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Gustave Courbet, le maître d'Ornans : 10. Nov. 1864/juin 1865

 

CORRESPONDANCE - EXTRAITS CHOISIS

 

 

     « Elle bondit en cascade, de roches en roches, c’est une chute d’eau brisée par mille accidents : la Loue est un fleuve qui s’élance, qui tombe dans toute sa grandeur, dans toute sa beauté, bouillonne en trois jets immenses sur des blocs énormes et pressée et captive de s’affranchir, s’échappe en nuages de poussière humide, ou en innombrables cascatelles. Quelque chose qui est particulier à ce spectacle, c’est qu’il tourmente tous les sens par je ne sais quel excès d’émotion. L’œil se trouble, l’oreille s’effraie, la pensée se fatigue et s’éteint. Sur la montagne qui domine ces imposantes beautés, tout est silence." 

 

Charles Nodier, « Voyages pittoresques et romantiques de l’ancienne France, Franche-Comté,

Paris, J. Didot, 1825

 

 

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Gustave Courbet – La Source de la Loue, 1864,  National Gallery of Art, Washington

 

 

 

    Dans son aversion envers le gouvernement du Second Empire qui ne cesse de le rejeter, Courbet souhaiterait faire les portraits des deux opposants au régime que sont Pierre-Joseph Proudhon et Victor Hugo.

     A la fin de l’année 1864 le peintre écrit deux lettres à Victor Hugo dans un style très emphatique. 

 

 

  

Lettre à Victor Hugo – Salins, le 11 novembre 1864 

 

Cher Monsieur Hugo

Les honnêtes gens partagent l’exil que vous faites pour la dignité humaine et vos convictions. Permettez-moi de vous offrir le tribut de mon admiration.

La liberté est dans les limbes. Les hommes non sevrés attendent les messies. L’homme qui pense a été humilié au 2 décembre (exilé depuis le coup d’Etat du 2 décembre 1851, Victor Hugo n’avait pas voulu rentrer en France après l’amnistie générale de 1859), de triste mémoire, et la France ne se relève toujours pas.

M. Bataille, une de vos connaissances, m’assurait que votre portrait fait par moi vous serait agréable. Si cela est, je vous le dois.

Au printemps je serai à vos ordres.

Votre tout dévoué compatriote et admirateur, le peintre d’Ornans.

 

 

 

Lettre à Victor Hugo – Salins, le 28 novembre 1864

 

Cher et grand Poète

Vous l’avez dit, j’ai l’indépendance féroce du montagnard. On pourra, je crois, mettre hardiment sur ma tombe, comme dit l’ami Buchon : « Courbet sans courbettes ».

Mieux que tout autre, poète, vous savez que notre pays est, heureusement en France, le réservoir de ces hommes bouleversés des fois comme les terrains auxquels ils appartiennent , mais souvent aussi taillés dans le granit.

Ne vous exagérez pas ma valeur. Le peu que j’ai fait était difficile à faire. Quand je suis arrivé, ainsi que mes amis, vous veniez d’absorber le monde entier, en César humain et de bonne forme.

A la fleur de votre âge, Delacroix et vous, vous n’aviez pas comme moi l’Empire pour vous dire : « Hors de nous point de salut. » Vous n’aviez pas de mandat d’amener contre votre personne, vos mères ne faisaient pas comme la mienne des souterrains dans la maison pour vous soustraire aux gens d’armes. (Courbet exagère beaucoup car il n’eut guère à craindre la police depuis le coup d’Etat de 1851). […] Les luttes étaient artistiques, c’étaient des questions de principes, vous n’étiez pas menacés de proscription.

Les cochons ont voulu manger l’art démocratique au berceau. Malgré tout, l’art démocratique grandissant les mangera.

Malgré l’oppression qui pèse sur notre génération, malgré mes amis exilés, traqués, même avec des chiens, dans les forêts du Morvan, nous restons encore 4 ou 5. Nous sommes assez forts, malgré les renégats, malgré la France d’aujourd’hui et ses troupeaux en démence, nous sauverons l’art, l’esprit et l’honnêteté dans notre pays.

