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Rechercher : un pastelliste heureux

  • Cadeau de Pâques

     

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    Vincent Van Gogh – Autoportrait au chevalet, 1887, Van Gogh Museum, Amsterdam

     

         C’est parti.

         Vincent Van Gogh, toujours aussi généreux, a le grand plaisir de vous annoncer qu’il vous offre son roman QUE LES BLÉS SONT BEAUX : L'ultime voyage de Vincent Van Gogh.

     

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         Il est téléchargeable GRATUITEMENT en format Ebook à compter de ce jour.

         J'ai cru un instant ce matin qu'Amazon avait oublié cette offre programmée par Vincent pour le 23 avril 00:00 heures. Finalement je m'aperçois qu'il s'agit de 00:00 heures PDT (Pacific Daylight Time) soit 09:00 heures en France.

         Il est donc, à l'instant, 00:00 heures PDT.  L'offre se terminera samedi prochain 27 avril à 23:59 PDT soit 09:00 en France.

         Je rappelle que le livre se lit facilement sur les tablettes, liseuses, ordinateurs et smartphones.

         Vincent serait heureux de partager son récit avec de nouveaux lecteurs.

         Un seul CLIC et le livre est chez vous :   ICI

     

     

  • Le sang des chaînes

     

     

    Une aide bien modeste...

    Je suis heureux de participer à faire connaître un blog dont le propriétaire vient de publier son premier recueil de nouvelles - Le sang des chaînes - le 17 août dernier.

    Je m'attarde parfois à lire ses nouvelles et descriptions de paysages qui expriment toujours une grande sensibilité.

    C'est de la belle écriture comme je l'aime.

    Le lien que je fais sur l'article qu'il a écrit le jour de la publication du livre vous permettra de faire connaissance :

    Pat de bigorre

     

                                                                                                                     Alain                           

     

  • Le VAN GOGH nouveau est arrivé

     

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        Mon roman « Que les blés sont beaux » est désormais disponible (cliquez sur l’image).

     

         Comme je l’ai signalé dans mon article précédent, il se présente en deux versions :

    • Version numérique format Kindle : 4,99 €
    • Version brochée, 250 pages : 16,50 €

        

        Je suis heureux de voir enfin tout le travail de nombreuses années se concrétiser définitivement sous la forme d’un livre.

         C’est notre récompense :

    • La mienne bien évidemment,
    • Celle de Vincent Van Gogh qui a bien voulu me conter sa vérité de ses deux derniers mois dans la petite commune d’Auvers-sur-Oise. Je pense qu’il aurait apprécié cette histoire qui est la sienne,
    • Celle d’enfants gravement malades que les bénéfices résultant de la vente de ce livre reversés à l’association Rêves aideront à s’évader de leur monde de douleur et à reprendre confiance en l’avenir.

     

         Certains d’entre vous ont déjà lu le roman plus ou moins partiellement et sous une autre forme - je pense à ceux qui me suivent depuis le début du blog comme Richard ou Fan, ou Quichottine plus récemment - finalement peu l’ont lu dans son intégralité.

         Pour ceux qui le feuillèteront en entier, j’accueillerais avec grand plaisir sur le site Amazon ou sur le blog (ou les deux), vos remarques et commentaires, positifs ou négatifs, résultant de ces lectures.

     

         Merci par avance et bonne lecture.

     

     

  • Vincent m'a parlé de Noël

     

    Mon ami Vincent Van Gogh a rencontré récemment la poétesse Parme Ceriset dans mon dernier article. Il est encore tout ému, lui le passionné de littérature, du plaisir ressenti en lisant ses poèmes. Avec elle, il partage des étoiles :

     

    FIRMAMENT

     

    « Allongée sous la voûte étoilée,

    Dans ma robe de satin noir,

    Je contemple la Voie lactée,

    Je hume les parfums du soir.

     

    Mes cheveux d’ébène bouclés

    Coulent comme une rivière sombre

    Dans l’herbe tout juste arrosée

    Par les gouttes nacrées de l’ombre.

     

    Au ciel je contemple la danse

    Des étoiles du firmament,

    S’aiment-elles comme les vivants ?

    Non, c’est bien sûr une évidence.

     

    Pourtant elles écrivent des rêves

    Inimitables dans le ciel,

    Elles impriment à l’encre de sève

    Quelques paroles éternelles…

     

    Et quand viennent « le temps et l’heure »,

    Quand la nuit remplace le jour,

    Les étoiles scintillent en cœur,

    C’est leur façon de faire l’amour. "

     

    Vincent m’a rappelé, j’avais oublié…, que Noël approche. Il m’a fait savoir de surtout penser à parler d’un livre qu’il aime bien : QUE LES BLÉS SONT BEAUX.

     

    Van gogh - champ de blés avec cyprés 1889 MET Fotor 4.jpg

     

    Il avait écrit ce roman à deux mains avec son auteur : il tenait à faire connaître qu’il avait été heureux durant son séjour de deux mois à Auvers-sur-Oise. Il fallait que la couverture du livre présente une de ses toiles préférées peinte dans la lumière de la Provence : un champ de blés avec un cyprès s'enfonçant dans le ciel.

    Tout le long de l’écriture du livre, il répétait souvent : « Il y a du bon de travailler pour les gens qui ne savent pas ce que c’est qu’un tableau ».

     « Surtout, dis-leur de penser à mettre mon livre au pied du sapin le 24 décembre prochain » a-t-il insisté. Il sait que les bénéfices du livre sont destinés aux enfants malades aidés par l'association RÊVES.

     

  • Des rêves à venir...

     

        Les Anthologies Éphémères ont reçu le diplôme ci-dessous pour la réalisation prochaine du très beau rêve de Marie Sibel : visiter Los Angeles et participer au tournage d'un film.

     

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         Par ailleurs, un événement majeur est intervenu le 16 octobre 2017 dans la vie de l'association "Rêves" : la demande de Reconnaissance d’Utilité Publique (RUP), travail de longue haleine de près de 3 ans, a été reconnue.

