JEAN FERRAT
La mort d'un poète est toujours une perte pour l'humanité.
Nous n'entendions plus assez cette voix chaude, ce timbre clair, cette musique lumineuse et ces textes tendres, provocateurs parfois. Jean Ferrat était un homme discret, pudique, engagé, retiré dans l'Ardèche depuis quarante ans, loin des paillettes du monde médiatique.
J'ai ressenti le besoin de réécouter des anciennes cassettes que je possédais. Je partage avec vous quelques bouts de refrains et phrases dont je dépose les mots en vrac :
Pour les enfants des temps nouveaux
Restera-t-il un chant d'oiseau
Ils s'appelaient Jean-Pierre Natacha ou Samuel
Certains priaient Jésus Jéhovah ou Vichnou
D'autres ne priaient pas mais qu'importe le ciel
Ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux
Je twisterais les mots s'il fallait les twister
Pour qu'un jour les enfants sachent qui vous étiez
Et c'était comme si tout recommençait
La vie l'espérance et la liberté
Avec le merveilleux le miraculeux voyage
De l'amour
Ma môme elle joue pas les starlettes
Elle met pas des lunettes de soleil
Elle pose pas pour des magazines
Elle travaille en usine
A Créteil
Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelle
Que l'automne vient d'arriver
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu'un cœur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement
Au grand soleil d'été
Qui court de la Provence
Des genets de Bretagne
Aux bruyères d'Ardèche
Quelque chose dans l'air a cette transparence
Et ce goût du bonheur qui rend ma lèvre sèche
Ma France
M'en voudrez-vous beaucoup
Si je vous dis un monde
Où celui qui a faim va être fusillé
Le crime se prépare et la mer est profonde
Que face aux révoltés montent les fusillés
C'est mon frère qu'on assassine
Potemkine
Enfin enfin je te retrouve
Toi qui n'avais jamais été
Qu'absente comme jeune louve
Ou l'eau dormant au fond des douves
S'échappant au soleil d'été
Tu peux m'ouvrir cent fois les bras
C'est toujours la première fois
Faut-il pleurer faut-il en rire
Fait-elle envie ou bien pitié
Je n'ai pas le cœur à le dire
On ne voit pas le temps passer
Aimer à perdre la raison
Aimer à n'en savoir que dire
A n'avoir que toi d'horizon
Et ne connaître de saison
Que par la douleur du partir
Aimer à perdre la raison
Tu aurais pu vivre encore un peu
Mon fidèle ami mon copain mon frère
Au lieu de partir seul en croisière
Et de nous laisser aux chiens galeux
Tu aurais pu vivre encore un peu
Au revoir Jean, nous ne t'oublierons pas