Oui, j’irai vous voir, je dois à ma conscience de faire ce pèlerinage. Avec vos Châtiments vous m’avez vengé à demi.

J’irai devant votre retraite sympathique contempler le spectacle de la mer (Hugo vivait en exil à Guernesey). Les sites de nos montagnes nous offrent aussi le spectacle sans bornes de l’immensité, le vide qu’on ne peut remplir donne du calme. Je l’avoue, Poète, j’aime le plancher des vaches et l’orchestre des troupeaux sans nombre qui habitent nos montagnes.

La mer ! la mer ! avec ses charmes m’attriste ! Elle me fait sans sa joie, l’effet du tigre qui rit ; dans sa tristesse elle me rappelle les larmes du crocodile, et dans sa fureur qui gronde, le monstre en cage qui ne peut m’avaler.

Oui, oui, j’irai, quoique ne sachant pas jusqu’à quel point je me montrerai à la hauteur de l’honneur que vous me ferez en posant devant moi.

Tout à vous de cœur.

 

 

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Gustave Courbet – Le bateau de pêche, 1865,  The Metropolitan Museum of Art, New York

 

 

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Gustave Courbet – Marée basse à Trouville, 1865, Walker Art Gallery, Liverpool

 

 

     Le 13 janvier 1865, Courbet écrit à Jules Castagnary : « Vous verrez s’il y a encore moyen de faire son portrait. […] J’irais immédiatement à Paris, et je ferais le portrait de Proudhon comme je vous l’ai déjà dit, travaillant rue d’Enfer sur le pas de son escalier, entouré de ses enfants jouant au sable. Ceci est extrêmement important. S’il meurt sans son portrait, jamais on ne l’aura par l’indifférence qu’il a eue jusqu’ici. Et c’est à nous qu’il appartient de l’avoir et de le faire, comme il le mérite, pour la postérité. »

     Le philosophe Pierre-Joseph Proudhon mourut 6 jours plus tard, le 19 janvier 1865.

 

 

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Gustave Courbet – Pierre-Joseph Proudhon, 1865,  Musée du Petit Palais, Paris

 

 

 

Lettre à Gustave Chaudey (magistrat et journaliste, légataire de Proudhon) – Ornans, le 24 janvier 1865

 

Le 19e siècle vient de perdre son pilote, et l’homme qui l’a produit. Nous restons sans boussole, et l’humanité et la révolution à la dérive sans son autorité, va retomber de nouveau entre les mains des soldats et de la barbarie.

Chacun, même le plus ignorant, a senti le coup qui le frappait en apprenant la mort de notre pauvre ami Proudhon. Ce cher ami Buchon vient de m’écrire une lettre désespérée, remplie de larmes.

Pour mon propre compte je suis dans une prostration mentale, et un découragement que je n’ai ressenti qu’une fois dans ma vie, c’était au deux décembre (coup d’Etat du 2 décembre 1851), au deux décembre je me suis mis au lit et j’ai vomi trois jours durant.

Comme Proudhon je n’admets pas qu’on dévoie la révolution en lâchant un os au peuple, la révolution doit revenir à qui de droit, la révolution doit venir de tout le monde et de personne. Si nous arrivons à la liberté nous établirons la révolution.

 

 

Lettre à Jules Luquet (marchand d’art) – Ornans, vers février-mars 1865

 

Le tableau que je fais en ce moment est un tableau historique de P.-J. Proudhon. Il est dans sa petite cour, rue d’Enfer, travaillant comme il en avait l’habitude, à côté de sa femme et de ses enfants. Ce tableau est dans ses goûts et ses habitudes, je lui avais soumis l’idée. Il était entièrement partisan. Seulement, dans son humilité il ne croyait valoir ni la peine ni l’importance d’un tableau. Mais pour moi, c’est un devoir extrêmement important que j’accomplis avec plaisir et religion, car c’est le seul homme qui représentait et mon pays et ce que je pense. Ce tableau a 1 m 90 de longueur et 1 m 48 de largeur.