         Josiane Gonnot, Présidente et membre fondateur de l’association Rêves s’exprime : « Cette reconnaissance est un label conférant à l’association une légitimité particulière dans son domaine d’action, un gage de sérieux et aussi une meilleure visibilité quant à notre mission. Ainsi, Rêves rejoint les 2 000 associations qui ont reçues cette distinction.»

     

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        J’ai lu et admiré toutes les pages du livre "Voyage" composées de récits ou illustrations débordant des nombreux cœurs de ceux qui ont participé.

         QUICHOTTINE et Les Anthologies Ephémères a envoyé à l'Association Rêves le bénéfice rapporté déjà par la vente qui s'approche des 300 livres : environ 2500 €.

          Deux, peut-être trois, rêves d’enfants très malades seront réalisés.

        J’ai lu par hasard un commentaire écrit par une poétesse que j’apprécie et qui a participé au livre. Rien que pour l’enfant dont elle parle (et tous les autres), ce livre mérite d’exister :

    « L’association « rêve », je l’ai connue par une petite élève qui en a profité… elle avait 7 ans, une tumeur au cerveau… Elle est partie à la Réunion, le pays de vacances de sa maîtresse d’école…
    Malheureusement à 16 ans une récidive et elle est décédée…" 

     

        Et si, pour les étrennes qui approchent, vous offriez ce livre. Deux raisons essentielles :

    • Vous feriez des heureux dans votre famille ou amis
    • Vous apporteriez votre soutien à l’association en permettant de réaliser de nouveaux rêves.

     

         Il s’agit d’un élan de solidarité qui coûte peu mais rapporte beaucoup.

         Vous pouvez toujours commander sur le site  The BookEdition

     

         Merci.

     

     

  • Quichottine en Mère Noël

    Quichottine offre ses lectures de Noël en cadeau.

    J’ai eu la surprise de découvrir que mon dernier recueil de nouvelles CONTER LA PEINTURE en faisait partie. De plus, elle explique, mieux que je ne l’aurais fait, ma principale motivation dans la publication de ce recueil : Voir la peinture « autrement ».

    Si quelques lecteurs apprécient le talent insolite de Modigliani, la grâce de Vermeer, ou la poésie de Winslow Homer, mes récits auront modestement aidé à la connaissance de la beauté.

     

     

    Alain Yvars, Conter la peinture

     

    Ce livre ne pouvait que me plaire, moi qui aime tant lire les tableaux autrement qu’en historien de l’art.

     

    Couverture chez Amazon
    ISBN 9798611666593

     

     

    J’avais beaucoup aimé ma lecture précédente, vous vous en souvenez ?

    « Que les blés sont beaux » est un livre magnifique.

    J’écrivais alors, chez moi :

     

    “Si l’art m’était conté, j’aimerais que ce le soit comme chez lui…”

     

    Cette phrase tournait dans ma tête, ce matin. Et puis, je me suis demandé si l’on pouvait conter l’art, comme d’autres les fées, les dragons, les sorcières… ou les héros d’aujourd’hui, qui font souvent un peu peur tant ils semblent vrais.

     

    Je me le demandais… et Alain Yvars l’a fait.

    Conter la peinture assemble douze récits qui nous font entrer dans les toiles qu’il a choisies, à travers les reproductions des œuvres et des mots qui nous invitent à en suivre le moindre détail, mais sans aller trop vite ni s’ennuyer.

     

    [p.84_85]

     

    Un tableau ouvre chaque histoire, mais d’autres agrémentent souvent la suite du récit. Alain Yvars nous fait voyager, nous fait découvrir les sentiments que nous pourrions avoir en peignant… si nous avions le génie des peintres évoqués.

    Je n’aurais pas eu son talent, ses connaissances. Il donne vie à chaque peintre, à chaque époque.

    J’ai honte de dire que je ne me serais pas arrêtée sur certains tableaux si je ne l’avais pas lu.

    Vous savez bien que mes tableaux sont des coups de cœur, et que j’ai ma façon à moi de visiter les musées…

    Alain Yvars m’a donné envie de m’attarder davantage, même quand un tableau ne m’attire pas. Il y a toujours des secrets à découvrir.

    Il faudrait vraiment que les musées permettent aux visiteurs d’écouter les histoires imaginées à partir de chaque tableau exposé. Celles-ci sont un régal.

    Je crois que les avis de ses lecteurs sont unanimes, et je me joins à eux pour dire que son livre m’a énormément plu.

    Si vous vous interrogez sur l’auteur, que vous ne le connaissez pas, vous pouvez lire son portrait, sa page “auteur”, sur le blog de nos Anthologies.

    http://www.les-anthologies-ephemeres.fr/2017/09/alain-auteur.html

     

     

    Les peintres dont je parle dans ce recueil seraient heureux de voir que les bénéfices de ce livre sont intégralement reversés à l’Association Rêves aidant les enfants gravement malades.
    Un immense merci Quichottine.

     

     

  • QUE LES BLES SONT BEAUX - L'ultime voyage de Vincent Van Gogh

     

     

    Colis de Noël

     

      

    Extrait de l’« Introduction » du roman :

     

    « Auvers-sur-Oise…

         Au printemps de l’année 1890, l’itinéraire tourmenté du peintre mène ses pas dans ce petit village situé au nord de la région parisienne. Il revenait du Midi où il avait connu de longues périodes de souffrance et un séjour d’une année, à sa demande, dans l’hospice Saint-Paul-de-Mausole à Saint-Rémy-de-Provence. A Auvers, la prescription médicale du docteur Gachet qui le soigne est simple : « jetez-vous hardiment dans le travail, distrayez-vous, pensez à autre chose. »

        Vincent va suivre les préceptes du docteur à la lettre. Au sommet de son art, il peint dans une débauche d’énergie, parfois plus d’un tableau par jour. Nombre des toiles de cette période sont des chefs-d’œuvre.

