un beau voyage en perspective et beaucoup d'émotions pour les visiteurs.

      Bonne visite à tous.

 

 

                                                                                  Alain

 

 Rendez-vous le mardi 27 septembre prochain pour le 10ème chapitre de "L'obsession Vermeer".

 

 

Commentaires

  • Kikou cher Alain!! Comme tu as du te régaler au musée de Giverny!! As-tu été également dans la maison de Monet? Je connais bien Giverny puisque mes enfants résident à Vernon!! J'espère que qu'il n'y avait pas trop de monde!! Merci pour ce bon et beau florilège de Corot à Renoir!! Bonne vacances et à bientôt de te lire en Septembre!!BISOUS FAN

  • Hello Fan

    Je suis effectivement allé voir la maison de Monet, mais pas celle que tu penses.
    Je suis retourné à Vétheuil, proche de Giverny, où Monet habita avec sa femme Camille, ses enfants et la famille Hoschedé. J’ai déjà parlé de Vétheuil dans mon récit en 3 épisodes que j’ai publié en début d’année sur Camille Monet qui est enterrée dans ce petit village, le long de la belle église croquée si souvent par son peintre de mari.
    Si tes enfants résident à Vernon, tu as jusqu’au 31 octobre pour leur rendre visite et voir cette superbe expo par la même occasion. Et peut-être faire un tour à Vétheuil ? Quelle belle région cette vallée de la Seine haut lieu de l’impressionnisme en France !
    Bon dimanche

  • Quel plaisir de revenir faire un tour sur votre site, Alain !
    Cette exposition doit être une merveille ...

    Si vous m'y autorisez, je mettrais un lien vers cette page et votre blog, sur mon forum.

    J'espère que tout va bien pour vous ! Amitiés :)

  • Une revenante ! Je croyais votre blog en vacances éternelles…
    C’est effectivement une belle expo que nous offre l’Institut Clark. Les américains fortunés se sont faits de très belles collections au début du 20e, à des prix qui étaient encore abordables. De temps à autre, ils nous envoient quelques uns de nos chefs-d’œuvre expatriés, leur permettant de retrouver l’air du pays. Pour notre plus grand plaisir.
    Aucun problème pour le lien de mon récit sur votre forum.
    C’est sympa d’être revenu nous faire un petit coucou.
    Amicalement

  • Bonsoir Alain

    Magnifique article !

    Je vais y aller ! j'ai déjà les billets !
    la qualité de tes photos est impressionnante et impressionniste !
    sais tu que ce beau tableau "le Bain" de Berthe MORISOT a été acheté
    par Monet qui l'a légué à son fils ?
    merci à toi

    Jacky

  • Tu as le temps de voir l’expo, mais si les billets sont déjà pris, alors…
    J’aime ce musée des Impressionnismes planté au milieu des fleurs. Les expos sont toujours de qualité et le lieu est chargé de souvenirs, un peu comme à Auvers que tu connais bien.
    Il n’y a que 70 œuvres à voir. Donc, pas de précipitation, on contemple tranquillement, et cela laisse du temps pour retrouver éventuellement le Clos Normand et la maison de Claude Monet.
    Berthe Morisot aimait beaucoup son tableau « Le bain » et le conserva jusqu’à sa mort. Il appartint effectivement ensuite à Claude Monet et sa famille jusqu’en 1940 avant que les Clark ne nous l’enlèvent. L’argent…

  • OH!!!Mais c'est bon sang bien sûr, mon ami Jean-Claude Chaillou dont tu peux voir sur mon blog de fanfg réside à trois kms de Vetheuil à Haut de l'Isle et il fait de superbes aquarelles concernant les paysages de ce joli coin!!Il donne des cours et si tu veux tu peux t'incrire!!! BISOUS FAN

  • Les aquarelles de ton ami sont agréables à regarder. Il y a un côté impressionniste dans les coloris et la lumière. L’inspiration doit venir facilement pour les peintres qui habitent cette superbe région que tant d’artistes fréquentèrent.

  • Impressionnant, en effet, et la richesse de ces grands mécènes et collectionneurs célèbres et celle, plus intéressante encore pour nous maintenant, des tableaux qu'ils ont acquis.

    Heureusement, alors que d'autres sont jalousement conservées au tréfonds d'un septième sous-sol d'une propriété surprotégée, cette collection particulière voyage.
    Malheureusement, pas jusqu'à Bruxelles ...

  • La collection Clark n’ira pas à Bruxelles. Malheureux Belges !
    Je pense que les toiles que j’ai présentées donnent quand même un bon aperçu des nombreuses oeuvres françaises qui séjournent dans le Massachusetts.
    Les américains, avec l’argent de leurs grands industriels, ont fait une razzia sur notre peinture du 19e européenne, et plus particulièrement française. Il faut bien reconnaître qu’ils avaient beaucoup de goût.

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