[…] Quand il ne pleuvait pas, il avait l’habitude de porter sur les trois marches d’escalier tout son bibelot, ses livres, ses papiers, son portefeuille, son écritoire, et, par le soleil, sa femme et ses enfants venaient travailler près de lui. Mon tableau représente donc cette cour.

[…]

Mon tableau me plaît et touche tout le monde ici. Il a été fait en trente-six jours. Je suis à moitié mort ; tu verras, c’est très original. 

 

     Par manque de temps, sur la toile de Proudhon envoyée au peinture,courbet,ornans,réalismeSalon, la femme de Proudhon n’était pas assez ressemblante aux yeux du peintre. Mécontent, après le Salon, il décida d’effacer madame Proudhon de la composition. Plus tard, il exécutera un « Portrait de Mme Proudhon ».

 

  

 

 

 

 

  

 Gustave Courbet – Madame Proudhon, 1865,  musée d’Orsay, Paris

 

 

     Courbet aurait-il l’intention de se marier ? Il est vrai qu’il a déjà 45 ans… Se sent-il  fatigué de sa vie de bohème ? Il apparaît dans les deux lettres ci-dessous qu’une de ses amies essaierait de le marier à une obscure femme, peintre de fleurs, Céline N., de Lons-le-Saunier.

Cette possible rencontre donne à l’artiste des accents lyriques.

 

 

 

Lettre à Lydie Joliclerc– Ornans, le samedi 15 avril 1865

 

Maintenant, ma chère Lydie, j’avoue que je vois des horizons tout bleus. Vous qui êtes mon homme d’affaire, la dispensatrice de mon bonheur, vous qui tenez mon avenir entre vos mains, vous qui d’un mot ou d’une démarche pouvez changer le cours de mon existence, volez, bel oiseau voyageur, volez à tire-d’ailes du côté de Lons-le-Saunier et rapportez-moi un oiseau du paradis semblable à vous. La saison y prête, chacun fait son nid.

J’ai vu à l’exposition de Besançon les fleurs que sème l’oiseau qui m’enchante le jour, qui m’enchante la nuit. Je plante des bocages tant que je peux à Ornans pour qu’il désire y faire son nid. Ah ! chère dame, vous qui pouvez ce que vous voulez, volez, volez.

Nous ferons, espérons-le, une génération de peintres et d’artistes de toute manière, nous implanterons un monde, croyons-le, plus intelligent que celui qui existe dans notre pays. L’activité que nécessite le genre de vie que je me suis créé me fatigue. Je voudrais quelqu’un qui m’aide et me soutienne. Ma liberté est bien grande, mais les oiseaux aiment la liberté. C’est ce qui fait leur attrait, et ce qui les décore. C’est leur propre plumage, aussi ne doivent-ils rien à personne. […] Mais allez donc, belle dame, il me semble dans mon impatience que vous ne vous remuez pas.

 

 

Lettre à Lydie Joliclerc– Paris, vers juin 1865

 

 

Vous allez voir si je suis malheureux. […] J’ai oublié encore une fois de demander le portrait de Céline. J’ai oublié de lui envoyer le mien. Il faut croire que je suis toqué. Céline va plus fort que moi, c’est ce qu’il faut. Il faut que ce soit elle qui le désire pour être heureuse. Je suis trop gros ! * Je suis trop vieux ! Voilà des points terribles. Pourtant, comme je l’ai dit à Stéphanie, je suis un des plus jeunes de mes contemporains dans les hommes connus ou célèbres. Ça doit être de peu d’importance pour elle, puisqu’elle voulait se marier avec M. de Lamartine (il a alors 75 ans). Quant à la grosseur, hélas, le mariage réglera bien tout cela. Les devoirs des maris et le peu de liberté qu’ils ont de boire de la bière suffiront.

[…] Je leur dis aussi : «  Si ça termine par une désillusion, je tue ce petit diable de Lydie », parce que vous savez, c’est vous qui êtes le souffre-douleur et qui portez la pâte au four. Il faut bien une victime en toute chose.

 

* Courbet a beaucoup grossi. 