        Plusieurs fois, je me suis rendu dans cette petite commune longeant les berges de l’Oise où la présence de l’artiste est encore perceptible. Je l’ai rencontré. Il est devenu un ami.

        Cette rencontre s’est transformée en un récit écrit par Vincent lui-même. Tour à tour joyeux, mélancolique, parfois sombre, il conte, au jour le jour, son ultime pérégrination de deux mois dans Auvers. Il nous fait partager ses goûts, ses désirs, sa curiosité, ses rencontres, décrit son activité quotidienne, explique sa peinture, et, surtout, exprime son amour de l’art qui le fait répéter souvent : « Il y a du bon de travailler pour les gens qui ne savent pas ce que c'est qu'un tableau ».

         Vincent Van Gogh, le solitaire, l'incompris, aurait aimé cette histoire qui est la sienne. »

     

         A l’approche de Noël, Vincent et moi sommes heureux de vous faire partager ce livre numérique commencé il y a une dizaine d’années. Il est librement consultable en cliquant sur sa couverture. Les fonctions interactives permettent d’adapter la vision la plus confortable pour chacun : par exemple, pour moi, le mode de lecture le plus agréable à l’écran me paraît être la « Vue défilante », en grossissant légèrement les caractères. Pour les personnes qui préfèrent utiliser des liseuses ou tablettes, je peux leur envoyer un fichier PDF ou DOC.

     

    Couverture QUE LES BLES SONT BEAUX 3.jpg

     

         Vincent m’a soufflé qu’il aimerait connaître les commentaires des lecteurs qui seront intéressés par son histoire afin que nous puissions leur retourner une réponse amicale personnalisée.

         Bonne lecture et JOYEUX NOEL à tous.

     

              Vincent             Alain

     

     

  • La face humaine de Vincent

     

         Comment un fou pourrait-il écrire les deux phrases ci-dessous ?

     

    « Mon pinceau va entre mes doigts comme serait un archet sur le violon et absolument pour mon plaisir. »

     

    « Hier j’étais au soleil couchant dans une bruyère pierreuse où croissent des chênes très petits et tordus, dans le fond une ruine sur la colline, et dans le vallon du blé. C’était romantique, on ne peut davantage, à la Monticelli, le soleil versait des rayons très jaunes sur les buissons et le terrain, absolument une pluie d’or.

    Et toutes les lignes étaient belles, l’ensemble d’une noblesse charmante. On n’aurait pas du tout été surpris de voir surgir soudainement des cavaliers et des dames revenant d’une chasse au faucon, ou d’entendre la voix d’un vieux troubadour Provençal. Les terrains semblaient violets, les lointains bleus. J’en ai rapporté une étude d’ailleurs, mais qui reste bien en dessous de ce que j’avais voulu faire. »

     

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    Vincent Van Gogh - Autoportrait, été 1887, Van Gogh Museum, Amsterdam

     

     

         Ni psychanalyste ni critique d’art, le professeur François-Bernard Michel dans son livre « La face humaine de Vincent Van Gogh » s’attaque à l’énigme Van Gogh. Pourquoi cet artiste universellement apprécié nous est le plus souvent présenté comme un être tourmenté, caractériel, malade, au bord de la folie. Pour cela le professeur va faire parler Vincent, utiliser sa correspondance pour réhabiliter l’image de l’artiste.

     

         J’ai beaucoup écrit sur Vincent Van Gogh. Ma passion pour ce peintre m’avait incité il y a deux ans à écrire un roman « Que les blés sont beaux » sur l’artiste. J’ai donc retrouvé avec plaisir dans l’excellent livre du professeur de nombreux extraits des courriers du peintre à son frère Théo, sa sœur Willemien ou à son ami le peintre Emile Bernard, sur lesquels j’avais travaillé. Le soir après sa journée de travail, il racontait son mal-être, sa mélancolie, ses doutes sur cette peinture que peu de personnes comprenaient.

         Personnellement, le livre ne m’a rien appris car la face humaine de Vincent Van Gogh je la connaissais si bien, depuis longtemps. Je savais qui était cet homme intelligent, sensible, cultivé, amoureux de la beauté.

     

         Au début de l’année 1888, l’auteur nous emmène en Provence sur les pas de l’artiste. C’est un long cheminement. Un parcours qui se terminera dramatiquement en région parisienne à Auvers-sur-Oise le 29 juillet 1890. Tout au long du livre la pensée de Vincent est finement décortiquée, analysée. Quelles sont les raisons qui ont pu mener cet homme si doué à une fin aussi tragique ? Pourquoi parlait-on de folie ?

     

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    Vincent Van gogh - Le peintre sur le chemin de son travail, 1888, Tableau brûlé pendant la seconde guerre mondiale

     

         À Arles, Vincent est heureux de retrouver le soleil du Midi après les grisailles de Paris où il habitait depuis deux ans chez Théo. Sa vision picturale : réinventer l’art « Je veux créer un art qui sera celui de l’avenir » et fonder un atelier du Midi avec ses amis peintres.

         La venue de Gauguin à la fin de l’année 1888, leur dispute, et c’est le drame. À partir de ce moment, Vincent sera durablement perturbé. Il se tranche le lobe d’une oreille et les crises commencent, douloureuses. Les médecins à Arles sont inquiet : on parle de schizophrénie, épilepsie. Les Arlésiens ont peur de cet étranger. Il est devenu fou dangereux, disent-ils.

          À la demande de l’artiste, il est interné dans un asile à Saint-Rémy-de-Provence où les crises vont continuer. Il peint des toiles exceptionnelles de beauté.