 

 

Lettre à ses parents– Paris, le 19 juin 1865

 

 

[…]

Je vous ai envoyé le volume que P.-J. Proudhon a écrit sur moi. *

C’est la chose la plus merveilleuse qu’il soit possible de voir, et c’est le plus grand bienfait et le plus grand honneur qu’un homme puisse désirer dans son existence. Une chance pareille n’est jamais arrivée à personne. Un volume semblable par un homme semblable à propos d’un individu ? C’est renversant ! Tout Paris est jaloux et consterné. Cela va augmenter mes ennemis et faire de moi un homme sans pareil ! Quel malheur qu’il soit mort et qu’il n’ait pu soutenir les principes qu’il avance !

 

* Au printemps 1865, le livre de Proudhon « Du principe de l’art et de sa destination sociale » a été publié. Le philosophe considérait que l’art avait un rôle didactique : « Peindre les hommes dans la sincérité de leur nature et de leurs habitudes, dans leurs travaux, dans l’accomplissement de leur fonctions civiques et domestiques, avec leur physionomie actuelle, comme but d’éducation générale et à titre d’avertissement esthétique : tel me paraît être, à moi, le vrai point de départ de l’art moderne. »

 

 

Commentaires

  • Quelles superbes lettres ! Quel superbe phrasé !

    Toutes ici ont leur charme particulier, certes, mais - t'en étonneras-tu ? -, ce sont celles à Victor Hugo que je préfère parce que ce que tu nommes de l'emphase et que, personnellement,je préfère appeler du beau, du très beau style, du style à la hauteur du Grand Homme à qui il s'adresse, me plaît énormément ...

    Et là, non plus, tu ne t'en étonneras pas !

    C'est si rare de rédiger de la sorte.

    Merci Alain d'avoir choisi de nous présenter Courbet au travers de sa correspondance : c'est une très belle découverte pour moi.
    Elle vaut vraiment la peine d'être parcourue ...

    As-tu connaissance du contenu de la missive que Hugo lui fit parvenir entre le 11 et le 28 novembre 1864 ? Ce serait peut-être intéressant de l'inclure dans ton article ...

  • Je parle d’emphase pour les lettres à Victor Hugo car ce n’est guère dans le style habituel du peintre. Nous sentons qu’il a fait un gros effort pour s’élever littérairement au niveau du poète. Il y réussi plutôt bien effectivement. Personnellement j’ai bien aimé les lettres à son amie concernant son mariage éventuel. Drôle…
    Tu as le don des trouver les points intéressants nécessitant une recherche en ce qui concerne le courrier de Hugo à Courbet. On sent le chercheur…
    C’est une histoire peu claire dont le journal « La Presse » servit d’intermédiaire. On ne connaît pas l’autographe de la lettre de Hugo, mais celle-ci aurait été publiée dans ce journal. Hugo en parle dans une lettre à Auguste Vacquerie, ci-dessous. Je ne l’incorpore pas dans mon article car ne présentant pas, pour moi, grand intérêt dans la correspondance de Courbet.