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    Vincent Van gogh - Paysage avec couple marchant et croissant de lune, 1890, Museum of Art, Sao Paulo, Brésil

     

        Cette période de souffrance met en lumière la pseudo-folie de l’artiste qui le poursuit depuis plusieurs années. Sur les conseils de son frère Théo qui l’a recommandé au docteur Gachet, Vincent part pour Auvers-sur-Oise. Dans cette charmante commune, durant tout le premier mois, il semble heureux. Gachet l’invite souvent chez lui et lui donne un remède d’une simplicité extrême : s’alimenter correctement, cesser de boire, beaucoup dormir, et, surtout, peindre, ce que Vincent s’empressera d’appliquer à la lettre. Il peint plus de 70 toiles en deux mois.

        Le spleen va finir par le rattraper : son frère a des problèmes financiers dont Vincent se sent responsable. À nouveau, il ressent une grande solitude artistique, sentimentale, et morale « Mon travail à moi, j’y risque ma vie et ma raison y a sombré à moitié ». Sa peinture n’intéresse personne. Invendable. Désespéré, il met fin à ses jours devant un champ de blé.

        

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    Vincent Van gogh - Paysage avec château d'Auvers au coucher de soleil, 1890, Van Gogh Museum, Amsterdam

     

         

         Le professeur François-Bernard Michel tente d’expliquer les raisons de ce naufrage. Les médecins qui se sont occupés de lui depuis Arles étaient des médiocres. Le dernier, à Auvers, le docteur Gachet, passionné de peinture, s’intéressera davantage au peintre qu’au malade et ne saura pas lui tendre la main : « Un médecin aussi malade et ahuri que moi ».

        Peintre de génie et écrivain de talent, Vincent était un hypersensible : « Les émotions qui me prennent devant la nature vont chez moi jusqu’à l’évanouissement ». Antonin Artaud considérait que Van Gogh était « Un homme que la société n’a pas voulu entendre. » Cet artiste qui fut souvent rejeté : Gauguin, les habitants d’Arles, Gachet, voulait tant être aimé « Nous avons besoin de gaîté et de bonheur, d’espérance et d’amour. Plus je me fais laid, vieux, méchant, malade, pauvre, plus je veux me venger en faisant de la couleur brillante, bien arrangée, resplendissante. »

     

    peinture,van gogh     La peinture de Vincent à Auvers exprime sa mélancolie profonde : « J’ai fait le portrait du docteur Gachet avec une expression de mélancolie ». « La mélancolie me prend fort souvent avec une grande force, (…) et faire de la peinture qui nous coûte tant et ne rapporte rien, même pas le prix de revient, me semble comme une folie, une chose tout à fait contre la raison. Alors je me sens tout triste. »

     

     

     

     

    Vincent Van gogh - Portrait du docteur Gachet, 1890, collection particulière

     

        L’un de ses derniers paysages « Champ de blé aux corbeaux » a un aspect hallucinant.

     

         Le professeur révèle la véritable image de Vincent, diagnostique sa maladie : la mélancolie. Vincent Van Gogh nous apparaît tel qu’il était : généreux, sensible, vivant pour son art.

    « Je peux bien dans la vie et dans la peinture aussi me passer de bon Dieu, mais je ne puis pas, moi souffrant, me passer de quelque chose plus grand que moi, qui est ma vie, la puissance de créer. »

     

      

  • Gustave Courbet, le maître d'Ornans : 14. Avril 1871/oct. 1871 La Commune de Paris

     

    CORRESPONDANCE - EXTRAITS CHOISIS

     

     

         « Et maintenant, mon cher Castagnary, je prends congé de vous en vous exprimant, tant en mon nom qu’en celui de quelques amis proscrits comme moi, le désir que notre malheureux pays sorte bientôt de la crise terrible qu’il traverse. »

     

    Gustave Courbet

    Dernière lettre à son ami, datée du 12 décembre 1877

     

     

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    Léonce Schérer – Caricature montrant Gustave Courbet cassant des pierres. Le tableau qui le fit connaître à ses débuts était "Les casseurs de pierre", août 1871

     

     

           La toute récente Commune de Paris s’oppose au gouvernement issu de l’Assemblée nationale qui vient d’être élue. Elle se veut un gouvernement du peuple par le peuple. Karl Marx se rallie à elle et écrit : « C’était la première révolution dans laquelle la classe ouvrière était ouvertement reconnue comme la seule qui fût encore capable d’initiative sociale. »

         De sont côté, dans une communication du gouvernement de Versailles adressée aux préfets, M. Thiers annonce que la lutte contre Paris sera poursuivie avec autant d’énergie, et sans s’arrêter aux sacrifices. Il déclenche, le 11 avril, l’offensive versaillaise.

         Le 16 avril 1871, Courbet est élu député à la Commune de Paris et devient délégué du 6e arrondissement. 

     

     

     

    Lettre à ses parents – Charenton, le 30 avril 1871

     

     

    Me voici par le Peuple de Paris introduit dans les affaires politiques jusqu’au cou. Président de la Fédération des artistes, membre de la Commune, délégué à la mairie, délégué à l’instruction publique : quatre fonctions les plus importantes de Paris. Je me lève, je déjeune, et je siège et préside 12 h par jour. Je commence à avoir la tête comme une pomme cuite. Malgré tout ce tourment de tête et de compréhension d’affaires sociales auxquelles je n’étais pas habitué, je suis dans l’enchantement. Paris est un vrai paradis ! Point de police, point de sottise, point d’exaction d’aucune façon, point de dispute. Paris va tout seul comme sur des roulettes. Il faudrait pouvoir rester toujours comme cela. En un mot, c’est un vrai ravissement. Tous les corps d’état se sont établis en fédération et s’appartiennent. C’est moi qui ai donné le modèle avec les artistes de toutes sortes (La fédération des artistes a été fondée à l’initiative de Courbet). Les curés aussi sont à leurs pièces comme les autres, ainsi que les ouvriers, etc., les notaires et les huissiers appartiennent à la Commune et sont payés par elle, comme les receveurs de l’enregistrement. Quant aux curés, s’ils veulent exercer à Paris (quoiqu’on n’y tienne pas), on leur louera des églises.