    11 Xbre (décembre) dimanche.
    A Auguste Vacquerie :
    Cher Auguste, voici une tuile bizarre. Je lis ceci dans la Presse.
    Nous avons parlé dernièrement d'un portrait de Victor Hugo, par M. Gustave Courbet. Voici des indications exactes et précises à cet égard :
    Un pèlerin de Guernesey ayant dit à M. Courbet que Victor Hugo serait satisfait d'avoir son portrait par lui, M. Courbet profita d'une occasion pour écrire à M. Victor Hugo :
    - Monsieur, si vous désirez votre portrait par moi, je vous le dois, et je serai très honoré de le faire. Au printemps je serai à vos ordres.
    Quelques jours après M. Courbet recevait la lettre suivante:
    « Merci, cher grand peintre. J'accepte votre offre. Hauteville-House s'ouvre à deux battants. Venez quand il vous plaira. Je vous livre ma tête et ma pensée. Vous ferez un chef-d'œuvre, je le sais bien.
    J'aime votre fier pinceau et votre ferme esprit. »
    "VICTOR HUGO. "
    Or, 1° ma lettre, tronquée en deux endroits (purement littéraires) et sans ligne de points, est par le fait inexacte. J'y marquais la nuance qui me sépare de ce qu'on nomme le réalisme.
    2° la lettre de M. Courbet est fausse. Jugez-en, je vous envoie la vraie. La voici :
    Salines, le 11 novembre 1864.
    Cher Monsieur Hugo.
    Les honnêtes gens partagent l'exil que vous faites pour la dignité humaine et vos convictions, permettez-moi de vous offrir le tribut de mon admiration.
    La liberté est dans les limbes, les hommes non sevrés attendent les messies. L'homme qui pense a été humilié au 2 décembre de triste mémoire, et la France ne se relève toujours pas.
    Quoique loin du pays vous êtes heureux de pouvoir votre liberté. -M. Ch. Bataille, une de vos connaissances, m'assurait que votre portrait fait par moi vous serait agréable; si cela est, je vous le dois.
    Au printemps je serai à vos ordres.
    Votre tout dévoué compatriote et admirateur.
    Le peintre d'Ormans,
    GUSTAVE COURBET.
    L'inconvénient de l'article exact et précis de la Presse, c'est de renverser les faits.
    J'aime beaucoup M. Ch. Bataille qui est un homme de talent, mais je ne l'ai jamais vu, et par conséquent je n'ai pu lui parler de M. Courbet.
    J'ai vu dans la lettre de M. Courbet une offre, et je l'ai acceptée. Or, aujourd'hui, d'après la note de la Presse, c'est moi qui suis censé avoir demandé, et M. Courbet est censé avoir consenti.
    C'est la situation retournée.
    Il y a là un peu de ridicule pour moi à mon âge, ne le trouvez-vous pas ?
    Dois-je subir en silence ce travestissement des faits ?
    Y a-t-il quelque chose à faire ?
    Je vous soumets la question, car vous êtes mon cordial ami, et à tous vos dons supérieurs vous joignez le suprême bon sens. Je m'en rapporte à vous.
    S'il y a quelque chose à faire, rectification ou complément d'exactitude des détails donnés, rendez-moi le service de le faire. Je crois qu'en ce cas-là ce serait à la Presse même qu'il faudrait adresser les quelques lignes de complément.
    Il va sans dire que votre bienveillance ménagerait beaucoup M. Courbet. Sa lettre est-elle publiable ? Dans tous les cas il faudrait, de peur de lui nuire, retrancher le passage sur le 2 Xbre.
    Si vous ne faites rien, c'est qu'il n'y aura rien à faire, la chose vous aura paru sans importance, oubliée peut-être déjà et je vous donne d'avance et toujours raison.
    Si pourtant la note de la Presse faisait le tour des journaux, il faudrait, je crois, aviser.
    Je m'en remets pleinement à vous. Ce que vous ferez sera bien fait.
    Renseignement final. Je lis ceci dans le Phare de la Loire:
    " Plusieurs journaux ont annoncé que M. Courbet doit faire le portrait de Victor Hugo ; j'apprends, d'un autre côté, que l'empereur a acheté à la manufacture de Sèvres un vase de 50.000 fr. qui doit être peint par le même M. Courbet “.
    Est-ce pour excuser et couvrir M. Courbet que la note exacte et précise publiée par la Presse me présente comme ayant pris l'initiative d'une demande de portrait à laquelle M. Courbet n'aurait fait que céder ? Qu'en pensez-vous ?
    Merci pour ceci et pour tout. Je sais que vous venez de faire un nouveau drame, puissant et profond, et que vous allez avoir une nouvelle grande victoire. J'en chante le Te Deum .

    Finalement, Courbet ne peindra jamais de tableau de Hugo.

  • Ton blog est un régal, j'aime venir m'y délecter!! Ces lettres montrent combien à cette époque le "verbe" était inséparable de la pensée! Courbet sait être un poète quelque peu révolutionnaire mais tellement talentueux en art pictural!! Bien sur, il est macho comme les hommes de son temps et son admiration pour PJ Proudhon ne peut que l'affirmer même s'il pense qu'il serait bon de prendre épouse qui lui permettrait de limiter la bière!! Adepte de ce philosophe dit "populaire anarchiste", il aime à se positionner encore une fois rebelle au gouvernement! la peinture portrait promise à Victor Hugo n'aura pas lieu!! Dommage! Merci Alain pour ce merveilleux ciel de Trouville!BISOUS FAN

  • Merci pour ton régal de lecture, cela me fait plaisir !
    Il est beau ce ciel de Trouville. Courbet a peint beaucoup d’autres marines de ce genre dans lesquels il excellait. Il peignait aussi beaucoup les paysages rocailleux de sa Franche-Comté natale, comme « Les sources de la Loue » du début de mon article.
    Elles sont sympas les lettres de cette période ! Que ce soit en amoureux ou en poète, Courbet fait preuve d’une belle éloquence qui m’amuse. J’adore les lettres concernant son éventuelle nouvelle épouse, Céline : « Quant à la grosseur, hélas, le mariage réglera bien tout cela. Les devoirs des maris et le peu de liberté qu’ils ont de boire de la bière suffiront. »
    Proudhon eut une grande importance dans l’univers du peintre qui s’inspirait des pensées socialistes. Dans mon précédent article, je parlais des textes de Courbet sur l’art qui furent repris parfois par le philosophe pour son livre « Du principe de l’art et de sa destination sociale ».
    Quand à Victor Hugo, il semble qu’il y ait eu un peu de confusion dans leurs échanges. Finalement, ils ne se rencontrèrent qu’une seule fois, bien plus tard, pour l’enterrement au Père-Lachaise de Charles le fils de Hugo, le 13 mars 1871 dans les premiers jours de la Commune de Paris. Et le portrait ne fut jamais fait.
    Je commence à apprécier cette correspondance de Courbet que j’espère terminer à la fin du mois prochain, pour les grandes vacances…
    Tu étais bien jolie en photo, Fan…
    Bonne journée.

  • J'ai eu la chance de trouver cette lettre de Hugo à Vacquerie. Les liens entre le poète et Courbet paraissent un peu confus. Dommage pour le portrait de Victor Hugo. J'aurais bien aimé voir ce que Courbet en aurait fait.

  • Toute la vitalité et la fragilité aussi du peintre dans ces lettres naïves qui restent si vivantes après tant d'années passées. Merci encore une fois pour ce travail si intéressant et si précis que vous faites. C'est toujours passionnant à lire (et à regarder !)

  • J’aime les correspondances, en particulier celles des peintres. Elles n’ont pas le niveau littéraire des correspondances d’écrivains, elles sont simples, directes, sans emphases, souvent naïves. Se mêlent : histoire, rencontres, politique, art, mœurs… Ce 19e est si riche.
    Je suis tenté, à la rentrée, après Courbet bientôt terminé, par reprendre la correspondance de Van Gogh de ses débuts artistiques de 1880 à 1887, avant le Midi et Auvers que j’ai déjà fait.
    A moins que celle de Delacroix qui est passionnante aussi…
    Avez-vous une opinion là-dessus Carole, ou Richard ?
    Excellent week-end, Carole.

  • Bonjour,

    Je vais organiser au Printemps prochain des Rencontres Poétiques de la Loue et du Lison à Nans sous Sainte avec comme particularité de les ouvrir virtuellement à des Poètes vivants mais aussi à des poètes disparus qui ont une attache affective avec le village de Nans sous Sainte Anne...
    Et une question me taraude... Gustave Courbet qui a peint la Source du Lison a -t-il écrit aussi des poèmes ?
    Alors comme je lis dans la correspondance à Victor Hugo que vous relatez :"Je l’avoue, Poète, j’aime le plancher des vaches et l’orchestre des troupeaux sans nombre qui habitent nos montagnes."
    Je me dis que vous avez peut-être la réponse à ma question...

    Cordi@lement
    alain l.

  • À ma connaissance, je n'ai pas remarqué de véritable poésie dans la correspondance de Gustave Courbet. Il aimait faire de longues et belles phrases surtout en écrivant à Victor Hugo qu'il admirait.
    Mais je ne connais pas tous ses écrits...
    Bonne chance pour vos Rencontres au printemps.
    Belle journée.

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