    Dans nos moments de loisir, nous combattons les saligauds de Versailles, chacun y va à son tour. Ils pourraient lutter dix ans comme ils le font sans pouvoir entrer chez nous, et quand nous les laisserons entrer, ce sera leur tombeau. (Courbet voulait-il rassurer sa famille, car la Commune subit des pertes sérieuses ?)

    […]

    Paris a renoncé à être la capitale de la France. La France ne voulait plus que Paris lui envoie ses préfets. La France doit être contente, elle est exaucée. […] Aujourd’hui Paris s’appartient. Il veut que la liberté (et il n’y a pas à y revenir) soit consacrée sur la terre. […]

    Je ne sais maintenant, mers chers parents, quand j’aurai le plaisir de vous revoir. Je suis obligé de faire énergiquement tout ce travail qui m’est confié, et pour lequel j’ai eu tant de propension pendant toute ma vie, moi qui était décentralisé, en ce sens que j’étais retranché dans mon individualité pendant toute mon existence. Pour être dans le sens de la Commune de Paris, je n’ai pas besoin de réfléchir, je n’ai qu’à agir naturellement.

     

     

     

          A Paris, la troupe souffre et les officiers manquent d'expérience. Les combats font rage dans la banlieue parisienne. Durant les quinze derniers jours de mai 1871, les événements vont s'enchainer rapidement :          

         Le 16 mai, sur ordre du Comité de salut public, la Colonne Vendôme est jetée à bas par les communards. Courbet y aurait assisté.

       Le 21 mai, après un accord avec Bismarck, les troupes versaillaises de Mac-Mahon entre dans la Commune. Durant une semaine sanglante, le massacre des communards par les troupes versaillaises est impitoyable. La Commune est vaincue. La répression et les exécutions sommaires durent jusqu’au 29 mai.

       Depuis le 23 mai, Courbet demeurait chez un fabricant d’instruments de musique A. Lecomte, 12 rue Saint-Gilles, près de la Bastille. Il sera arrêté le 7 juin.

     

     

     

    Lettre à Jules Castagnary – Paris, le 8 juin 1871

      

    J’ai été arrêté cette nuit à 11 h. On m’a conduit au ministère des Affaires étrangères, puis on m’a ramené au dépôt à minuit. J’ai couché dans un couloir empilé avec des prisonniers, et maintenant je suis dans une cellule, n° 24 (À la Conciergerie). Je pense être conduit à Versailles bientôt.

    Si vous pouviez venir me voir, je serais très heureux de vous parler un peu.

    Ma situation n’est pas gaie. Voilà où mène le cœur.

     

     

        Afin de se justifier, et de se sauver d’éventuelles condamnations, essentiellement pour son rôle joué dans le renversement de la colonne Vendôme, l’artiste envoie plusieurs lettres de styles très proches à différentes relations afin de tenter de les mobiliser en sa faveur. L’extrait de la lettre au ministre de l’instruction publique, ci-dessous, est l’une d’entre elles :

     

     

    Lettre à Jules Simon – Versailles, le 23 juin 1871

     

    À Monsieur le ministre J. Simon.

    Mes intentions à propos de la colonne Vendôme

     

    Comme je l’ai déjà dit, c’est influencé par le vœu populaire qui attribuait au monument commémoratif de nos succès guerriers cette seconde invasion (la première invasion est celle des alliés, après Waterloo en 1815), et aux guerres qu’elle éternisait, tous les désastres de la France ; et c’est après en avoir référé aux artistes dans une assemblée générale où il fut décidé que les idées de ce temps et la morale actuelle répudiaient les guerres et les victoires de ce genre ; d’autre part, que ce monument était une affreuse copie de la colonne Trajane (colonne érigée à Rome pour commémorer les victoires de l'empereur Trajan) et sans valeur d’art qui lui appartienne, que j’adressai au gouvernement, dit de la Défense nationale, la proposition par laquelle j’émettais le vœu que cette colonne soit déboulonnée et transportée pour être disposée en musée dans la cour des Invalides. La Chambre ne donna pas cours à cette proposition. Là finit mon action vis-à-vis de cette colonne, il n’en fut plus reparlé, je n’y tenais pas davantage.

     […]

    Lorsque plus tard la Commune se décida à mettre son décret en exécution, le marché fut passé, à mon insu, par le comité exécutif, mais lorsque j’appris qu’on la faisait tomber en bloc, je m’y opposais à la Chambre et je fis même une démarche chez l’entrepreneur pour l’en détourner ; qui me répondit qu’il n’avait rien à faire à moi ; qu’il exécuterait son marché. – Mon idée était toujours de la faire transporter aux Invalides sans rien briser pour qu’il soit loisible à la population de la relever au milieu de l’esplanade des Invalides, sa vraie place, parages consacrés dans Paris aux arts et aux monuments de ce genre.

    […]

    Non, je ne mérite ni tant d’honneur ni tant d’indignité, […] et je décline ma compétence dans la chute de cette colonne, car je ne tiens qu’à l’honneur et la célébrité que peut me rapporter mon art.

    En proposant le déplacement de ce symbole, ce n’était pas pour l’abolir, c’était au contraire pour lui en opposer un autre (que j’ai exprimé dans ma lettre aux Allemands) (lettre montrée dans le chapitre précédent). Je proposais de le remplacer par le dernier canon acculé sur un piédestal sur trois boulets, gueule en l’air, surmonté d’un bonnet phrygien, signe de l’alliance des peuples, et la déesse de la Liberté entourant ce canon de guirlandes de fleurs. Là je devenais classique, voilà ce que c’est que la politique. - Mais non, laissons ces emblèmes, car je préférerais encore que cette rue se nomme rue de la Paix dans toute sa longueur et qu’au milieu de la place de la Paix se trouve une corbeille de fleurs avec de l’eau et au milieu une grue colossale dormant sur une patte. Ça représenterait la placidité de la nature.

    Chaque citoyen a le droit d’émettre son idée sur les monuments avec lesquels il habite ; il ne s’ensuit pas qu’on doive les suivre. – Par exemple, Victor Hugo est républicain, socialiste ; et pourtant deux fois il éprouva le besoin de faire des vers sur cette colonne. Je suis républicain, socialiste, je pense autrement.

    […] Je suis d’avis qu’on respecte toutes les idées et que chacun en prenne ce qu’il veut. Je crois que c’est la liberté.

    Depuis mon jeune âge, je suis l’ennemi juré de la guerre (pour ce qu’elle me rapporte, je crois que j’ai raison). Je suis aussi l’ennemi juré de la peine de mort sous quelque forme que ce soit. Je ne puis empêcher ces choses, mais j’ai le droit de les blâmer.

    Recevez, Monsieur le ministre, toutes mes salutations.

    Gustave Courbet

      

     

    Lettre à Auguste Bachelin – Paris, prison de Mazas, mi-juillet 1871

     

    Vous me parlez de peinture, de poésie. Hélas, c’est bien loin de moi, je ne me rappelle plus avoir été peintre. Adieu la mer et les grands ciels. Du reste, j’ai tout perdu. Les Prussiens m’ont dévalisé mon atelier à Ornans. Le gouvernement du 4 septembre m’a converti mon bâtiment d’exposition en barricades poursuivies par les bombes. J’ai abîmé tous mes tableaux à force de déménagements, puis ils ont pourri en dernier dans des caves. Moi je suis en prison, ma mère est morte, ma famille dans la désolation, ainsi que mes amis, et mon avenir est à refaire.

    Malheur aux gens de cœur !

     

         Le 30 août, Courbet est condamné à 6 mois de prison. Le 22 septembre, il est transféré à la prison parisienne de Sainte-Pélagie.

     

     

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    Gustave Courbet – Portrait de l’artiste à Sainte-Pélagie, 1872, musée Courbet, Ornans

     

     

    Lettre à son amie Lydie Joliclerc – Paris, prison de Sainte-Pélagie, vers début octobre 1871

     

    Ma chère Lydie

    Ma chère brave amie, dites à Joliclerc que je vous aime tous les deux et que je pense à vous souvent. Qu’on est heureux quand on reçoit des bonnes lettres comme la vôtre, des lettres qui partent du cœur et qui vous arrivent de votre pays.

    Qu’on est heureux quand on est dans les fers – « dans les fers », c’est le mot, car nous sommes bouclés tous les soirs sous des verrous qui sont comme le bras, après avoir passé la journée avec des voleurs et des assassins – qu’on est heureux, dis-je, de pouvoir penser que malgré les persécutions il vous reste des amis qui ne se laissent pas influencer par les menées criminelles de ces faux gouverneurs qui cherchent éternellement à étouffer la liberté.

    Dans ces moments de solitude terrible entre la vie et la mort (car vous ne pourrez jamais imaginer ce que nous avons souffert), on se reporte involontairement à son jeune âge, à ses parents, à ses amis. J’ai parcouru surtout tous les endroits que je parcourais enfant avec ma pauvre mère (que je ne reverrai plus, chagrin profond et unique, de tous les revers qui m’ont accablé depuis vous). […] C’est singulier, dans ces moments suprêmes on pense aux choses les plus naïves. La moindre des choses vous touche. Dans mon malheur j’ai eu un bonheur sans égal. Dans cet ahurissement général et barbare, bien des fois, chers amis, j’ai échappé à une mort certaine, mais je sentais que mon heure n’était pas venue.

  • Camille Pissarro, confidences

     

    J’ai commencé à comprendre mes sensations vers les quarante ans

     

     

         En 1890, Camille Pissarro a déjà 60 ans. Il est l’aîné du groupe des peintres impressionnistes dont les membres se sont beaucoup éparpillés depuis la première exposition de 1874. Renoir et Monet commencent à atteindre une certaine notoriété. Théo Van Gogh, qui dirige la succursale parisienne de Boussod-Valadon, vend des toiles de Pissarro. Séduit par la technique divisionniste de Georges Seurat, celui-ci a adopté le style des néo-impressionnistes, ce qui déplait à Claude Monet qui va l’inciter à revenir à la touche impressionniste de ses débuts.

     

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    Camille Pissarro - Le bain de pied, 1895, Art Institute of Chicago

     

     

         Camille Pissarro écrit régulièrement de longues lettres affectueuses ponctuées de conseils sur la peinture et l’harmonie des couleurs à ses fils Lucien et Georges ainsi qu’à sa nièce Esther résidant à Londres. Je publie deux extraits de ces lettres dans lesquelles nous pouvons apprécier le ton direct, spontané et coloré de l’artiste.

     

     

    Lettre à Georges Pissarro (fils du peintre) – Eragny par Gisors, Eure, le 31 janvier 1890

     

    Mon cher Georges

    […] Comment veux-tu donc faire de l’harmonie si ce n’est avec des tons francs et séparés, où diable puises-tu ce sens nouveau ? Il est évident que si tu étales dans un dessin du vert Véronèse pur sous prétexte de faire de l’herbe, tu ne fais pas l’harmonie ; non plus si tu mélanges ce vert avec du rouge. Séparés, cela devient conforme à la nature et s’accorde. Les tons sales doivent être absolument bannis de nos combinaisons ; regarde les orientaux s’ils ne séparent pas les tons ; je comprends que l’on aime les tons sourds, mais à une condition, c’est que les éléments ne soient pas mélangés, tu le sais bien !...

    D’un côté, on peut aimer les harmonies éclatantes, c’est une affaire de goût personnel. C’est absolument faux que l’orangé sur le bleu soit criard, dis-donc que c’est éclatant, à la bonne heure ! C’est comme un coup de trompette dans un orchestre, tu diras à cela que c’est du bruit, ah ! parbleu, c’est ce que l’on disait de Wagner. Il ne faut pas avoir de préjugé et voir clairement ce que l’on veut, sans cela on se fiche dedans carrément. Aves ces idées, tu dois penser si les peintres impressionnistes doivent avoir du mal à faire comprendre ce que c’est que l’harmonie qui ne se compose que de contrastes, sans cela c’est de l’UNISSON, c’est comme si l’on jouait tout avec la même note.

    Je suis étonné d’être obligé de te dire ces choses que tu ne devrais jamais oublier !... Encore une chose, le bleu que tu signales n’est beau que parce qu’il y a de l’orangé à côté, le bleu par lui-même est laid, c’est de la toile à culotte, c’est justement le contraste qui rend cette couverture harmonique, diable ! diable !!!

     

     

    Lettre à Esther Isaacson (nièce du peintre) – Eragny par Gisors, Eure, le 5 mai 1890

     

    Ma chère Esther

    […] Georges à tort de dire qu’une chose est mauvaise parce qu’il ne la sent pas, (fais attention que je n’emploie pas comme toi le mot comprendre), il y a un abîme pour un artiste entre sentir et comprendre. L’art en effet est l’expression de la pensée, mais aussi de la sensation, surtout de la sensation, que tu mets toujours au deuxième plan et que tu oublies même. A présent, dans ta deuxième proposition « chaque artiste doit s’exprimer à sa manière », oui, s’il a des sensations et que ces sensations si fugitives, si délicates, ne sont pas troublées par une circonstance quelconque.

    […] Tu sais que cette question de l’éducation est tout ce qu’il y a de plus compliqué ; on ne peut poser des maximes, chaque personnalité ayant des sensations différentes. Dans toutes les écoles on apprend à faire de l’art, c’est une vaste erreur, on apprend à exécuter, mais faire de l’art, jamais !...

    J’ai commencé à comprendre mes sensations, à savoir ce que je voulais, vers les quarante ans, sans pouvoir la rendre ; à cinquante ans, c’est en 1880, je formule l’idée d’unité, sans pouvoir la rendre ; à soixante ans, je commence à voir la possibilité de rendre. Eh bien, crois-tu que cela s’apprend ?

     

     

         En 1868, Emile Zola est un jeune critique. Dans son Salon, il fait des commentaires magnifiques à un peintre sans succès à cette période. Je montre quelques extraits du texte de l’écrivain :

     

    Emile Zola – « Mon Salon, Les naturalistes 19 mai 1868 »

     

    « Il y a neuf ans que Camille Pissarro expose, neuf ans qu’il montre à la critique et au public des toiles fortes et convaincues, sans que la critique ni le public aient daigné les apercevoir. Quelques salonniers ont bien voulu le citer dans une liste, comme ils citent tout le monde ; mais aucun d’eux n’a paru encore se douter qu’il y avait là un des talents les plus profonds et les plus graves de l’époque.

    […]

    Au milieu des toiles pomponnées, les toiles de Camille Pissarro paraissent d’une nudité désolante. Pour les yeux inintelligents de la foule, habitués au clinquant des tableaux voisins, elles sont ternes, grises, mal léchées, grossières et rudes. L’artiste n’a de soucis que de vérité, que de conscience ; il se place devant un pan de nature, se donnant pour tâche d’interpréter les horizons dans leur largeur sévère, sans chercher à y mettre le moindre régal de son invention ; il n’est ni poète ni philosophe, mais simplement naturaliste, faiseur de cieux et de terrains. Rêvez si vous voulez, voilà ce qu’il a vu.

    […]

    Il suffit de jeter un coup d’œil sur de pareilles œuvres pour comprendre qu’il y a un homme en elles, une personnalité droite et vigoureuse, incapable de mensonge, faisant de l’art une vérité pure et éternelle. Jamais cette main ne consentira à attifer comme une fille la rude nature, jamais elle ne s’oubliera dans les gentillesses écoeurantes des peintres-poètes.

    […]

    Camille Pissarro est un des trois ou quatre peintres de ce temps. Il possède la solidité et la largeur de touche, il peint grassement, suivant les traditions, comme les maîtres. J’ai rarement rencontré une science plus profonde. Un beau tableau de cet artiste est un acte d’honnête homme. Je ne saurais mieux définir son talent. »

     

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    Camille Pissarro - Boulevard Montmartre, effet de nuit, 1897, National Gallery, Londres

     

     

         De 1901 à 1903, l’année de sa mort un an après Emile Zola, il peint plusieurs superbes vues de ce Louvre qu’il aimait fréquenter. 

     

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    Camille Pissarro - La Seine et le Louvre, 1903, musée d’Orsay, Paris

     

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    Camille Pissarro - Le Pont Royal et le Pavillon de Flore, 1903, Petit Palais, Paris

     

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    Camille Pissarro - Le Louvre, le printemps, 1901, Musée d’Art Moderne et Contemporain, Liège

     

     

         Après la mort de Camille Pissarro, Octave Mirbeau décrira son ami : « Un travailleur infatigable et pacifique, un chercheur éternel du mieux, un large esprit ouvert à toutes les idées d’affranchissement, un homme d’exquise bonté, et, je puis le dire, en dépit des difficultés qui accompagnèrent sa vie, un homme heureux… Il fut heureux simplement parce que, durant les 73 années qu’il vécut, il eut une noble et forte passion : le travail. »

     

    « Je n’hésiterais pas, s’il fallait recommencer, à suivre la même voie. »

     

     

  • Tout est pardonné

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         Introuvable ! Le journal Charlie Hebdo, menacé de fermeture début janvier, venait de tirer à plusieurs millions d’exemplaires distribués dans le monde entier, et j’avais été incapable de m’en procurer un.

         Heureusement, on me l’a prêté. Je viens de le lire. C’était la première fois…

         Je pose le journal sur mon bureau et examine le dessin de Luz qui fait la une de l’hebdomadaire. Les yeux globuleux du personnage habillé en Mahomet me fixaient étrangement…

         Le journal à peine sorti, les médias parlaient déjà de manifestations, de morts, d’églises brûlées. Le dessin représentant cet homme qui continuait à me fixer tristement étaient la cause de ces violences. Je ne comprenais pas…

         Dimanche dernier, j’avais été surpris, heureux, ému de voir des millions de personnes en France et à l’étranger, de toutes appartenances politiques, de toutes confessions, anonymes, responsables politiques, intellectuels, dignitaires religieux, tous ces français que l’on disait crispés, pessimistes, doutant de tout, descendre dans la rue pour une marche républicaine en proclamant : Je suis Charlie…

         Aujourd’hui, dans ce blog habituellement consacré à ma passion pour la peinture, je cherche les raisons qui m’incitent à parler d’un dessin, un simple dessin que l’on nomme « caricature ». Comment pouvait-on tuer des hommes et femmes pour un dessin, pensai-je ?

         Ce dessin est devant moi. Je l’examine attentivement pour tenter de comprendre…

         Je la trouve touchante cette image de pardon : le prophète Mahomet pleure sur l’écriteau « Je suis Charlie » qu’il tend, comme les milliers de personnes dans la rue dimanche. Je ne voyais pas où se trouvait l’insulte, la provocation dont certains parlaient ? Le prophète de l’islam ne pourrait-il être représenté, dessiné ? Ce chef religieux serait donc l’incarnation d’un dieu omnipotent s’offusquant devant des moqueries ou rires ? Je ne pouvais le croire…

         Le papier de la première page sur fond vert me renvoyait l’apparence d’un homme, simple être humain, malheureux… Il partageait la peine des membres de la rédaction du journal : « les survivants ». Avec eux, il pleurait ces journalistes que la folie meurtrière d’intégristes religieux fanatiques avait assassinés. Il le savait bien, lui, Mahomet, que ces journalistes  crayonnaient uniquement par plaisir et pour leur idéal de liberté d’expression en utilisant l’humour. Je suis persuadé qu’il devait être furieux de voir que des terroristes haineux se revendiquant de sa religion semaient la terreur dans le monde…

         Le prophète ne me quittait pas du regard, compatissant.

         Je repensais au tableau d’Eugène Delacroix « La liberté guidant le peuple » montrant le soulèvement parisien de juillet 1830, et ce Gavroche, fier, au premier rang, marchant vers la mort à la seule évocation du mot « liberté ». Dans notre histoire, combien d’hommes et de femmes étaient tombés au nom de la démocratie et, toujours, pour cette liberté ? Je me souvenais qu’étant adolescent une question me taraudait constamment : pourquoi les grandes religions qui revendiquaient la paix et la tolérance dans leur culte avaient pu engendrer tant de violences à travers les siècles ? Et cela continuait encore aujourd’hui… 

     

         Tu es perturbé mon ami, pensai-je ?… Sans soute l’émotion devant les événements de cette semaine agitée ? Il venait de se passer quelque chose d’important dont je ne mesurais pas encore bien l’ampleur. Une évidence s’immisçait en moi : Il y aurait désormais un avant et un après Charlie.

         Dans quel sens irait l’histoire maintenant ? Les hommes pourraient-ils un jour parler, penser, s’exprimer librement partout dans le monde ? Liberté, égalité, fraternité, les idéaux de 1789…

         Il ne faudrait surtout pas que Cabu, Charb, Wolinski, Tignous, et tous les autres, soient morts pour rien…

     

     

     

  • La puce

     

     

     la tour - la femme à la puce - musée nancy.jpg

    Georges de la Tour – La femme à la puce, Musée historique lorrain, Nancy

     

       

     

    Poème

     

      Une jeune puce insouciante

     Escaladait nonchalante

     La manche tricotée

     D’un vieil homme attablé.

      

    Celui-ci, brusquement, leva son verre

     Dans une attitude familière,

     Bousculant la bestiole volage

     Qui plongea dans l’épais lainage.

      

    Le calme revenu aux alentours

     Et profitant d’un contre-jour,

     La puce se remit à sauter

     Sous l’œil surpris du bonhomme amusé.

      

    Etonné par son allure peu farouche

     Il l’examinait d’un œil louche,

     Evitant de trop bouger

     Ne voulant pas la déranger.

     

    L'animal s’aventura jusqu’à la main

     Qu’il escalada d’un bond opportun,

     Atterrissant sur le pouce

     Qui frémit sans aucune secousse.

      

    Le vieillard solitaire, en manque de tendresse,

     De la puce appréciait la joliesse,

     Admirait sa grâce coquine

     Et son allure mutine.

      

    Il s’apitoyait devant sa petitesse,

     Son apparente faiblesse,

     Pouvait-elle devenir son amie

     Pensait-il attendri ?

      

    La puce sautillait sur la peau accueillante,

     Souple et attirante.

     L’homme séduit, ravi,

     Etait heureux, déjà conquis.

        

    La puce prenait ses aises,

     Un petit doigt lui servit de trapèze,

     Elle s’élança vers l’annulaire

     D’une savante pirouette dans les airs.

     

    Le bonhomme voulu dans un élan de tendresse

     Lui donner une simple caresse.

     Il approcha doucement l’autre main

     Dans un geste incertain.

     

    Du vieillard, le discret mouvement furtif

     effraya l’insecte craintif.

      La puce hésita à piquer

     Et d’un saut s’enfuit apeurée.

      

    Accablé par sa maladresse,

     Le vieil homme, en grande détresse,

     contempla sa main désertée

     Par son amie soudainement envolée.

     

    Effondré, il saisit la bouteille familière,

     Sans hésiter approcha son verre,

     L’emplit du liquide carmin

     Et dans l’alcool noya son chagrin.

     

     

                                                                                               Alain